Chapitre 25 - L'art et la manière de faire

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Il est hors de question que j'appose ma signature sur un quelconque document et c'est sans doute dans l'espoir que j'attrape ce fichu stylo devant moi qu'Olivier me regarde avec tant d'impatience dans les yeux.

Tu peux courir. Je ne signerai pas.

— Vous attendez la Saint-Glinglin, peut-être ?

— Non. J'attends le moment où vous allez baisser votre garde pour m'enfuir à toutes jambes.

— Grandissez un peu... soupire Olivier en poussant encore plus le stylo posé juste-là, devant moi.

— Je ne signerai pas. Qu'est-ce que vous n'avez pas compris dans mes propos ? J'ai pourtant été très claire, il me semble.

— Et moi je ne quitterai pas ce bâtiment tant que je n'aurai pas cet accord.

— Nous voilà donc dans une fâcheuse position, bien que je préfère la position horizontale de mon lit qu'il me tarde de rejoindre.

— Je ne veux pas savoir quelle position du Kamasutra vous faites chez vous, signez juste ce foutu document.

— Vous savez que, techniquement, pour valider l'accord, il vous suffit de prendre la première secrétaire de la société et ça passe ?

— Je sais, mais ce n'est pas la secrétaire du coin que je veux, c'est vous.

Sortie de son contexte, cette phrase fait très roman « érotique » à la 50 nuances de Grey et j'en passe.

« C'est toi que je veux. »

La dernière fois que j'ai personnellement entendu ces mots, ce n'était sans doute pas pour une partie de jambe en l'air. Loin de là.

— C'est dommage qu'on soit au troisième étage, sinon, je sauterais par la fenêtre, lancé-je pleine de désespoir de me retrouver coincée dans une pièce avec lui.

— Dois-je comprendre que ma compagnie vous déplaît ?

— Je vous l'ai dit non ? J'ai un rencard avec un type ignoble.

— Et moi avec une femme acariâtre. Cela nous fait une belle jambe, à vous et moi.

Un soupir las et alors plein de sens nous échappe simultanément tandis qu'un léger rire se joint à l'ambiance pesante de cette petite salle.

— Je peux rester toute la soirée assise sur ce fauteuil, vous savez ?

— Et je présume que rien ne vous fera changer d'avis ?

— Je ne vois pas pourquoi, j'ai démissionné. Même si je ne suis pas tout à fait dans les règles pour l'instant, ce qui ne saurait tarder, je ne travaille plus pour cette entreprise.

— Bien... Dans ce cas, je n'ai pas le choix.

Je l'observe se lever et me rejoindre en s'installant dans le fauteuil juste à côté du mien alors que je garde mes bras croisés contre ma poitrine, impatiente de quitter ce bâtiment pour de bon.

— Travaillez pour moi, me dit-il intimement convaincu par sa proposition.

T'as vu la Vierge ou quoi ?

— Et puis quoi encore ?

— Vous savez, plus d'une personne serait heureuse d'avoir une proposition immédiatement après leur démission et se jetterait sur l'occasion.

— Alors oui, certainement, mais pas moi. J'ai un minimum de respect pour moi-même pour ne pas ramper à vos pieds.

— Vous ne rampez pas ! Je vous propose de rebondir sur cette suggestion.

Philippine - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant