prologue

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A Change Of Heart, The 1975

10 août 2007

—   Marcus Goldman, je crois que je t'aime.

Le visage enfoncé à moitié dans l'oreiller, Marcus s'esclaffa. Il se replaça sur le dos et se cacha les yeux d'une main. 

—   On se connaît depuis quatre jours. Tu ne crois pas qu'il est un peu trop tôt, pour se dire ce genre de trucs?

Alice lui sourit.

—   Il n'est jamais trop tôt pour ça.

Marcus, les yeux fermés, enfouit son nez dans l'épaisse chevelure d'Alice, qui en retour se pressa davantage contre lui. Lovés l'un contre l'autre, ils ne bougeaient plus. Leurs corps nus, encore brillants de sueur, récupéraient.

—   Alors, je crois aussi que je t'aime, murmura-t-il.

—   Tu te forces pour me dire ça, hein?

—   Non...

—   Non?

—   Oh, tais-toi, je suis trop fatigué pour répondre à tes questions.

—   Pauvre petite chose, pouffa Alice.

Marcus lui sourit. Ils se regardèrent longuement.

—   Merci, en tout cas. C'était bien, reprit Alice.

—   Bien? Seulement bien? répéta Marcus, interdit.

—   Oh, fais pas cette tête-là. La prochaine fois, ce sera sans doute très bien.

—   Parce que tu crois qu'il y aura une prochaine fois, avec ce que tu viens de me dire? s'indigna Marcus. Et que je...

Contre toute attente, Alice s'approcha encore plus de lui et l'embrassa avant que le verbe ne s'échappe de sa bouche. Il en oublia ce qu'il voulait dire, et l'imbécile, tout sourire, parcourut de ses lèvres pulpeuses sa bouche, son menton, son cou...

—   Arrête! Ou je te bouffe les yeux tout crus, susurra Marcus.

Alice s'agrandit les yeux à l'aide de ses doigts et le taquina :

—   D'accord, vas-y.

Marcus se fendit d'un large sourire quand claqua soudain la porte d'entrée. Il se redressa, les yeux ronds.

—   Marcus? T'es là? claironna une voix féminine bien connue.

D'un geste brusque, il repoussa Alice, qui fronça les sourcils.

—   C'est qui, elle?

Marcus, le cœur au bord des lèvres, bondit hors du lit et chercha frénétiquement du regard ses vêtements qui devaient être là, par terre, quelque part. Alice, une main enfouie dans ses longs cheveux, le regardait faire d'un air ahuri.

—   Marcus, il se passe quoi, là?

—   Il se passe que je suis dans la grosse merde, répliqua-t-il, ses dents serrées.

—   Je comprends pas, t'as une copine?

Il venait d'enfiler sa chemise et se penchait pour ramasser son pantalon quand ce qu'il craignait qu'il arrive arriva. La porte de la chambre s'ouvrit brusquement et révéla la silhouette d'une femme élancée au maquillage si épais qu'elle donnait l'impression de sortir tout droit d'un magazine people. Si la pauvre souriait en entrant dans la pièce, elle déchanta bien vite en découvrant, encore nus, Marcus debout et Alice encore sur le lit.

Rimbaud et LolitaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant