Chapitre 2 - Pouet ! Pouet !

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Il y a deux choses qui m'énervent le matin : ne plus avoir de café et être dans les bouchons. J'ai ma thermos dans mon sac sur le siège à côté de moi, je suis donc dans l'autre catégorie : les embouteillages. C'est juste horrible. J'ai envie de klaxonner comme une hystérique et d'insulter le pauvre type qui est tout devant. Qu'est-ce qu'il fait, celui-là ? Il ne sait donc pas prendre un rond-point ou quoi ?

— Alors ?! Ça avance ?! râlé-je

Tout le monde klaxonne, tout le monde s'insulte et se fait des doigts. Je présume que le français moyen est doué en gestuelle.

— Hé ! La priorité, connard !

Ces gens qui ne savent pas conduire, je vous jure. Les plus dangereux, je dirais que ce sont les jeunes conducteurs avec leurs « A » aux fesses qui résonnent plus pour « abrutis » que pour « apprentis » et les vieux. Un vieux au volant, c'est définitivement dangereux. Moi, je serais pour qu'on leur refasse passer au moins le code à partir d'un certain âge. Cinquante ans ? Ouais, cinquante, c'est bien.

— Et le clignotant ?! C'est une option sur ta caisse pourrie ? m'écrié-je par la fenêtre en regardant la voiture passer à côté de la mienne.

—Ta gueule !

— Toi-même !

Je crois qu'en fait, les embouteillages, c'est une sorte de secte mystique, secrète. Tu ne peux pas être un bon automobiliste si tu ne parles pas le langage du frustré de la route coincé, ayant déjà cinq minutes de retard. Pour la énième fois de ma vie, je vais encore arriver en retard. À côté de moi, il y a tous les cyclistes qui se moquent de tout le monde. Ils pédalent à peine et passent devant la foule. Je les déteste. Sous prétexte que c'est bon pour la santé et que ça évite de créer des bouchons monstres, il faut pédaler. Jamais de la vie vous ne verrez Philippine sur un vélo ! Jamais !

— Allez ! Bougez-vous un peu ! Avance, toi ! continué-je à beugler tandis qu'une partie de moi est intimement convaincue que je n'arriverai jamais à l'heure au travail.

— Oh, y a pas le feu au lac ma p'tite dame, me répond alors un homme d'une soixantaine d'années, tout sourire

Pas le feu au lac ? Pas le... J'ai dix minutes de retard, mon patron est certainement d'humeur massacrante, mais à part ça, tout va bien ! Il n'y a pas le feu au lac. Toi, t'es certainement pas de la région pour dire ça. Fais voir ta plaque... Ah... Je m'en doutais. Un campagnard. Ils roulent tous au rythme des vaches, ces gens. Une autre espèce encore.

— Allez ! Avancez, avancez, avancez !

Je vois alors un deux roues s'avancer pour se mettre à hauteur de ma voiture. Eux, je les déteste.

— Vous ne voyez pas que je suis déjà sur la voie ? signalé-je.

— Et alors ? La route n'est pas à vous, me rétorque-t-il avec autant de dédain que possible.

— Votre... engin est un peu trop près de mon rétroviseur.

— Elle est déjà abîmée, votre caisse, de toute façon, dit-il en lançant un rapide coup d'œil sur mon automobile

Quoi ?! Alors d'une, ce n'est pas vrai, de deux, ce sont seulement des éraflures dues à ma charmante voisine d'à côté. Cette folle ne sait pas garer sa C3 correctement sans trop me coller et du coup, quand elle sort... Vlan ! Un grand coup de portière dans les dents. Des fois, dans mes rêves les plus fous, je me vois détruire sa peinture à coup de clés. Et sinon ? Quand est-ce qu'ils inventent les voitures volantes pour qu'on se sorte de tout ce bordel ? Lâchez le téléphone ultra intelligent et la télé ultra plate et faites-nous quelque chose d'utile, bon sang de bonsoir ! Inventez la voiture volante, par pitié !

Philippine - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant