♂ Chapitre 43 ♂

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Point de vue d'Adam (vous l'attendiez tous ahah) : 

Cela faisait bientôt deux heures que j'étais planté devant mon écran, à regarder tous les faits et gestes de Tigresse. Je me faisais clairement chier, elle ne faisait rien de spécial à part causer au roux. Je demandai à Crash de me remplacer.

En prenant une part de pizza froide sur la table basse, je sortis de la pièce. J'avais besoin de respirer un peu. Tout le monde avait décidé de camper dans la salle de conférences, et ça commençait à sentir le fennec. Je passai par la boite, pour m'assurer que les affaires marchaient bien. Quelques poignées de mains à des habitués, une bise ou deux à des filles ivres mortes, et me voilà dans mon bureau. Enfin seul, au calme.

Le bruit de la musique de la boite, en fond, m'apaisais. Je me laissai tomber sur la moquette, dos au canapé, devant la table basse. Cela me rappela le jour où j'avais failli planter ce crétin de Maxime. Cet idiot était venu avec un plan, il savait que j'allais accepter s'il y avait de l'argent en jeu. Mais après tout, j'avais bien fait de prendre le risque. J'étais sur le point de devenir le héros qui allait dénoncer une organisation mondiale. Un sourire s'esquissa sur mon visage à cette idée.

Je repensais à la vidéo. Sacha voulait qu'on attende, mais je n'en pouvais plus d'attendre. J'avoue que cela allait mettre Noa dans une mauvaise situation si on la lançait maintenant. Je tapai du poing sur la table. D'habitude, je ne me serais pas soucié de ça. Ce n'était qu'une fille après tout, j'avais l'embarras du choix juste derrière cette porte. Des tas de filles seraient prêtes à sortir avec moi pour avoir le privilège d'être la copine du grand Zéro. Alors pourquoi je me préoccupais de cette coincée ? Rah, je devais penser à autre chose.

Je me levai et allais chercher de la vodka dans le meuble de l'entrée. Je m'allumai un petit joint, que je fumai tout en comptant mes billets. Je savais très bien combien il y en avait. Je les avais comptés plus de cent fois, c'était toujours les mêmes billets, dans le même sac. Mais j'avais besoin de les sentir entre mes doigts. De toucher ma puissance. Grâce au virus, j'avais érigé un empire clandestin. Certes, j'étais devenu un des gars les plus pourris de la terre, mais je m'en fichais pas mal. Personne ne s'était jamais préoccupé de savoir comment j'allais, ni même de ce que je ressentais. J'allais pas attendre après eux, seuls les égoïstes vivent plus longtemps.

Quelqu'un entra dans la pièce. Je reconnus la silhouette d'Hydra. Elle s'assit près de moi sans parler et me massa le dos. Je ne savais pas à quel jeu elle jouait, elle semblait toujours amoureuse de Maxime, et pourtant, elle se rapprochait de tous les gars qu'elle croisait. Bon, je suis un mec, je n'allais pas me plaindre. Son massage commença à devenir plus insistant, plus intime. Je soupirai d'agacement, quel était vraiment son but ? Et puis, après tout, je m'en fichais pas mal. Je vivais au jour le jour, on ne savait pas ce qui pouvait arriver le lendemain. Après tout, un virus avait bien décimé les femmes sans qu'on s'y attende. Et puis, jouer avec Hydra me permettait de faire chier Maxime, (qui j'en était certain, avait toujours des sentiments pour elle), alors je n'allais pas me retenir.

Je jetai Hydra sur le canapé et commençai à l'embrasser. Elle retira mon haut, et je lui retirai ses vêtements. Je n'étais pas amoureux d'Hydra, ce n'était pas mon type. Je ne savais même pas ce que voulait dire ce mot après tout. Je me contentais de faire ce que je savais faire le mieux, être un connard de base. Et jusque-là, ça me réussissait bien. Elle prenait du plaisir et moi aussi, fin de l'histoire.

Une fois que nous eûmes fini, je me relevai. Je la regardai, allongée sur mon canapé. Je ne ressentais rien, aucun remords, aucun sentiment. Je me rhabillai. Tout en remettant mon T-shirt, je sortis de mon bureau. C'est alors que je tombai nez à nez avec Maxime. Un sourire narquois se dessina sur mon visage, et je pris bien mon temps pour remonter ma braguette.

— Vas-y, dis-je. Je t'ai préparé le terrain.

Il releva un sourcil, pas sûr de comprendre ce que je voulais dire. Le pauvre, il allait vite se rendre compte de quoi je parlais. Un peu fatigué, je taxai une clope à un mec qui tenait à peine debout au bar de la boite. Je me dirigeai vers mon studio, pour aller fumer sur le toit des conteneurs. De là, j'avais une vue sur la ville. Du moins, ce qu'il en restait.

Je grimpai à l'échelle, pour atterrir sur le toit. J'avais besoin de prendre de la hauteur, j'avais l'impression de suffoquer. Je décidais de grimper en haut d'une vielle grue. Une fois arrivé, je m'assis sur le rebord, du côté du contre-poids, et laissai pendre mes jambes dans le vide tout en allumant ma cigarette. Le temps était maussade ce jour-là. Le ciel était aussi gris que mon esprit, aussi froid que mon cœur. Quel poète.

Soudain, j'entendis des pas sur les barres de fer de la grue. Il n'y avait qu'une seule personne au monde qui pouvait savoir que j'étais ici : Sacha. Je ne tournai même pas la tête vers lui. Il s'assit près de moi.

— Je savais pas que t'avais repris, lança-t-il.

Est-ce qu'il parlait de fumer ou d'être un parfait salopard ? Peut-être les deux. J'hochais la tête, expirant la fumée de ma clope.

— Ça faisait longtemps que t'étais pas remonté ici, continua-t-il. La vue est pas mal.

Je rigolais faiblement.

— La vue est merdique.

Il me fixa un moment avant de reposer son attention sur les immeubles face à nous. Tout était à l'abandon, pas une seule guirlande de noël à l'horizon. Un nuage de pollution flottait au-dessus de Paris. Vraiment merdique cette vue.

— T'as réfléchi pour la vidéo ? Me demanda Sacha.

— T'inquiètes, je ne mettrais pas ta petite chérie en danger.

Il soupira.

— Arrêtes, tu sais très bien qu'il ne s'agit pas de ça.

Je m'esclaffai, me forçant bien évidemment. Je détestais rire.

— Sacha, ça fait combien de temps qu'on se connaît ? Tu vas pas me dire qu'une belle gonzesse qui dort chez toi te retourne pas la tête. J'ai bien vu comment tu la regardes, comment tu essaies de la protéger.

Je mis mes doigts dans ma bouche, mimant de vomir. Il me donna une tape sur l'épaule.

— De toute façon, y'a un truc entre Maxime et elle.

Je relevai un sourcil. Je les avais vus et entendu se disputer ce matin. S'il y avait quelque chose, c'était mort. Mais je ne voulais pas jouer les cupidons, ce n'était pas mon rôle. Sacha se démerderait tout seul. Certes, il était comme un frère pour moi, mais cette querelle entre lui et Maxime pour Noa m'amusait. On aurait dit des adolescents qui se chamaillaient pour la belle fille du lycée. Je trouvais ça complètement ridicule.

— Qu'est-ce que vous lui trouvez ? Pensai-je à voix haute.

— Je sais pas, elle est différente. Elle est naïve, elle croit qu'il y a du bon dans tout le monde. Elle croît qu'on peut encore sauver ce monde.

— C'est juste une idiote, raillé-je. Elle n'a rien de spécial, c'est juste une coincé.

— Je ne pense pas, dit-il. J'ai vu dans ses yeux qu'elle a vécu des choses horribles.

J'avais envie de vomir. Voilà que mon Sacha solitaire et introverti devenait fleur bleue. Beurk. Mais cela me donna une idée affreuse. J'avais vraiment envie de le faire chier.

— Et gars, ricanai-je. J'te parie deux cents boules que j'me la fais ta petite protégée naïve.

Il me regarda sévèrement. Il devait penser que je disais ça pour déconner. Je ricanais en lui donnant une tape, et il parut rassuré. Sacha croyait vraiment que je plaisantais. Mais je venais de trouver un nouveau jeu.

— J'ai une meilleure idée, me dit-il.

Je fronçais les sourcils, intrigué, écrasant ma cigarette sur la barre de fer.

— Le premier qui tombe amoureux d'elle a perdu, et doit quatre cents euros à l'autre.

Je rigolai, pour une fois, je riais vraiment. Je ne me forçais pas. J'étais sûr de gagner, le jour où je tomberais amoureux d'une fille n'était pas près d'arriver. Et encore moins d'une coincée comme Tigresse.

— Paris tenu mon pote, prépare ton chéquier, l'avertis-je.

Il sourit et me tapa dans la main.

HEAVENOù les histoires vivent. Découvrez maintenant