♀ CHAPITRE 12 ♀

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Je raccrochais, laissant échapper un grand soupir. Maxime avait en toute impolitesse écouté très attentivement mon coup de fil. Je lui rendis son téléphone portable sans un mot. Puis, je m'installai sur le canapé, et m'emmitouflai dans un plaid. Je ne dormirais que lorsque tout le monde serait endormi, même si mes yeux me piquaient et que ma tête se faisait lourde.

Maxime s'assit près de moi, et je me recroquevillai le plus loin de lui. Être aussi proche d'un homme me mettait très mal à l'aise. Un blanc extrêmement gênant s'installa entre nous.

― Noa, finit-il par soupirer. Je comprends que tu sois sur tes gardes, que tu ne me fasses pas confiance. Mais détends-toi.

De quel droit me donnait-il des conseils ? Il ne me connaissait pas, il ne savait pas ce que j'avais vu, ce que j'avais vécu.

― Me détendre ? Ricané-je. C'est une blague ?

― Non... je...

― Tu me fais rire, le coupé-je. Comment je peux me détendre alors que des traqueurs sont à nos trousses pour je ne sais quelle raison. Comment je peux me détendre alors qu'un virus mortel à buté toutes les femmes de la planète et que je peux mourir à chaque seconde ? Comment je peux me détendre alors que je suis chez un inconnu, un garçon qui plus est ? Qui lui peux sortir dehors, avoir des amis, parler aux gens, aller au cinéma, avoir une vie normale ?!

J'avais hurlé les derniers mots, et sans m'en rendre compte, j'étais debout. Il me regardait hébété, sans savoir quoi dire. J'étais jalouse de lui, de sa vie, une vie que je ne pourrais jamais avoir.

Une fois la colère redescendue, la tristesse arriva. Beaucoup trop violemment à mon goût. Les images les plus horribles de mes souvenirs se mélangèrent en même temps dans mon esprit. Créant un Mash-up abominable.

Et comme si ce n'était pas suffisant, mes yeux commençaient à s'humidifier. C'était la pire chose qui pouvait arriver, je ne devais pas pleurer, pas devant lui. Maxime se releva et tendit son bras vers moi, je le repoussai d'un revers de main.

― Je n'ai pas besoin de ta pitié, lancé-je en étouffant un sanglot.

Je me tournai dos à lui, ne pouvant pas retenir plus longtemps mes larmes. Il respecta mon espace personnel et resta à distance, mais parla néanmoins.

― Tu crois que j'ai la vie facile. Tu me demandes de ne pas te juger parce que je ne te connais pas ? Alors fait pareil avec moi, tu ne sais pas ce que j'ai vécu.

Je me retournais face à lui, essuyant mes larmes avec mon pull

― Ça fait un an que les traqueurs m'ont pris ma sœur, un an que je n'ai aucune nouvelle d'elle. Un an que je ne sais pas si elle va bien, si elle est malade, si elle a attrapé le virus ou si elle est encore en vie. Au début, j'ai fait une dépression, je ne sortais plus, j'ai même été dans la rue pendant un temps. Je n'ai pas d'amis, je suis seul, ma mère est morte par le virus, mon père nous à quitté quand j'avais quatre ans. Petit, j'ai écumé les foyers parce que ma mère n'en pouvait plus de moi. Et maintenant, je suis tout seul. Alors oui, peut-être que tu as vécu des choses horribles, mais tu n'es pas toute seule sur terre, redescend un peu.

Maxime venait de me remettre à ma place, mais je ne lui en voulais pas. Au contraire, cela me fit prendre conscience que j'avais été égoïste jusque-là. Je n'avais fait que me plaindre, sans voir que les hommes souffraient aussi. Ils avaient perdu des filles, des sœurs, des femmes, des amies... Je baissais la tête, laissant s'écouler mes larmes, j'avais honte, honte de mon comportement. 

 

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