♀ CHAPITRE 21 ♀

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Au réveil, la douleur était toujours présente. Maxime avait quitté le lit, me laissant seule dans la chambre. La lumière du jour passait au travers des vollets de bois, baignant la pièce d'une lumière douce. Je me relevais péniblement, ce qui me déclancha une toux sèche. Par chance, pour une fois je ne crachais pas de sang. Mais mon état ne s'était pas amélioré pour autant. Je souffrais toujours de mes courbatures, j'avais froid et chaud en même temps. Je transpirais à grosses goûtes. 

Finalement, je me décidais à me lever pour aller prendre une douche. M'appuyant contre tous les murs que je rencontrais, je me traînais jusqu'à la salle de bain. J'y trouvais Max en train de se brosser les dents. Même à ce moment, alors que le monde s'effondrait autour de nous, Maxime se brossait les dents comme si de rien n'était. Il ne m'avait pas vu, et je m'approchais lentement de lui. D'un geste délicat je posais ma main sur son épaule, ce qui eut pour effet de le faire sursauter.

- Ah, tu es debout ! Me dit-il l'air radieu. Comment tu te sent ?

- Bof, répondis-je avec une grimace. Ca pourrait aller mieux. 

Il posa sa grande main sur mon front. 

- Mh, tu as encore de la fièvre. 

- Peut-être, je vais prendre une douche fraîche, lui indiqué-je.

Il fronça ses sourcils, et posa une main sur sa hanche. 

- Non, je préfère que tu prennes un bain, comme ça tu resteras assise, j'ai pas envie que tu tombe dans la douche. 

- Max ! M'insurgé-je. Je suis pas une petite mémé qui à besoin d'un déambulateur et qui porte des couches ! 

Il explosa de rire, ce qui me fit sourire également. 

- Regardes toi, tu tiens à peine debout. Assis toi ici, je vais faire couler le bain. 

Il m'indiqua une chaise remplie d'une pile d'habits froissés et en boule. Je dégageais celle-ci pour m'asseoir. Je l'observais prendre soin de moi, comme si j'étais une dame dans une maison de retraite. Après tout, c'est un peu ce que j'étais. Je ne faisais rien de mes journées, j'étais constament fatiguée. 

Maxime s'assit sur le rebord de la baignoire pendant que l'eau s'écoulait. Un silence gênant s'installa entre nous deux. Aucun n'osait parler. Nous attendîmes un long moment ainsi, chacun regardant ses pieds. Puis lorsque l'eau du bain fut assez haute, il arrêta le robinet. Maxime m'adressa un sourire forcé et quitta la pièce, tout en passant sa main dans ses cheveux. 

Une fois seule, je me déshabillais, non sans mal : chaque mouvements me déccrochait une grimace de douleur. Mon corps me faisait soufrir le martir. J'entrais dans l'eau tiède, ce qui me fis frissonner de la tête au pied. Mon corps était à présent entièrement immergé dans l'eau, seule ma tête posée contre la céramique froide dépassait de l'eau. J'avais de la mousse jusque sous le menton. Je fermais les yeux, essayant de détendre mes muscles au maximum, et de faire le vide dans mon esprit. Mais c'était peine perdue, les images qui revenaient sans cesse dans mon esprit étaient celles d'Elisa me lachant la main, m'abandonnant pour se jeter dans la gueule du loup. Les images revenaient en boucle, ça ne s'arrêtait jamais. Je m'en voulais, tout était de ma faute. J'aurais dû la prendre dans mes bras, et m'enfuir pendant qu'il en était temps. Mais au lieu de ça, j'avais été faible, je m'étais laissé aller. 
Des perles d'eau chaude se mirent à ruisseler sur mes joues. Et je n'arrivais plus à stopper mes sanglots. Mon visage se déforma, et je me laissais aller, pleurant la bouche ouverte pour ne faire aucun bruit. Mon souffle se coupa, et soudain je me mis à tousser de plus belle. 

Une fois que je me sentais assez raffraîchie, et assez propre, je sortais du bain. J'essuyais mes joues nerveusement, honteuse d'être aussi faible. Lorsque je fut habillée, je déscendis à la cuisine où un repas m'attendait. Maxime m'avait attendu et n'avait pas commencé à manger. Je devais lui parler de ce à quoi j'avais pensé : la récupération de ma soeur. Même si j'étais faible, même si j'étais malade, je ne pouvais plus m'imaginer vivre sans elle, tandis qu'elle était là-bas. Et même si je venais à mourir, Maxime devait me promettre d'aller la chercher. 

Je m'installais à table, tout en prenant ma fourchette. Je ne savais pas par où commencer, et Maxime avait l'air de se douter que j'avais quelque chose à dire. Il me fixait avec un regard inquiet. Finalement, je me lançais. 

- Maxime, il faut que je te parle. 

Il déglutit, posa ses couverts, et s'essuya la bouche prêt à écouter.

- Je vais aller chercher ma soeur, et je la ramènerais coûte que coûte. Si tu veux venir tu es le bienvenu, mais si tu trouves que c'est trop dangereux tu peux rester chez moi. 

Il ne répondit pas. Il se contenta de me fixer, et je n'arrivais pas à analyser ses pensées. 

- Tu m'écoutes ? L'interpelé-je.

- Oui, mais je ne sais pas quoi te dire à part : est-ce que tu es folle ? Tu as vu ton état ? Tu tiens à peine debout et tu veux aller à Paris, entrer dans un bâtiment mieux gardé qu'une prison ? Et ensuite en ressortir ? 

Il ricanna pour se moquer. Je baissais la tête, il n'avait pas tord. Néanmoins, je ferais tout pour la sauver. 

- Je ne la laisserais pas vivre un jour de plus dans cet endroit, dis-je en relevant la tête. 

Maxime se leva énervé. Mais il se calma et posa ses mains sur la table. 

- Je te ferais pas changer d'avis pas vrai ?

HEAVENOù les histoires vivent. Découvrez maintenant