♀ CHAPITRE 8 ♀

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J'allais jusqu'au garage pour y découvrir la voiture de Nathalia. Une belle voiture noire, qui avait dû sûrement coûter très chère. Je n'avais pas mon permis, mais lorsque le virus avait frappé, j'étais en train de le passer. Je faisais des heures de conduites tous les mercredis après le lycée. Je savais me débrouiller. Ce qui me déplaisait, c'est que nous allions rouler de nuit.

Je m'installai dans la voiture, réglant tout pour que je me sente à l'aise. La hauteur des sièges, les rétroviseurs... Je mis le contact, (j'avais trouvé les clés dans une coupe à l'entrée), tout en vérifiant le niveau d'essence. Il en restait assez pour une petite heure de route.

J'étais retourné dans la maison, et je cherchais un sac pour y mettre toutes les affaires dont nous aurions besoin. Élisa était allée chercher son sac à dos rose à paillettes. J'en avais un comme celui-là quand j'étais en primaire. Mes amies aussi en avait, maintenant, ces filles étaient sûrement mortes. J'essayai de chasser ces idées horribles de ma tête, et me concentrai sur la tâche. En voilà un, un sac de sport. Cela ferait parfaitement l'affaire.

Élisa m'indiqua qu'il était midi, et qu'elle avait faim. J'avais vu un congélateur dans le garage, je m'y rendis, espérant y découvrir des aliments congelés. Tout ce que j'y trouvai était des épinards. Tant pis si la petite faisait la grimace, il n'y avait rien d'autre. Je revins en cuisine, et Élisa grimaça à la vue du sachet vert dans mes mains. J'attrapai une casserole et commençai à cuisiner. Avant, j'aimais beaucoup cuisiner avec ma mère, mais ça c'était avant, (j'eu soudain une pensée pour un slogan d'une très vieille publicité). Maintenant, je ne pouvais plus vraiment exercer cette passion. Je devais arrêter de penser au passé et me concentrer sur ce que je faisais. Une fois que la sauce fut prête, je la mélangeai aux épinards mixés.

Élisa avait mis la table, mais n'avait pas posé les couteaux. Sûrement que sa mère lui avait interdit d'y toucher. Nous allions manger dans le salon, le seul endroit à hauteur de la petite blonde. J'apportai le plat chaud, tandis qu'elle mâchouillait son doudou.

À la fin du repas, j'allai avec elle dans sa chambre. Il fallait que nous fassions sa valise. Je la laissais choisir ses habits, en prenant garde qu'elle prenne des choses assez chaudes pour l'hiver. Lorsque son sac fut plein à craquer, je la couchai, la nuit serait longue.

Je descendis ensuite au sous-sol, je voulais récupérer les notes de Nathalia pour les montrer à son frère. Je m'empressai de rassembler tous les documents éparpillés dans la pièce, lorsque l'ordinateur émit un bruit. Je le déverrouillai, et remarquai que Nathalia avait reçu un mail. C'était Franck, il m'avait envoyé son adresse plus tôt dans le matin. Je m'emparai du critérium à ma gauche et griffonnai au dos d'un document l'adresse. Puis, d'un geste vif, j'arrachai le bout de papier, marqué de mon écriture.

Une fois que j'eus fait mon sac, rassemblé toutes mes affaires, et prit autant de choses que besoins, je m'accordai une petite pause. J'errais dans le salon, accompagnée par Kira. La chienne marchait d'un pas lent sur la moquette, la langue pendante. Soudain, une idée me traversa l'esprit. Est-ce qu'Élisa lui avait donné à manger ? Bien sûr que non, elle n'avait que cinq ans ! J'allai dans le cellier et y trouvai un sac de croquettes. Je plongeai un bol à l'intérieur et remplis celui-ci. Kira se jeta sur la nourriture. Je lui apportai également de l'eau. Puis, j'extirpai le sac de croquette pour le mettre dans le coffre de la voiture. Cela m'étonnerait que Franck ait un chien lui aussi comme par hasard.

Je réglai l'alarme de mon portable sur dix-huit heures trente. Il fallait que je dorme, même si je n'en avais pas envie. Je ne devais pas m'effondrer de fatigue au volant.

Je m'engouffrai sous les couvertures, dans le noir. Une masse lourde se jeta sur le lit et me fit sursauter. Kira prit place et ne bougea plus. Je fermai les yeux, me calant sur les respirations du chien. Je tournai pendant longtemps avant de m'endormir. Mes rêves se mélangèrent à mes souvenirs, créant des scènes improbables.

* * *

L'alarme du portable me fit sursauter. J'émergeai lentement, me frottant les yeux. Je devais aller réveiller la petite.

Je grimpais les marches en silence, Kira toujours sur mes traces. J'entrais dans la pièce, il y faisait vraiment chaud. Une petite lumière brillait dans le fond de la pièce. J'attrapai le sac d'Élisa, sur lequel je remarquais une inscription au marqueur : Ellie. Ce devait être son surnom.

Je la réveillais lentement, et elle bâilla. Je la portais sur mon dos, mes avant-bras passant sous ses petites jambes. Elle était tellement légère, j'avais l'impression de porter mon sac de cours, quoique ce dernier était peut-être même plus lourd.

Ellie avait du mal à se réveiller, elle tenait Lapinou fermement dans ses petits bras. Je l'obligeai à manger un bout. Tandis qu'elle mettait ses chaussures, je faisais bouillir de l'eau. Un petit encas sur la route ne serait pas de refus, on ne savait jamais ce qui pouvait se passer. Tandis que le riz cuisait, je demandai à la petite de rassembler tous les gâteaux secs du cellier.

J'égouttai le riz lorsque j'entendis du bruit venant de dehors. Mon sang ne fit qu'un tour. J'espérais au plus profond de moi avoir rêvé. Je regardai par le volet entrebâillé, une ombre passa à toute allure. Je ne réfléchis pas. Je jetai à la va-vite le riz dans une boîte en plastique que je fourrais dans le sac d'Ellie.

Nous courûmes dans le salon, où j'attrapai mon sac à la volée. Élisa semblait paniquée, et la chienne sentait que quelque chose n'allait pas : elle ne cessait pas de grogner. J'ouvris la porte du garage dans un fracas. Je poussais Élisa dans la voiture, et l'attachai sur son siège à l'arrière aussi vite que je pouvais. Mes mains tremblaient et je n'arrivais pas à fermer sa boucle. Kira était grimpée à l'arrière, je jetai les sacs près d'elle. J'appuyai sur le bouton de la manette accrochée aux clés de voiture, pour ouvrir la porte du garage. C'était un volet roulant, il remontait trop lentement, beaucoup trop lentement. J'avais mis le contact et j'avais le pied sur l'accélérateur. Ce n'était pas le moment de caler, je devais me souvenir des indications de mon moniteur.

Une fois la porte assez haute pour laisser passer la voiture, je démarrai en trombe. Ellie me demanda ce qu'il se passait, je ne pouvais pas répondre maintenant. Je me concentrais pour ne pas m'effondrer de peur. J'appuyai sur le bouton d'ouverture du portail. Il s'entrouvrit dans un grincement effrayant. La nuit avait déjà bien entamé sa route. Je descendis la côte avec précautions pour m'engager sur la voie. Je jetai ma capuche sur ma tête pour ne pas avoir d'ennuies, les vitres arrière étaient teintées, Élisa n'avait rien à craindre. C'est alors que des crissement de pneus me firent regarder dans le rétroviseur central. Un gros 4x4 déboula de la rue perpendiculaire, et fonça derrière nous. Les traqueurs, ils nous avaient trouvés.

HEAVENOù les histoires vivent. Découvrez maintenant