HEAVEN

♀ CHAPITRE 26 ♀

Zéro sauta sur sa chaise à roulettes et glissa jusque devant le bureau. Maxime posa un carton de Pizza sur la table basse, et s'assit près de moi. Si Adam s'était retourné, je pense qu'il aurait vu les étincelles entre Maxime et moi. La tension entre nous était palpable, et je ne comprenais pas réellement. Je soulevai le carton de la pizza tout en jetant des coups d'œil à l'écran géant. Zéro avait affiché une grande bâtisse blanche.

― Vous savez c'que c'est ? Demanda-t-il à notre attention.

― La piaule du président ? Railla Maxime.

En effet, Zéro avait affiché la grande maison du président actuel. Il fit pivoter la vision de l'écran vers la gauche, pour nous montrer un peu plus loin une immense sphère métallique. Cette vue me coupa l'appétit. La hauteur du bâtiment, devait être égale à la moitié de la hauteur de notre tour Eiffel. La sphère métallique était tellement luisante qu'elle prenait le statut de miroir géant. Tout Paris se reflétait dedans. Sur les côtés, deux immenses sculptures en pierre représentaient des ailes blanches. Et au centre, devant la sphère, on pouvait lire sur une grande arche :

HEAVEN

Ma sœur était là, quelque part à l'intérieur de ce bâtiment. Et je n'avais aucune idée de la manière de l'en faire sortir. Tous mes espoirs étaient tournés vers Adam.

― Bon, pas la peine de vous dire c'que c'est, déclara-t-il. Vous, vous voulez que je m'infiltre à l'intérieur de ce truc ? Truc qui, je le rappelle, est mieux gardé que la prison la mieux gardée du monde. Truc qui possède un système de sécurité quasiment infaillible ?!

― Adam, tu peux le faire oui ou non ? S'impatienta Maxime.

― Ca va être chaud cacao mes p'tits loups. Mais tonton Adam à plus d'un tour dans son sac. Dans cette mission il y a des plus et des moins.

― Lesquelles ? M'empressai-je de demander.

Zéro afficha sur les écrans une page blanche, sur laquelle il créa un tableau à deux colonnes. Il allait vraiment faire la liste ? A priori oui.

― Les moins, entama-t-il. Premièrement, leur système de sécurité est presque inviolable. Ils ont certainement du personnel informatique très qualifié près à parer toutes éventualités. Ils ont une centaines voir plus de gardes armés et dangereux. Et puis, ce bâtiment appartient au président, donc on s'attaque à un gros poisson !

― Si on se loupe, on est mort en gros ? Résuma timidement Maxime.

― Vous, êtes mort. J'ai toujours un truc pour m'en sortir ! Ironisa Adam.

C'est bien ce que je pensais. Au moindre pépin, Zéro nous laisserait en plan.

― Et les avantages ? Demandé-je.

― Ah, j'y viens tigresse !

― Ne m'appelle pas com...

― Donc, me coupa-t-il. Déjà on à l'effet de surprise, ils ne s'attendent pas à ce qu'on entre dans leurs systèmes. Ensuite, moi aussi j'ai du personnel très qualifié (il m'adressa un clin d'œil). Les armes, j'ai aussi. Il suffit de bien s'organiser, de savoir ce qu'on cherche précisément, et savoir ce qu'on veut faire.

― On veut récupérer ma sœur ! Hurlé-je.

Maxime me prit le bras pour me calmer. Zéro roula jusqu'à moi sur sa chaise de bureau.

― J'avais compris figures-toi ! Mais si on entre là-dedans, dit-il en pointant l'écran du doigt, on fait tout péter. Comme je te l'ai dit, je crois pas à leur histoire apocalyptique. On va chercher des infos, et tout balancer. La population enragée se chargera du reste !

Zéro comptait faire tomber tout le système Heaven. Cette mission pour lui ne s'arrêtait pas au simple fait de sauver Elisa. Cela ne me déplaisais pas tant que ça en soi : savoir enfin la vérité, tout dévoiler au monde... Ça me plaisais plutôt bien en fait.

― Dans ce cas, j'ai un truc à te montrer, lui dis-je.

Maxime, intrigué, me regarda sortir une clé USB de mon sac. Celle de Nathalia. Je la confiai à Adam qui l'inséra dans son ordinateur. Il ouvrit la vidéo que je lui indiquai. Celle où la mère d'Élisa dévoilait implicitement les agissements d'Heaven.

Zéro était muet comme une carpe, debout devant les écrans, il était absorbé par la vidéo. Une fois qu'elle fut terminée, il me demanda de la repasser. Intriguée, je m'exécutai sans broncher. Au bout de cinq minutes de vidéo, il me demanda de mettre en pause.

― Vous entendez ?

― Entendre quoi ? Demandai-je. Pour l'instant elle montre simplement les images qui ont été diffusés par les médias.

― Non, écoutez ce qu'on entend en fond ! S'énerva Adam.

Il repassa le début, mais je n'entendais que la voix des présentateurs télé et des gens qui hurlaient sur les vidéos. Je ne voyais pas où il voulait en venir.

― Là, y'a quelqu'un qui parle en arrière plan. Il faut que j'isole les bruits.

Il se jeta sur son ordinateur, et ouvrit des logiciels qui m'étaient totalement inconnus. Il trafiqua la vidéo pendant un long moment. Maxime et moi étions allés nous rasseoir sur le canapé. Je repris une part de pizza, qui avait déjà refroidie. Soudain, Zéro poussa un cri, et je me redressai.

― Voilà, c'est la voix d'une femme, écoutez ça.

Maxime me dévisagea, complètement perdu. Je l'étais tout autant que lui, je n'avais pas connaissance d'un tel enregistrement caché. Adam appuya sur le bouton play, et nous fit écouter.

« ― Alex, tu es quelqu'un d'intelligent. Je suis sûre que tu as réussis à entendre cette séquence. J'ai été obligée de la cacher parce que tu aurais été en danger s'ils l'avaient trouvé. Mes quelques connaissances en informatique m'auront été utile finalement. J'ai réussis Alex, j'ai guéris ma fille. Je voulais te remercier pour l'aide précieuse que tu m'as apportée, tu as risqué tellement pour moi. Je vais quitter Heaven, je vais dire au monde ce qu'ils font, et ce qu'ils ont fait, je vais dévoiler la vérité. J'ai accumulé assez de preuves, je vais tout diffuser. Mais avant tout, j'aimerais donner l'antidote à Robert, je ne peut pas croire qu'il était au courant pour tout ça. Je l'ai contacté, et il m'a dit qu'il m'enverrait deux hommes pour le récupérer. Je suis sûre qu'avec son influence il pourra donner le vaccin à tout le monde. Alex, ne t'en fais pas, bientôt tu pourras à nouveau être avec Chloé. Je ne te remercierais jamais assez pour l'aide que tu m'as apporté, grâce à toi, j'ai pu déterminé d'où provenait tout ça, nos théories étaient justes. Je sais que tu n'étais pas d'accord pour que je fasse tout ceci, que je prenne autant de risques, mais je le fais aussi parce que je t'aime. Prends soin de toi. »