♀ CHAPITRE 11 ♀

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Avant de nous lancer dans l'aventure, je retins le bras du garçon.

― Tentes quoi que ce soit de louche, et je te tus sur-le-champ, pigé ?

― Pigé, répondit-il du tac au tac.

Il prit Ellie dans ses bras, tandis que je passais ma tête dans l'encadrement où se tenait normalement la baie vitrée. J'évitai les bouts de verres encore présents, et regardai droit devant moi. L'ascenseur pour le parking était en face, il nous tendait les bras. Silencieusement, nous traversâmes la route goudronnée, et nous entrâmes dans l'ascenseur.

Je regardai alors Maxime plus attentivement, il était plutôt beau garçon. Avant, j'aurais pu parler de lui avec mes amies, nous aurions rigolé comme des bécasses à chaque fois que nous l'aurions croisé. J'avais deux meilleures amies avant, nous étions un peu comme ça, à jacasser. Les filles ordinaires, avec des notes moyennes, célibataires. Elles ne connaîtraient jamais ce qu'est l'amour, ce qu'est la peur de se faire traquer jours et nuits. Elles n'auraient jamais d'enfants, ne se marieraient jamais. Je retenais mes larmes, cela ne servait à rien d'y repenser. Je n'allais pas changer le passé.

L'ascenseur arriva au troisième sous-sol. Maxime posa Élisa, et nous sortîmes sur nos gardes. Nous marchions à demi courbés, entre les voitures, suivis à la trace par Kira. Nous y voilà, je voyais la voiture de Nathalia droit devant. Je la pointais du doigt, et Maxime nous fit arrêter.

― Donne moi les clés, je vais chercher les affaires, c'est moins risqué, restez cachées.

J'hésitais à me pouffer de rire. Étais-je si stupide pour lui faire confiance ? Qu'est-ce qui me prouvait qu'il n'allait pas partir avec ? Je ne le connaissais pas après tout. Les garçons étaient tous des menteurs, des manipulateurs. J'en avais fait les frais.

― Je viens avec toi, proclamé-je d'un ton un peu sec.

Il haussa les sourcils, mais vit qu'il ne me ferait pas changer d'avis. Il hocha la tête. J'assis Élisa sur le sol, lui intimant de ne surtout pas bouger.

Maxime et moi nous élançâmes, et j'ouvris la voiture. Pour le moment, personne en vue. Je tremblais comme une feuille, et récupérai les sacs. Maxime me rejoignit et s'accroupit près de moi, tandis que je vérifiais le contenu du sac de sport et du sac à paillettes.

― Noa, je comprends que tu ne me fasse pas confiance mais...

― Si tu comprend, alors tant mieux, le coupé-je.

― Noa...

Je le regardai.

― N'agit pas comme si tu me connaissais, ce n'est pas le cas, chuchoté-je. Je ne reste avec toi que parce que tu m'es utile, après on se dit adieu, mets-toi ça dans le crâne.

Je n'y étais pas allé de main morte, mais tant pis. J'avais été franche, et même si son regard avait changé, il nous emmena jusqu'à sa voiture. Une vieille voiture rouge, toute cabossée. On voyait beaucoup trop à l'arrière, ça n'allait pas.

― On ne va pas passer très inaperçues, dis-je.

Il sortit une couverture du coffre. Cela ferait l'affaire, enfin, je l'espérais. Kira grimpa dans le coffre, et Élisa et moi allèrent à l'arrière, cachées sous la couverture. Je lui mentis encore une fois, lui faisant croire qu'on devait jouer les espionnes.

Nous roulâmes, longtemps. Je ne saurais dire combien de temps, mais quand nous sommes arrivés, il était très tard. Maxime nous fit descendre de la voiture, et j'évacuai la pression. Pour le moment, nous étions en sécurité. Il habitait un petit appartement au troisième étage d'un immeuble.

Capuches sur nos têtes, la chienne aux trousses, nous gravîmes les quelques escaliers. Maxime déverrouilla la porte, et l'angoisse revint en moi. Et s'il y avait d'autres garçons à l'intérieur, et s'ils nous attaquaient ? Avec Élisa dans les bras, je ne pourrais pas réagir. Il ouvrit finalement la porte et je restai en retrait.

― Vous comptez dormir sur le paillasson ? Dit-il sarcastique.

Je grommelai et entrai. Maxime nous prépara une grosse casserole de pâtes, que j'engloutis en quelques minutes. Je rangeai ensuite au frigo la nourriture que nous avions préparé, je l'avais complètement oublié.

Tandis que Maxime préparait la chambre d'Élisa, nous attendîmes toutes les deux sur le canapé du salon. Je la regardai, un si petit être. Si fragile, innocente. Elle n'avait pas lâché son lapin de tout le voyage. Elle releva la tête vers moi.

― Maxime c'est ton n'amoureux ?

Je rougis.

― Non, c'est un ami que j'ai rencontré tout à l'heure. Il est gentil avec nous, mais tu dois te méfier de lui, ne fait confiance qu'à moi.

― D'accord, dit-elle de sa voix douce. Dis... Tu promets de rester avec moi pour toujours ?

Je ne savais pas quoi répondre, j'avais envie de pleurer.

― C'est promis ma belle, pour toujours.

― Maintenant tu es ma nouvelle soeur ! Ricana-t-elle.

― D'accord, dis-je le sourire aux lèvres. Sœurs pour la vie.

Je l'enlaçai dans mes bras, déposant un baiser sur son front.

― C'est prêt, intervînt Maxime.

Je portai Élisa jusqu'à son lit, et revins dans le salon. Je pensai soudain à Franck. Je lui avais dit que nous devions arriver ce soir. Je pris mon téléphone et vérifiai les contacts. Heureusement pour moi, ils étaient enregistrés sur le téléphone et non sur la carte SIM.

― Maxime, je peux emprunter ton téléphone ?

― Pour appeler qui ?

― L'oncle d'Élisa.

Il me dévisagea. Zut, la boulette.

― Mais tu m'as pas dit que c'était ta sœur ?

Je paniquai, que devais dire ? Ce que j'aurais dit d'habitude, je devais me détendre.

― C'est compliqué, tu me le prête ou pas ?

Il soupira, las de mes tentatives d'esquive de ses questions. Je composais le numéro de Franck les doigts tremblants. J'appréhendais un peu sa réaction.

― Allô ?

Je reconnus sa voix rauque.

― C'est Noa ! M'identifiais-je. On a eut... un contre-temps.

― Comment ça ? Où est ma nièce ? Que c'est-il passé ?

Toujours à paniquer en deux secondes celui-là. En même temps, je le comprenais un peu.

― Elle va bien. Mais vous aviez raison, les traqueurs sont venus à la maison, et ils nous ont suivis. Mais je les ai semés, m'empressé-je d'ajouter. Nous sommes chez un ami.

― UN ami ?! Me hurla-t-il dans les oreilles. Vous ne devez faire confiance à personne ! Et s'il vous dénonçait pour une prime ?!

― Calmez-vous ! Criais-je. Pour le moment tout va bien, nous allons tout faire pour venir demain. Et je sais me défendre de toute façon, je sais ce que je fais !

Il ne répondit pas, cherchant ses mots sûrement.

― D'accord, soupira-t-il. Mais n'oubliez pas, s'il lui arrive quoi que ce soit...

― Sans moi elle serait morte à l'heure qu'il est, alors soyez un peu plus reconnaissant ! M'énervé-je. Je n'étais pas obligée de m'occuper d'elle, pas obligée de faire tout ce que je fais, de risquer ma peau, pourtant je le fais ! Vous, vous êtes chez vous peinard à attendre !

― Oui pardon, mais je m'inquiète pour ma nièce... Dans ce cas à demain.

― A demain.

HEAVENOù les histoires vivent. Découvrez maintenant