Chapitre 10 - Bécassine, c'est ma cousine

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Finalement, acheter un chat, c'est bien mignon, mais s'en occuper, c'est une tout autre histoire. Et là, je parle à tous les propriétaires de chats. Comment vous faites ? Comment vous survivez à ce rituel ?

La litière ! C'est horrible.

Je crois que ça doit équivaloir facilement aux couches des bébés.

Mais le plus drôle, c'est de devoir s'occuper de « ça » avant d'aller à un rendez-vous pour lequel vous êtes déjà bien en retard.

« Tu es où ? Tu fais quoi ? Ça fait dix minutes qu'on attend ! »

Et là, pas le choix, il faut s'expliquer.

« Je ramasse le caca de mon chat. »

Glamour. La sensualité à son état le plus brut !

Je. Ramasse. Le. Caca. De. Mon. Chat.

Il y a de quoi faire fuir un rencard à vie avec cette réponse.

— Tu fais chier, toi ! Comment un si petit corps peut faire des crottes monstres ? Et ne me regarde pas comme ça ! Tu sais ce que tu as fait ! Je vais être en retard par ta faute !

J'aurais dû acheter un lapin. Ça fait des cacas en forme de petites boules comme les céréales Nesquick.

Bon appétit !

— Vous allez quelque part ? me demande Olivier en me regardant accroupie devant ma litière. On pourrait presque croire que vous avez fait un effort vestimentaire si vous ne ressembliez pas à un épouvantail.

— Est-ce que votre avis m'intéresse ?

Je t'emmerde. Les hommes n'ont jamais eu un avis objectif sur la mode féminine. Il y a encore quelques siècles, l'idéal de beauté était d'avoir de belles formes rondes. Maintenant, c'est de ressembler à Barbie. Comment voulez-vous que l'on fasse confiance à des individus aussi versatiles ? Impossible.

— Et votre bête sauvage ? Vous allez en faire quoi ?

— Rien. Un chat, ça se garde tout seul. Sauf si bien sûr vous voulez faire du baby-sitting ?

— Jamais de la vie. Et d'ailleurs, ça n'a même pas intérêt à m'approcher.

— Appelez les pompiers en disant qu'un dangereux fauve a investi votre appartement, au pire. Je suis certaine qu'ils n'ont que ça à faire. Aider un pauvre homme ayant peur d'un chaton.

— Ah ! Ah ! Moquez-vous !

— Me moquer ? Non. Cela serait vous accorder trop d'importance. La preuve, je ne vous écoute que d'une oreille et je continue de me préparer en même temps. Je suis une femme polyvalente, moi, Monsieur !

— Polyvalente, sans doute... Femme est discutable, pouffe-t-il alors de rire tout seul dans son coin.

Connard. Tu te crois peut-être intéressant avec tes gros biscoteaux, hein ? Eh bien tu peux te fourrer le doigt dans l'œil !

— Vous savez ce qui est discutable ? Votre hygiène corporelle ! Ne levez pas les bras, arrêtez.

— Ah ; ça ?

D'un petit air sournois, il me regarde avec un grand sourire et m'annonce tranquillement :

— J'ai pété.

Je présume que c'est pour le « j'ai fait caca » de l'autre jour ? Cet homme ne lâche décidément pas l'affaire. Rancunier.

Mais ok. Un point partout.

— Vous êtes vraiment... commencé-je.

— Quoi ? Dégoûtant ?

— Irrécupérable.

— J'ai profité d'un courant d'air, rien de plus. Et je n'ai aucune leçon à recevoir d'une fille venant poser sa pêche chez moi !

— Alors déjà, c'était plus un melon qu'une pêche et...

— Stop ! Je ne veux pas savoir à quoi ressemble votre caca !

— Sachez juste que ça m'a soulagée...

— Je ne veux pas savoir...

Qui cherche trouve mon gars. Assume. Je pourrais te faire une journée à thème caca, sans problème. Je n'ai aucune gêne moi.

— Vous ne deviez pas partir, d'ailleurs ?

— Dit le gars qui me tient la grappe depuis cinq minutes. Je vais vous manquer, vous allez voir. Vous allez sentir ce vide soudain au fond de vous puis vous allez vous rendre compte à quel point je suis merveilleuse. Que dis-je ! Extraordinaire ! En le réalisant, vous allez vous mettre en boule sur votre canapé, à manger votre glace à la pistache et pleurer toutes les larmes de votre corps en attendant mon retour, lancé-je en mimant un moment dramatique comme dans les télénovelas où tout est toujours exagéré.

— Mais bien sûr... Dans vos rêves.

— Vous ne seriez pas le premier à tomber sous mon incroyable charme. Et je ne fais même pas mention de ma beauté évidente !

— Et de votre superbe égo également ! Finalement, faute de poser un melon chez moi, vous l'avez aussi ! Est-ce seulement possible d'avoir la grosse tête à ce point ?

— Que voulez-vous, les hivers sont froids, il me faut bien quelque chose pour me tenir chaud.

Je finis par quitter l'appartement en riant sans lui laisser le temps de me répondre autre chose. De toute façon, je ne vais pas lui laisser ce plaisir, j'ai autre chose à faire.

J'ai rendez-vous avec Capucine.

Capucine, c'est ma cousine ! Ah non, pardon... C'est « Bécassine ».

Oh, ça rime, c'est pareil et avec elle... On n'est plus à ça près.

Philippine - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant