♀ Chapitre 14 ♀

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J'étais assise contre la baignoire, au milieu des bouteilles de désinfectant et des boîtes de pansements éparpillés par l'inconnu. Comment en étais-je arrivé là ? Je regrettais ma vie d'avant. Ma vie de lycéenne, mes amis, ma famille. Je ne pu retenir mes larmes plus longtemps.

J'avais passé tellement de temps dans la rue, à me cacher, à ne sortir que la nuit. J'avais retenu mes larmes tout ce temps, j'avais fait en sorte de me contenir. Alors pourquoi pleurer maintenant, ça n'avait aucun sens.

 Alors pourquoi pleurer maintenant, ça n'avait aucun sens

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J'essuyai mes joues et tentai de reprendre mon calme. Ce n'était pas le moment de flancher, nous allions trouver l'oncle d'Élisa, et créer un vaccin pour sauver les femmes. Pour me calmer, je rangeai le capharnaüm de cette pièce. Une fois que j'eus terminé, je me blottis contre le sèche-serviette. La tête dans les genoux, je laissai mon esprit vagabonder dans mes souvenirs.

Quelqu'un toqua à la porte, ce ne pouvait être que Maxime, Ellie serait entrée sans simagrées. Je ne répondis pas, mais il entra quand même. Je me relevai pour changer de pièce, mais il bloqua la porte et nous enferma à l'intérieur.

― Ne laisse pas Élisa toute seule, lui dis-je froidement.

― Elle est dans ma chambre avec Kira, elle regarde un film. J'aimerais qu'on ai une discussion.

Je reculai, le plus loin possible de lui.

― J'ai rien à te dire, craché-je.

Il soupira, avant de s'approcher de moi.

― Très bien, mais écoutes au moins ce que moi j'ai à te dire.

Je levai les bras, désespérée. De toute façon, je n'avais pas le choix. Je me laissai glisser au sol, dos à la baignoire. Il s'assit en face de moi, en tailleur.

― Bon, j'ai réfléchis, commença-t-il.

Je me retins de tout commentaire sarcastique.

― Si tu veux t'en aller, je ne peux pas te retenir. J'ai pas de temps à perdre avec une gamine après tout. T'as quoi ? Dix-sept ans ? J'suis sûr que tu étais jamais sorti de chez-toi, que tes parents étaient des riches et qu'ils avaient tout prévu en cas d'apocalypse.

Je ne disais rien, je prenais sur moi. J'avais envie de me lever et de lui planter mon opinel dans le cœur. Mais je le laissais continuer ses inepties.

― J'ai pas eut cette vie facile. Ma mère est morte quelque mois après que le virus soit arrivé, j'avais seulement dix-huit ans à l'époque. Je devais m'occuper de ma sœur, j'ai dû trouver du travail. Mais ça ne suffisait pas, c'est pour ça que j'ai commencé à vendre de la drogue. Et puis ma sœur m'a été prise. Tu crois que c'était facile tous les jours ?! Que je retrouvais mes amis au parc, comme si de rien n'était ?!

Il était devenu tout rouge, il haletait. Je commençai à me demander si j'avais bien fait de le suivre. J'attendis un instant avant de répondre, pour être sûre qu'il ait terminé. Je pris une grande inspiration. Quitte à lui dévoiler ma vie, je n'avais plus rien à perdre de toute façon.

― Je ne sais même pas par où commencer tellement ce que tu as dit m'agace. J'ai dix-neuf ans, et non pas dix-sept. Mes parents n'étaient pas riches, de plus je vivais seulement avec ma mère. Elle est morte environ huit mois après l'apparition du virus. J'étais seule avec elle, elle est morte dans mes bras. C'est moi qui me suis occupé d'elle tout le temps qu'elle était malade. Après j'ai dû aller vivre dans la rue. Ça faisait presque deux ans que je vivais dehors quand j'ai rencontré Élisa.

― Mais, tu avais dis...

― Je t'ai laissé parler, le coupé-je.

― Désolé, continue.

― J'ai été trouvé par les traqueurs il y a quelques mois, mais je me suis enfuie. J'ai vu des tonnes de cadavre de femmes dans les rues, je devais me cacher, ne sortir que la nuit. Me nourrir dans les poubelles. Rien à voir avec la vie de luxe que tu croyais que j'avais.

― Et Élisa ?

― Tu veux vraiment savoir ? J'ai voulu me réfugier dans sa maison que je croyais inoccupée, mais quand je suis arrivée, elle et sa mère étaient là. Et ensuite, alors que j'étais cachée dans un cellier, j'ai vu sa mère se faire poignarder sous mes yeux, pendant qu'Ellie elle était cachée dans un placard. J'ai dû sortir le corps, et l'enterrer moi-même !

Je m'étais levée pour dire cette dernière phrase. Les images du corps de Nathalia, baignant dans son sang, me hantaient encore.

― Tu as vu un assassinat... Dit-il simplement. J'avoue que j'y suis allé un peu fort, mais c'était le seul moyen pour que tu te confies. Désolé, c'est vrai que t'as pas eu la vie facile, et je m'excuse de m'être emporté.

― C'est sûr que tes excuses changent tout, râlé-je.

Il passa sa main dans ses cheveux, il semblait perturbé. Notre relation était très étrange. Comment en étions-nous arrivés à parler de nos vies respectives ?

― Écoutes, je suis désolé. Je ne sais pas vraiment comment me comporter avec les gens, et encore moins avec une fille. Mais je t'en prie, restez avec moi. Je veux vous aider, je t'emmènerais chez l'oncle d'Élisa si tu veux !

Je m'asseyais sur le rebord de la baignoire. Au fond, il me faisait de la peine. Il pourrait en effet s'avérer utile d'avoir un allié, quelqu'un qui puisse nous aider. Néanmoins, je comptais rester sur mes gardes.

― Très bien, c'est d'accord, mais qu'est-ce que ça t'apporte ?

― Rien de spécial, j'ai envie de vous aider ...

― Rien de spécial ? Tu m'a vu au restaurant et tu t'es dis, cette fille je veux l'aider ? Pourquoi moi ?

Il sembla réfléchir, choisir ses mots.

― Hum, c'est juste que dans ce monde maintenant les femmes sont en danger, elles meurent les unes après les autres. Et ça fait vraiment longtemps que j'en avait pas vu avant toi. Alors je veux essayer de faire quelque chose de bien pour une fois dans ma vie.

Je soupirai, c'était un argument un peu bidon, mais nous avions besoin d'une voiture pour aller chez Franck.

― D'accord, tu penses pouvoir nous emmener chez franck ce soir ?

― Heu, oui je pense que oui.

― Bien.

Je me relevai et sortai de la salle de bains. Puis je rejoignis Élisa dans la chambre. Il fallait que je lise tous les documents de Nathalia au cas où ils leur arrivent quelque chose. Je me mettais rapidement au travail, sur un fond de Peter Pan. 

HEAVENOù les histoires vivent. Découvrez maintenant