HEAVEN

♀ CHAPITRE 56 ♀

Cela faisait deux jours que nous avions établi le camp dans cette vieille maison, très mal isolée du froid. Nous vivions en veste et plaid toute la journée. Je m'étais rapprochée d'Elisa, et nous avions retrouvé notre complicité. Le calme était revenu, mais cela n'allait pas durer. En effet, une fois Adam remit sur pied, il était temps de plier bagage. Tout le monde s'affairait à la tâche, enfin, tout le monde sauf moi et Elisa. Sacha m'avait demandé de ne pas la quitter des yeux une seconde – comme si j'avais besoin qu'il me le dise. Les garçons avaient donc préparé Marta, et Crash avait volé une deuxième voiture pour que nous soyons moins à l'étroit.

Nous étions dans la cours, prêts à partir. Sacha prit le volant de la voiture volée et m'intima d'entrer à l'intérieur avec Elisa et la chienne. Je bouclai la petite à l'arrière, sur un siège auto que Shark nous avait gentiment dégotés. Puis, je pris place à l'avant aux côtés de Sacha. Le reste des garçons embarqua dans Marta.

Nous voilà partis. Crash au volant de Marta ouvrait la marche, tandis que Sacha suivait. J'avais dû enfiler ma capuche au cas où des gens me reconnaîtraient dans la rue.

Nous roulâmes un long moment avant la première pause. Elisa dormait dans la voiture, et je n'osais pas la réveiller. Comme les garçons étaient parti soulager leurs vessies, je me retrouvai seule à garder les voitures, sur le bas-côté de la route. Nous avions emprunté les routes de campagne, étant donné que les autoroutes étaient impraticables. Pour me dégourdir les jambes, je sortis de la voiture et m'assis sur le capot. Il faisait particulièrement froid, et j'accueillis avec plaisir la chaleur du moteur. Il n'y avait pas une seule voiture à l'horizon, nous étions paumés en pleine cambrousse. Seul le chant de quelques oiseaux se mélangeait à la mélodie du vent, roulant sur les feuilles des grands arbres, plantés le long de la route.

— Dites-donc, c'est une propriété privée ici, vous pouvez pas vous garer là ! M'interpella une voix d'homme.

Je me retournai et découvris un homme d'un âge mûr, vêtu d'une grande chemise à carreaux et d'un jean délavé.

— Excusez-nous, répondis-je le visage sous la capuche. Nous faisons une pause, mes amis vont revenir et nous allons repartir.

L'homme se rapprocha pour observer les voitures. Je ne voulais pas qu'il voit Elisa à l'intérieur. Je me rapprochai de la porte que j'avais laissée ouverte, prête à m'enfermer à l'intérieur en cas de danger.

— Mais attendez, j'vous connait, dit-il. Vous êtes passée à la télé !

— Non, vous devez faire erreur...

— Si ! Bon sang y'a une prime sur vot' tête, v'nez avec moi !

L'homme m'empoigna le bras, et par réflexe, je me mis à hurler. Kira se mit à aboyer tandis que j'essayais de me dégager de cet homme. Finalement, la chienne passa par le siège passager et se rua sur mon agresseur. Elle l'attrapa à la jambe et il hurla à l'agonie. Au même moment, Sacha déboula des bois, criant mon prénom. Les trois garçons arrivèrent juste derrière, aidant Adam à courir. L'homme, a la vue de notre nombre, et de sa jambe à présent en sang, rebroussa chemin et fut coursé sur quelque mètre par la chienne. Cette dernière revint à mon appel.

Je rassurai tout le monde qui était à présent en panique.

— Il m'a reconnu, il voulait la récompense en me livrant à la police, je pense.

Shark arbora une moue étrange.

— On devrait se dépêcher de repartir avant qu'il n'appelle vraiment la po...

Un coup de feu le coupa dans sa phrase. L'homme était revenu, un fusil de chasse à la main, en boitillant. Ni une, ni deux, nous grimpâmes dans les voitures, et démarrâmes au quart de tour. Elisa était un peu perdue, mais elle avait l'habitude de ce genre de chose à présent. Je n'en étais pas très fière d'ailleurs.