Clair-Obscur

Chap 10 : Beluets

Dimanche matin.

Dans la cuisine, elle s'installe pour faire un petit déjeuner : pain, œufs, lait, oranges, sucre, café. Tout y est.  Elle s'étonne de tout trouver car elle n'a pas fait les courses depuis assez longtemps.  Son père ?  Elle en doute.  Sûrement la voisine, Madame Vasquez, qui leur apporte parfois des plats pour tenter de les aider.

Elle prépare un smoothie, brasse le mélange pour le pain doré, met la table...   Le soleil entre par les rideaux de dentelles ornés de marguerites.

Elle prépare le café.  La cafetière glougloute bientôt, rajoutant un fond sonore rassurant.  Elle fait chauffer la cuisinière et dispose des oranges dans une assiette.  Elle entend les oiseaux, par la fenêtre entrouverte, qui chantent dans l'air cristallin et pur.

C'est dimanche matin et la maison embaume le café et le pain doré dont elle dépose les premières tranches dans la poêle.  Au bout d'un moment elle se sent presque bien.

C'est comme d'habitude.

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— Qui va goûter les petits bleuets ? chantonne Mariza tout en écrasant les petits fruits bleus dans un petit bol.  C'est Louann, la petite fille à maman ?

Elle approche la petite cuillère remplie de purée bleue des lèvres du bébé.  Bien assise dans sa chaise haute le bébé, de près d'un an, ouvre grand sa bouche et accepte le nouvel ingrédient.   La petite mâchonne avec attention en fronçant les sourcils, intriguée par cette nouvelle saveur.   Ses yeux pétillent ensuite de délice et elle tend la tête vers sa mère, la bouche béante pour indiquer son désir de recevoir à nouveau cet aliment délicieux.

Amusée par ce manège, Mariza lui en donne encore au grand plaisir de l'enfant qui murmure avec passion sa satisfaction.

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Pendant que la cuisson des premiers pains dorés se poursuit, elle dresse la petite table de la cuisine.  Elle a sorti les jolies assiettes et les tasses de faïence, celles avec les petites roses en boutons et le liséré doré.  Elle dispose aussi les serviettes de tables et les couverts.  Les verres à jus en cristal complètent l'ensemble avec harmonie.

De retour aux fourneaux, elle continue la cuisson des pains dorés, les enfournant au fur et à mesure pour les garder chauds.  Ainsi, ils pourront manger tous ensemble un bon petit déjeuner.

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— Qu'aimerais-tu sur ton pain doré, ma Loulou ?  Fraises ou bleuets ?

La petite fille grimpe sur l'un des tabourets de cuisine et s'agenouille en prenant appui de ses coudes sur le comptoir.

— Beluets ! répond-elle sans hésiter.

Elle étend la main pour s'emparer d'un de petits fruits bleus, dans le bol devant sa mère, et le gobe d'un coup.  Mariza, amusée par son petit défaut de langage, la semonce :

— Doucement Chérie, tu vas tomber.  D'accord, donc des « beluets » pour la demoiselle, mais seulement si tu t'assois correctement.

La petite s'installe sagement avec un grand sourire.

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Lorsque les pains dorés sont tous cuits, elle ferme la cuisinière, dépose le grand bol de la préparation et les ustensiles de cuisson dans l'évier pour les faire tremper.  Elle sèche ses mains et ouvre le frigo pour chercher...

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— Pour accompagner tes pains dorés, qu'est-ce que tu veux ?

La jeune fille, aux deux grandes nattes brunes, assise au comptoir fait mine de réfléchir.  Mariza la regarde, amusée, puis lave un casseau de bleuets sous l'eau courante du robinet de cuisine.

La jeune fille sourit :

— Je me demande pourquoi tu me poses toujours cette question maman ?

Les yeux attendris de sa mère se posent sur elle :

— Pour le plaisir, Louann.  Les « beluets » sont une joie pour moi.

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