Chapitre 61 - Vol à l'étalage

4.5K 694 124
                                    

Il pleut. Encore.

Ça va faire 4 jours que les nuages nous font pipi dessus et un brin de soleil serait le bienvenue.

Depuis le départ d'Olivier et de Timéo, j'ai pu plus ou moins avancer dans les travaux et le rangement. Le premier étage est quasi fini et il ne me restera plus que celui du haut : Les chambres.

Je n'ose même pas y aller. Je sais que c'est là-bas que se trouve son bureau, la chambre de mes grands-parents et tous les souvenirs que j'ai de mon enfance. Je redoute le moment où j'y serais forcément confrontée.

Durant ces quelques jours que j'ai pris pour moi, j'ai eu le temps de réfléchir à tout un tas de choses. C'est fou le nombre de pensées idiotes que l'on peut avoir à la seconde au lieu de se concentrer sur l'essentiel par exemple : « Pourquoi je n'écrirais pas en rouge sur le carton pour changer ? » On s'en fout putain !

Tous les deux jours, Olivier m'a appelée. Je ne sais pas s'il voulait vraiment de mes nouvelles ou si c'était, pour lui, un prétexte pour s'assurer que je sois encore vivante.

Il ne peut rien m'arriver dans cette maison, ou du moins, il ne peut plus rien m'arriver. J'ai évité les escaliers avec succès, la plomberie de la cuisine a été refaite avec un coup de clé et de tournevis, l'étagère du salon s'est effondrée sur elle-même au moment où je mettais le dernier livre en carton, à croire qu'elle n'attendait que ça pour rendre l'âme, du style « C'est bon, j'ai bien travaillé ».

En fait, je me suis contenté de faire du camping dans le salon en dormant sur le canapé et je ne suis sorti que rarement pour faire quelques courses histoire de ne pas mourir, rien de plus.

D'ailleurs, il faudrait que j'aille à l'épicerie, je n'ai plus de pâtes, ni de knacky.

La crise me touche. Les pâtes c'est la vie.

Mais clairement la météo joue contre moi et une telle averse ne me donne pas du tout envie de mettre le nez dehors, surtout que l'épicerie est à 10 minutes à pied.

Bon. Comme on le dit si bien :

« - Quand faut y aller, faut y aller. »

J'attrape mon parapluie, mais voilà que la première bourrasque de vent le tord. On dirait une antenne parabolique maintenant.

Merde.

« - Je n'aime pas la pluie ! »

Grand-père serait là, il rigolerait et me dirait sûrement : « T'es pas en sucre, tu ne vas pas fondre ». Non, c'est vrai. Je ne vais certainement pas fondre, mais je vais attraper la mort, ça c'est sûr !

« - Bonjour Made... »

L'épicier ne finit même pas sa phrase tandis qu'il me dévisage.

« - Quoi ? Vous n'avez jamais vu une éponge humaine ?

- Vous égouttez... »

Je m'approche de son comptoir en faisant exprès de secouer mes cheveux mouillés devant lui tel un chien se secouant alors que ce dernier est trempé.

« - Ah bah ça va mieux ! »

Prenant le premier panier que je trouve sur mon passage, je m'engouffre dans les minces rayons à la recherche des denrées de survie.

Ah ! J'ai plus de ketchup, faudrait que j'en rachète aussi.

« - C'est bon ? Vous avez fini ? »

Décidément, il ne me porte pas dans son cœur celui-là.

« - Vous êtes pressé ?

- Je n'ai pas de client, je pense fermer plus tôt.

Philippine - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant