♀ CHAPITRE 9 ♀

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Prise de panique, j'accélérai. Heureusement, à cette heure, il n'y avait personne sur la route. Les traqueurs ne nous collaient pas vraiment, ils se contentaient de nous suivre. Probablement nous voulaient-ils en vie.

Cela faisait une bonne dizaine de minutes qu'ils nous suivaient et nous entrâmes dans une ville voisine. Les pneus crissaient lorsque je prenais des virages à toute vitesse. Élisa était un peu chamboulée, mais je sentais qu'elle me faisait confiance. Je devais semer nos poursuivants, mais comment ?

A droite.

Je braquais le volant, faisant hurler les pneus sur la route gelée

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Je braquais le volant, faisant hurler les pneus sur la route gelée. J'entrais dans un parking souterrain. C'était quitte ou double : Soit ils nous coinçaient, soit ils nous perdaient. J'arrivai au bout de la rangée, main droite sur le frein à main, virage à gauche. Ce n'était pas comme dans les films de sciences fiction, je n'avais pas assez de vitesse et d'expérience. L'arrière de la voiture en frappa une autre, déclenchant l'alarme. Pas le temps de paniquer, j'accélérai encore, vérifiant d'un coup d'œil dans le rétro l'état d'Élisa. Elle fermait les yeux et serrait son lapin. Mais elle n'avait rien, et la chienne se contentait de grogner.

J'avais pris un peu d'avance, et entrais au troisième sous-sol. Je jouai le tout pour le tout. En un seul créneau, je me garai entre deux voitures noires. Je fis sortir rapidement Élisa et la chienne. Nous courûmes jusqu'à l'ascenseur.

Un seul créneau. J'aurais eu les félicitations du moniteur.

Pas le temps de penser à ça, j'attrapai la petite, et couru dans la rue déserte. Un vieux magasin abandonné attira mon regard.

J'entrais par la baie vitrée fracassée, Élisa dans les bras, prenant garde au tapis de verre brisé sous mes pieds. Puis, en une fraction de seconde, je me jetais sous le comptoir. Le silence nous enveloppa, accompagné du noir complet. J'étais assise au sol, Élisa entre les jambes, tremblante. Je n'osais pas bouger, ni même respirer.

J'espérais, non, je priais pour que les traqueurs ne nous aient pas vues. Fermant les yeux, je laissais le silence prendre possession de mon corps. Je réussis tant bien que mal à me calmer, et enveloppai Élisa de mes bras. Elle n'avait pas lâché son lapin. Kira n'avait pas aboyé, pas grogné, elle s'était contentée de suivre la marche.

Nous attendîmes ici un long moment, sans parler. Je me décidai enfin à briser ce silence.

― Élisa, je pense que je vais aller chercher nos affaires.

― Et les méchants ?

― Ils ont dû partir.

Elle enfourna sa tête sous mon menton.

― Ne pars pas.

― Je reviendrais rapidement, c'est promis. Reste ici avec Kira, et ne sort que lorsque je reviendrais, pas avant.

Elle me regarda, je sentais qu'elle pleurait.

― Et si tu reviens pas ?

― Je reviendrais.

Je déposais un baiser sur son crâne, et à l'aide de mon téléphone, cherchais une quelconque couverture. Je ne trouvais qu'une grande chemise, mais elle ferait l'affaire.

J'avais laissé ma petite blonde, avec la chienne, seule. Je m'en voulais, mais les sacs étaient très importants. Les notes de Nathalia étaient toutes à l'intérieur.

Je rasais les murs, lorsqu'un bâtiment éclairé m'interpella. Un Fast-food. Je fonçai derrière, direction les poubelles. En général, ils font beaucoup de gaspillage. Je fouillai les conteneurs à contre-cœur. Malheureusement, ils avaient réduit leur gaspillage et je ne trouvai que des cartons vides. Je réfléchis, nous étions encore loin de Paris, et nous ne pourrions pas prendre la voiture immédiatement. Nous allions donc devoir passer une nuit ou deux ici. Nous avions besoin de nourriture. J'allais devoir entrer dans le fast-food. J'entrebâillai la porte métallique qui se trouvait près de moi, personne ne semblait être là. J'entrai, penaude, les genoux pliés. J'avançai à tâtons dans le noir, lorsque la lumière s'alluma : je percutai quelqu'un. Propulsée par la collision, je me retrouvai assise par terre. Ma capuche avait glissé de ma tête, j'avais le visage à découvert. En relevant les yeux, je me statufiai.

Un garçon.

Un garçon me regardait, la bouche grande ouverte. Il avait fait tomber ses plateaux de fer, ce qui avait provoqué un vacarme pas possible.

― Qu'est-ce qu'il se passe Maxime ? Lança une voix venant de la pièce voisine.

J'étais finie.

Mais à ma grande surprise, le garçon m'empoigna rapidement et me jeta dans un placard à balais. Il me fit signe de me taire.

― Tout va bien, j'ai trébuché, cria-t-il.

Je retenais mon souffle. Comment en étais-je arrivée là ? J'étais à présent dans le noir, avec seulement la lumière de la pièce qui passait par les fentes du placard. Je portais mes mains à mes tempes. Élisa, elle m'attendait, probablement morte de trouille.

J'attendis un moment, un long moment. Les minutes étaient interminables, jusqu'à ce que le garçon vînt rouvrir ma cachette. Il me fit sortir, et je remarquai qu'il tenait un sac marron en papier, sur lequel il y avait le logo du Fast-food. Il me le tendit. Je restai bouche-bée, paralysé. Pourquoi était-il aussi près de moi ? Pourquoi m'aider ?

― Tiens, chuchota-t-il. Aller aller !

Je n'arrivais pas à détacher mon regard de lui. Il était grand et fin, mais musclé. Il avait les cheveux noirs, et les yeux bruns. De magnifiques yeux bruns. Ses sourcils parfaitement épilés se plissèrent en un V sur son petit front.

― C'est bien pour ça que tu es venue non ?

Je hochai la tête, ne sachant pas quoi répondre. J'étais en perte complète de mes moyens. J'aurais dû sortir quand j'en avais eut l'occasion. Maintenant, j'entendais la voix rocailleuse d'un homme venant de la cuisine.

― Messieurs bonsoir, nous recherchons cette très jeune enfant, il semblerait qu'elle soit accompagnée d'une personne de taille moyenne habillée de noir.

Les traqueurs. C'est d'Élisa et moi qu'ils parlaient.

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