six // boîte

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(TW : mention d'une relation consentante avec une personne mineure)

The Man Who Can't Be Moved, The Script

Marcus s'assit dans son lit, tous les sens en alerte. Il resta ainsi, immobile, pendant quelques secondes. Il avait beau tendre l'oreille, il n'entendait plus rien. À contrecœur, il se recoucha lentement. Il était tiraillé entre sa fatigue et son amitié pour Harry : se rendormir et faire comme s'il n'avait rien entendu, ou se lever et s'assurer que tout allait bien? Cruel dilemme.

Finalement, au bout d'un moment, il se dégagea des couvertures d'un geste brusque, presque violent : il mourrait d'envie de retourner dans les bras de Morphée, mais Harry était l'une des personnes, voire la personne la plus importante dans sa vie, et il passait largement avant ses précieuses heures de sommeil. Il méritait qu'on prenne la peine de se lever en pleine nuit.

Marcus longea le couloir menant à la chambre de son ami tout en étouffant un bâillement d'une main. Il n'avait même pas fait cinq pas qu'il regrettait de n'avoir enfilé qu'une paire de caleçons ainsi que son vieux t-shirt de Nirvana en se couchant : mine de rien, il faisait froid à cette heure de la nuit.

Au bout du couloir, il toqua deux grands coups à la porte de Harry. Aucune réponse. Inquiet, il frappa à nouveau et cria :

— Harry?

Il tendit l'oreille; seul un long gémissement lui parvint. Ni une ni deux, il tourna la poignée de la porte et avança à tâtons dans le noir avant d'allumer l'interrupteur. Sur le coup aveuglé, il plissa les yeux, mais parvint tout de même à reconnaître la silhouette tremblante et à moitié recroquevillée sous les épaisses couvertures.

Le pauvre homme balayait ses pupilles dans tous les sens, sous ses paupières fermées. Il marmonnait des paroles incompréhensibles, parmi lesquelles il crut saisir le prénom « Nola ». Comme dans Nola Kellergan?

— Harry, réveillez-vous! s'écria Marcus en le secouant.

Aussitôt, son ami ouvrit les yeux et se dressa sur son séant, le dos rond et une main plaquée contre le cœur. La respiration haletante, il regarda tout autour de lui avant de poser son regard sur le jeune homme.

— Marcus? Mais qu'est-ce que vous faites là? Que se passe-t-il?

— Je vous ai entendu crier, ça m'a réveillé.

Comme son hôte ne répondait pas, il lui demanda :

— Tout va bien, Harry?

Harry soupira longuement avant de hocher la tête.

— Désolé de vous avoir réveillé.

Marcus s'apprêtait à retourner dans son lit chaud et douillet — vu l'heure avancée, quoi de plus normal? — quand il remarqua la mine toute déconfite de Harry. Pouvait-il réellement aller se rendormir comme si rien ne s'était passé? Le pouvait-il vraiment?

— Hm, vous êtes sûr que tout va bien? finit-il par insister.

— Mais oui, répliqua Harry, une pointe d'agacement dans la voix.

Il renifla, se frotta les yeux du revers de sa main.

— Ce n'était qu'un cauchemar. Tout va bien, Marcus. Retournez vous coucher.

Marcus fronça les sourcils. Il venait de se souvenir du charabia qu'avait baragouiné Harry avant de se réveiller et voulut lui demander tout de go ce que représentait pour lui Nola Kellergan, gamine disparue depuis maintenant trente-deux ans, avant de se raviser : il valait mieux ne pas le brusquer sous peine qu'il ne s'énerve à nouveau.

Rimbaud et LolitaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant