treize // maison

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L'expression « gold digger » désigne en anglais une personne qui fréquente une autre personne dans le seul but de profiter de son argent. Je préfère le préciser au cas où vous ne le saviez pas, voilà voilà. Bonne lecture! 

The Boy With The Thorn In His Side, The Smiths 

— Merde, Daisy, je peux savoir ce qui t'a pris?

Marcus balança le journal sur la table basse d'un geste si sec que Harry, assis juste à côté de lui, sursauta. Debout devant eux, leur jeune amie, le regard fuyant, jouait avec un pan de son pull, se tortillait les doigts, revenait à son pull... C'en était presque triste. Quand elle passait à Goose Cove, après ses cours, elle se montrait d'habitude si joviale, si pimpante. Alors que là...

Harry intervint :

— Marcus, le mal est fait, ce n'est pas la peine de vous énerver contre la pauvre fille.

Par miracle, sa phrase parvint à réveiller la pauvre fille en question.

— Écoutez, je suis désolée, mais je l'ai seulement dit à Romy. Ce n'est pas de ma faute si elle a décidé de le poster en ligne. Arrêtez de me regarder comme ça, je ne pensais pas que ça irait jusque-là!

— Tu ne penses jamais à ce que tu dis ou à ce que tu fais, s'emporta Marcus. J'imagine que c'est de famille...

La rousse crispa ses petits poings et s'approcha de Marcus, la respiration courte.

— Vous n'aviez qu'à ne pas tromper votre copine, et vous auriez la paix!

— Bon, ça suffit, vos enfantillages, s'irrita Harry en se levant du canapé.

S'il ne s'interposait pas, Daisy sauterait à coup sûr à la gorge du jeune homme. Il lui jeta un coup d'œil inquiet, lui qui souffrait encore de ses côtes fêlées : le matin, il peinait à s'habiller et par moments, il respirait de manière saccadée, erratique, une main plaquée contre sa poitrine, les traits convulsés.

La docteure Pendergast lui avait permis de rentrer à la maison voilà un peu plus d'une semaine, à la condition qu'il avale tout un tas de médocs chaque jour et qu'il ne pratique aucune activité physique. Il n'était donc pas du tout en état de se défendre contre une tigresse.

Harry posa une main sur l'épaule de la jeune fille.

— Merci d'être venue jusqu'ici pour nous expliquer la situation, Daisy.

Elle libéra son épaule, son regard revêche ancré dans le sien. Sans un mot, elle ramassa son sac à dos qui traînait à ses pieds et se dirigea d'un pas décidé vers la porte. Avant de sortir, elle lâcha, provocatrice jusqu'au bout :

— Au fait, Harry, je ne pense pas revenir bientôt, j'ai beaucoup de devoirs à rendre pour la semaine prochaine.

Quand la porte claqua, Harry soupira et revint au salon, où Marcus, le visage fermé, observait le feu de foyer à quelques mètres de lui. Quand Harry se rassit près de lui, il demanda, l'air fatigué :

— Pourquoi les filles sont-elles aussi... passives-agressives?

— Pourquoi vous me regardez comme si je connaissais la réponse? répliqua Harry.

Marcus soupira en se massant le front d'une main.

— C'était une question purement rhétorique. N'empêche, elle n'a pas été bien brillante, la petite Daisy. Aller tout bavasser à son amie, comme ça...

— Je doute qu'elle pensait à mal, et puis rappelez-vous, elle l'a seulement dit à sa meilleure amie. Elle était donc persuadée que le « secret » serait bien gardé.

Rimbaud et LolitaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant