♀ CHAPITRE 46 ♀

15K 1.8K 78
                                    

J'étais assise dans le lit d'Alex, l'ordinateur me chauffant les cuisses, le regard dans le vide. Je me sentais tout à coup un peu bête. J'avais sûrement vexé Adam avec mes réflexions débiles. De toute façon il s'en remettrait sûrement, c'était Adam après tout.


Comme j'avais un peu le moral dans les chaussettes, je décidai de me préparer un petit chocolat chaud. Et comme c'était mon jour de congé, je voulais en profiter au maximum. J'attrapai la tablette tactile qu'Alex avait laissée à ma disposition. Sur le menu de la tablette, j'apercevais tout un tas d'application que j'utilisais avant l'arrivée du virus. Cela me rappela ma vie d'avant, et je devins quelque peu mélancolique. Je cliquais sur une des applications, qui servait à poster de cours messages. Alex était encore connecté, et je fis défiler le fil d'actualité. Quelque chose clochait. J'allais voir dans la liste des messages les plus populaires. J'avais vu juste, c'était bien mon prénom qui apparaissait de partout. En troisième position du classement des messages les plus diffusés, je pouvais clairement lire « #NoaSauveNous ». Qu'est-ce que cela voulait dire ? Tous les messages que je voyais comportaient ce Hashtag ! Les garçons n'avaient quand même pas lancé la vidéo ?

Finalement, une phrase postée par « Survivante26 » me confirma mes peurs :

« Je viendrais devant Haeven moi aussi, vive les femmes #NoaSauveNous #HeavenDégage »

C'était une catastrophe. La vidéo avait été postée, et je n'étais absolument pas prête à ça ! J'allumai l'ordinateur et me rendis sur le réseau social où tout le monde pouvait poster des vidéos. Je tapai dans la barre de recherches des mots-clés, correspondant au thème de la vidéo que nous avions tourné. Et je la trouvai enfin. Prise de panique, je lâchais ma tasse de cacao, qui se brisa au sol, rependant le liquide chaud sur le lino. La vidéo avait déjà plus de trois-cent-une vues, alors qu'elle avait été postée vingt minutes plus tôt !

Je me dépêchai de courir dans le salon pour récupérer un sac à dos. J'y enfournai des habits d'Heaven, des sous-vêtements, sans vraiment savoir ce que je fourrais là-dedans au final. Je suffoquais, j'avais des bouffées de chaleur. Combien de temps avant que Robert, le PDG d'Heaven, se rende compte que j'étais ici ? Combien de temps avant qu'il envoie des gardes pour me tuer, comme il l'avait fait pour Nathalia ?

Quelqu'un entra dans la pièce, et je sursautai, au bord de la crise cardiaque. C'était Alex, le visage blême.

— Noa, ton ami m'a contacté ! La fille qui était avec eux a lancé la vidéo ! Ils vont procéder au Black-out, il faut aller chercher Elisa et Chloé !

— Oui, vite ! Suffoquai-je.

J'étais toujours en pyjama, mais cela m'importait peu. Alex et moi courrions dans les couloirs, pour aller chercher les deux enfants qui nous étaient chers. Que ferions-nous si nous croisions quelqu'un ? Pas le temps d'y penser. Je n'étais focalisé que sur une seule chose : récupérer Elisa.

Nous courions comme des fous, arrivant enfin devant le dortoir des petites. Malheureusement, leur monitrice était ici. Elle n'avait sûrement pas vu la vidéo, nous avions peut-être une chance. Tout en reprenant notre souffle nous nous expliquâmes.

— Bonjour, nous venons pour l'examen de contrôle des enfants, menti Alex.

— Ah bon ? Dit-elle douteuse. C'est bizarre parce qu'elles en ont déjà passé un tout à l'heure, qu'est-ce que vous leur voulez ?!

Elle se posta devant les petites filles, les bras à l'horizontale.

— Ecoutez, on a pas le temps de vous expliquer, répliquai-je. On doit récupérer deux de ces filles, c'est tout.

— Je ne peux pas vous laisser les emmener, désolé, je vais appeler la sécurité.

— Non ! Grogna Alex. Nous sommes sur le point de sauver l'humanité, j'ai trouvé un antidote !

La femme paru très surprise, mais redevînt ensuite sérieuse.

— Ne vous fichez pas de moi, j'appelle la sécurité !

— Non ! Criai-je.

Alex la poussa au sol, envoyant valser le portable de cette pauvre femme sous les lits du dortoir. Il se rua vers les petites filles qui étaient toutes paniquées, et en attrapa une à la crinière de feu. C'était indéniablement sa fille. J'attrapais Elisa qui semblait bien calme pour la situation. Et sans nous faire prier, nous sortîmes de la pièce.

Nous courions chacun avec une petite dans les bras. Je suivais Alex, qui me guidait dans les couloirs. D'un coup, il se stoppa et entra dans une petite pièce adjacente. Nous étions plongés dans le noir et je l'entendis me faire chut. Des personnes qui couraient passèrent devant la porte, ignorant notre présence. Puis, une alarme retentit, faisant se crisper Elisa dans mes bras. Elle s'agrippait de toutes ses forces à mon cou.

« Mesdames et Messieurs, veuillez rester calmes. Deux individus dangereux ont enlevé deux jeunes filles âgées de moins de huit ans. Nous ne connaissons pas leurs intentions et ils sont peut-être armés. Je vous prierai de les signaler immédiatement si vous les croisez, merci de ne rien tenter de dangereux. »

Tout le bâtiment était à présent à nos trousses. Je transpirais à grosses goûtes. Mais Alex semblait maîtriser la situation, il m'intima de le suivre rapidement. Nous allions de salles en salles : évitant de justesse de se faire prendre à chaque fois. Nous entrâmes dans une énième pièce. Celle-ci possédait une grande fenêtre qui s'étendait sur tout un pan du mur. Alex s'approcha du rebord de la fenêtre, interpelé par des éclats de voix.

— Oh mon dieu Noa, viens voir ça.

Je m'approchai de l'épaisse vitre. Le spectacle qui se déroulait en contrebas était surréaliste. Une petite foule de personne avec des pancartes s'était agglutinée devant le portail de l'entrée. Ils se jetaient sur les barreaux, hurlant toutes sorte d'insultes, que nous parvenions à entendre tellement les cris étaient fort. Les gens arrivaient de tous les côtés. Adam avait eu raison, la vidéo avait été une bombe. Parmi la foule, je distinguais des visages de femmes. Moi qui croyais être une des dernières filles dans les rues. Mais non, des femmes s'étaient cachées comme moi...

— Qu'est-ce qui se passe ? J'ai peur ! Demanda enfin Chloé.

— Noa, c'est une espionne qui va nous emmener dehors, lui répondit Elisa.

— Les enfants, il va falloir être sage d'accord ? Leur demanda Alex. Ça va être un peu dangereux maintenant.

Sur ces mots, nous nous dirigeâmes vers la porte, et nous la franchîmes genoux pliés, sur nos gardes. Les néons du couloir grésillèrent et tout devins noir tout à coup. Des grosses lumières rouges de sécurité s'allumèrent alors.

Le black-out.

C'était maintenant que notre évasion commençait.

HEAVENWhere stories live. Discover now