Chapitre 19 - Mamie Adélaïde aime les potins

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Les hôpitaux. On pourrait écrire toute une histoire dessus. Des chapitres entiers allant de cette ambiance morbide en passant par ces couloirs d'un silence pesant. On croise parfois un médecin ou deux, une infirmière, un interne et puis... des patients, des blessés ou malades en tout genre. Des condamnés, bien souvent, aussi. Ceux qui finiront leur vie entre ces murs.

Il n'y a rien de drôle dans les hôpitaux. Les gens y sont beaucoup trop sérieux, soucieux, inquiets... tristes.

Mais les patients, eux, sourient.

C'est étrange. Je ne sais pas comment ils font. Nous passons le plus clair de nos journées à nous plaindre, à nous apitoyer, à nous dire qu'on a eu une journée de merde et à côté, il y a ces gens. Ces gens qui, une fois que vous avez pris assez de recul sur votre situation, vous mettent une grande claque dans la gueule. Parce qu'ils arrivent à sourire.

Ils se savent malades, ils se savent mourants, et pourtant, ils vous passent devant et ils ont le sourire aux lèvres.

Comment ?

Donc quelques fois, je m'assois, là, sur un banc et je les regarde. Il y a des visages que je reconnais, que j'ai l'habitude de voir ou de croiser de temps en temps en rendant visite à mon grand-père et il y en a d'autres que je n'ai jamais le temps de côtoyer.

Ils partent avant. Bien trop tôt.

— Bon, un café !

Je me relève et me dirige vers la machine à café. Devant moi se trouve une femme de ménage avec sa serpillière et sa petite pancarte jaune « Attention. Sol glissant. »

Pff ! N'importe quoi !

Ni une, ni deux, avant même d'avoir atteint le distributeur, je me vois faire un grand écart subitement tandis que tout mon corps penche en arrière. Cependant, avant de m'écraser lamentablement au sol, je me sens soudainement rattrapée.

— C'était moins une ! fait une voix dans mon dos.

Je regarde mon bienfaiteur de la journée et le sauveur de mon coccyx.

— Vous ! remarqué-je en levant les yeux vers lui.

Olivier Joyeau est là et je suis actuellement dans ses bras.

— Ah. C'est vous.

Non sans un ton des plus déçu, il me lâche sans demander son reste, me laissant m'écraser par terre.

— Hé ! La galanterie, vous ne connaissez donc pas ?

— Si, mais disons que j'évite les efforts inutiles.

— Dois-je comprendre que je suis un « effort inutile » ? Relevez-moi.

— Le sol vous sied à merveille, vous devriez rester par terre.

Je finis quand même par me relever sous les regards des deux ou trois personnes passant dans le couloir qui me dévisagent étrangement.

— Je peux savoir ce que vous faites ici, Olivier ? l'interrogé-je curieuse du motif de sa visite.

— Je me promène, pourquoi ? Je n'en ai pas le droit ?

— Mais bien sûr... Avec vous, rien n'est dû au hasard.

— Après, l'adage veut qu'à question idiote, réponse idiote. Je viens pour des raisons personnelles. Et vous ?

— Même réponse.

— J'aurais dû m'en douter.

J'essaye de me focaliser sur le distributeur à quelques mètres de moi, mais Olivier est là. Juste devant, prenant, ou plutôt s'accaparant, tout mon champ de vision.

Philippine - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant