quatre // équation

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One Day, Kodaline

Marcus se renversa contre le dossier de sa chaise et laissa échapper un long soupir. Il regarda sa montre : cela faisait plus de deux heures qu'il écumait le Net à la recherche d'informations au sujet du meurtre de Deborah Cooper et de la disparition de Nola Kellergan. Et toujours rien.

Au cours de ses recherches, il était tombé sur une ancienne participante de télé-réalité du nom de Deborah Kellergan, sur la page MySpace d'un groupe rock nommé No Law, sur un vieux forum de discussion consacré aux affaires non résolues du pays et finalement sur un article qui mentionnait l'adolescente disparue en 1975 pour faire écho à une autre adolescente du New Hampshire elle aussi disparue, mais en 2005. Bref, rien de précis, rien de concret.

En désespoir de cause, il s'était tourné vers Wikipédia, mais même la célèbre encyclopédie avait donné sa langue au chat : il n'existait aucun article à propos de la tragédie du 30 août 1975.

Force lui était de reconnaître que plus personne ne s'intéressait à cette affaire laissée en suspens, et avec raison : l'affaire remontait tout de même à plus de trente ans. Le temps aidant, tout le monde l'avait oubliée.

Marcus s'étira comme un chat avant de se lever et de sortir du bureau. Il avisa les nombreuses tasses, toutes souillées, qu'il empilait depuis ce matin dans l'évier et se décida à les laver avant que son ami n'arrive.

Il essuyait la dernière tasse quand Harry poussa la porte d'entrée. Outre sa serviette, il portait dans ses mains plusieurs sacs de plastique : pas de pizza ou de repas surgelés pour ce soir et les jours à venir, il avait pensé à faire les courses avant de rentrer.

Pendant qu'ils s'occupaient de ranger la nourriture dans les armoires et le réfrigérateur, Harry lui demanda s'il avait bien écrit, aujourd'hui.

— Oh, à merveille, répondit Marcus.

— Vous me ferez lire ça, hein?

— Bien sûr, Harry.

— Dites-moi, vous avez eu Sue Orwell comme enseignante?

Marcus fronça les sourcils.

— Oui, pourquoi cette question?

— J'ai déjeuné avec elle ce midi et figurez-vous qu'elle m'a convaincu d'essayer de cuisiner des sushis.

Avec un sourire, il lui montra un sac contenant du poisson cru et divers ingrédients japonais, et déclara qu'il allait tenter de s'y mettre dès qu'il aurait visionné la vidéo tutoriel que sa collègue lui avait conseillé de regarder sur YouTube.

— Vous aimez la cuisine nipponne, j'espère?

— J'aime les nouilles ramens, si ça compte...

Harry roula les yeux et continua de ranger les courses.

— Au fait, la mère de Daisy est passée tout à l'heure, révéla Marcus à brûle-pourpoint.

— Ah bon? Que voulait-elle?

— Vous remercier de lui avoir dédicacé Les Origines du mal. Comme vous n'étiez pas là, je lui ai dit de repasser demain matin.

— C'est tout de même dommage qu'elle ait fait tout ce chemin pour rien, remarqua Harry, les sourcils froncés.

Marcus se gratta la nuque, un peu embêté. Dolores Harrison lui avait conseillé de questionner Harry, mais comment s'y prendre avec tact? Il ne voulait pas sous-entendre que son ami lui cachait délibérément des choses; il le vexerait à coup sûr.

Rimbaud et LolitaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant