♀ Chapitre 42 ♀

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Je buvais le liquide chaud, assise en tailleurs sur le lit d'Alex. Il me regardait sans parler, sans vouloir me déranger. Une fois que j'eus fini ma tasse, Alex s'assit à côté de moi.

— Noa, commença-t-il. Je comprendrais que tu ne veuilles pas me parler de ce qui se passe. Mais je suis là si ça ne va pas.

Voir cet homme, qui ne connaissait rien de moi, me parler comme ça, me fit monter les larmes aux yeux. Et me revoilà en train de pleurer.

— Oh ma grande, dit-il d'une voix emplie de tristesse. Ça a dû être dur pour toi... Je n'imagine même pas ce que tu as dû endurer là-dehors.

Ça s'est sûr, il était loin de savoir ce que j'avais vécue. Il y avait des choses de mon passé que je voulais absolument oublier. J'avais essayé d'effacer cette dernière année de ma mémoire. Mais les images me revienaient de temps en temps. Peut-être que c'était à cause de ce qui s'était passé que je n'avais plus confiance en personne. Plus confiance en les hommes. J'avais beau me torturer l'esprit, ce qui avait eu lieu ne pourrait être effacé. J'avais fait des choses, de mauvaises choses. Mais je venais de perdre ma mère à cette époque, mes amies, tout. J'avais eu cette période de dépression. Ils n'étaient pas tous comme lui, je devais me rentrer ça dans la tête. Ce garçon que j'avais fréquenté était vraiment un des pires. Je ne devais pas tous les comparer à lui. Alex me ramena à la réalité.

— Aujourd'hui tout le monde à sa journée, dit-il. Je comptais aller voir mon supérieur pour faire en sorte que tu vives ici pendant tes deux semaines d'intégration.

— Merci, c'est gentil, répondis-je en essuyant mes larmes. Si vous vivez ici, pourquoi Nathalia avait sa maison dehors ?

— Les aides-soignants ont le choix du lieu d'habitation. Sinon, je comptais aller voir ma fille après, elle doit avoir à peine deux ans de plus qu'Élisa. Elles seront sûrement dans la même section, tu veux venir ?

Mon cœur s'accéléra. C'était la meilleure chose qu'on m'ait proposée aujourd'hui. Je hochais la tête vigoureusement. Je devais me reprendre. J'allais récupérer Elisa et m'enfuir avec elle. Nous n'avions besoin de personne d'autre après tout, ma mère m'avait bien élevée seule. Je sautai du lit pour me préparer. Alex m'avait donné une tenue bleue pétrole, et une blouse blanche. J'essuyai mon visage humide et serrai les poings. À partir de maintenant, c'était elle et moi contre tous. Mieux vaut être seule que mal accompagné après tout non ?

Nous marchions dans les couloirs blancs. J'imprimais dans mon esprit chaque couloir, chaque bifurcation, tout. Nous arrivâmes devant une porte à doubles battants. Elle était là, juste derrière cette porte. Je trépignais d'impatience et d'excitation. C'est comme si tous mes problèmes s'étaient envolés. Alex me demanda de l'attendre dans la pièce d'en face. Il ne fallait pas qu'Élisa me saute dessus devant les caméras. Un peu déçue, j'allais attendre dans le cabinet d'en face.

Quelques minutes plus tard, la porte s'ouvrit. Mon cœur s'emballa lorsque je vis sa petite tête blonde. Son regard se posa sur moi, et elle écarquilla les yeux de stupéfaction, le sourire jusqu'aux oreilles. Je tombais à genoux, bras grands ouverts. Elisa courus jusqu'à moi, se jetant dans mes bras, manquant de me faire tomber à la renverse. Je pleurais à chaudes larmes, et elle aussi.

— Je suis tellement désolé ma chérie, tellement désolé.

— Je savais que tu viendrais me chercher ! Pleurnichait-elle.

Je la serrais aussi fort que je pouvais, l'embrassant sur le front, les joues, le nez. Son petit visage innocent et radieux n'avait pas changé. Mes poumons s'emplirent d'un air si pur, mes muscles brûlaient d'excitation. Je ne pouvais enlever la banane que j'avais sur mon visage. Je retrouvais ma sœur de cœur, ma petite protégée. À peine nous étions nous retrouvée qu'elle commençait à me débiter son histoire.

HEAVENOù les histoires vivent. Découvrez maintenant