Chapitre 8 - Rendez-vous avec le trône

7K 1.1K 267
                                    

Certaines personnes, quand elles sont assises sur leur canapé pour manger, regardent la télé. D'autres, leur aquarium.

Moi, je regarde mon voisin.

— C'est complètement malsain ce que vous faites. Arrêtez, peste-t-il en me passant devant

— Désolée, je suis chez moi, je fais ce que je veux.

Parce que tu pourras courir chez Ikea demain matin à la première heure si ça te chante. Apparemment, y a une promo sur les paravents. C'est une bonne idée, ça, un paravent, bien que ça m'embêterait de plus avoir ma nouvelle vue.

C'est un peu comme si j'étais au zoo. Je le regarde tourner en rond, ranger ses cartons, se retourner vers moi pour râler quand il en a marre. J'aime bien.

— C'est du harcèlement, continue-t-il sans pour autant me voir bouger d'un chouia.

— Je ne vois pas en quoi. Je ne fais rien.

— Vous me détaillez du regard.

— Vous ? Non. Je constate seulement que vous remplissez merveilleusement bien vos jeans.

Voyant sa bouche former un « o » presque parfait, il s'empresse de se retourner à moitié pour regarder ses fesses.

Eh oui, mon gars, je reste une femme bien dans sa tête et dans sa peau. Y a pas que les hommes pour mater.

Nous aussi, nous avons nos petits plaisirs. Il ne faut pas croire.

— Vous violez mon intimité ! Arrêtez ça tout de suite !

Je n'ai rien fait. Il n'a pas été interdit de regarder le menu, il me semble.

— Je ne vous souhaite pas une agréable soirée ! Perverse, dit-il en s'enfermant dans la chambre.

— Vous vous y habituerez... Voleur ! crié-je de sorte qu'il m'entende.

Incapable de retrouver mon confort, même en ayant réussi à garder mes meubles, j'ai dû passer la nuit sur le canapé. Mine de rien, savoir qu'un trou béant permettant un accès facile à nos deux appartements ne m'a pas rassurée.

Bravo, Philippine ! Ne connais-tu pas le proverbe : « Il faut réfléchir avant d'agir » ? Je mettrais bien mon impulsivité sur le compte de mon horoscope, apparemment, cette semaine, je suis censée être sur les nerfs si je m'y fie.

Néanmoins, n'ayant pas encore eu le temps de raccrocher mes rideaux aux fenêtres, je suis réveillée aux premières lueurs du matin.

Un coup d'œil de l'autre côté... Il n'y a personne. Sans doute doit-il encore dormir.

J'ai mal au ventre. J'ai dû attraper un coup de froid en dormant sur le canapé ou quelque chose dans ce genre-là. À moins que ce ne soit la pizza d'hier soir qui était censée être à base de crème fraîche.

Les toilettes, les toilettes...

Attendez... Et s'il venait à m'entendre... ? S'il entendait que... ? Oh mon Dieu.

Tant pis ! J'y vais !

Par réflexe ou parce que mon cerveau, lui, ne s'est pas encore réveillé, j'ai foncé de l'autre côté du mur.

Je me serais crue comme dans « Game of Throne », j'ai franchi « Le Mur ».

Et, naturellement, mère nature a fait son œuvre.

Quand je ressors de là, soulagée et apaisée, Olivier se tient médusé devant moi, en caleçon.

— Oh... Bonjour...

Finalement, il n'y a pas que ses fesses à regarder.

— Qu'est-ce que vous faites là ?! Sortez d'ici tout de suite ! crie-t-il en se couvrant avec ses mains comme si ça servait à quelque chose.

— Ne hurlez pas de bon matin... C'est désagréable, bon sang.

Si tu insistes, je repars. Je ne vais certainement pas m'attarder chez le loup, pauvre petit mouton que je suis.

— C'est quoi cette odeur ?

Ah oui... Maintenant que tu en parles.

— J'ai fait caca ! Allez, bonne journée ! 

Philippine - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant