Chapitre 9 - Chat alors !

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Je n'ai jamais été une bonne personne. Je veux dire, ça se voit, non ?

Je râle. Beaucoup. Beaucoup trop, même.

Je me plains sans cesse.

Je n'arrive pas à trouver un truc qui me plaît. Quelque chose qui me fait véritablement plaisir.

En fait, je trouve ma vie plutôt fade. Une routine bercée par le fameux : Métro-Boulot-Dodo.

Je n'ai pas d'ami donc je ne sors pas. Je m'aime assez pour sortir avec moi-même, mais le monde n'est pas prêt pour ça. Je n'ai jamais été chanceuse en amour parce qu'aucun homme n'a réussi, jusqu'à présent, à tolérer mon comportement.

Je pense que je devrais adopter un animal de compagnie. Pas un chien, je n'aime pas les chiens. En plus, faut les sortir régulièrement, c'est trop chiant. Puis c'est bête, un chien... ça court après une balle.

Oh... Mais attendez... Ce n'est pas aussi ce que font les hommes quand ils jouent au foot ?

Il est évident que je ne prendrai pas un rongeur non plus, ils ont une fâcheuse tendance à finir sous ma basket, collés comme un vieux chewing-gum.

Peut-être un chat. C'est bien, un chat. C'est vicieux et sournois. Un animal à mon image.

Ni une, ni deux, je fonce à l'animalerie la plus proche.

C'est ce que l'on appelle un achat compulsif.

— Bonjour, Madame, je peux vous renseigner ? me demande une vendeuse tout sourire tandis que je tourne en rond dans l'animalerie

— Où est-ce que vous rangez les chats ?

J'ai l'impression de lui avoir demandé où elle rangeait les petits pois.

— Suivez-moi.

Je suis la vendeuse jusqu'au fin fond de l'animalerie avant de trouver mon bonheur.

— Vous avez un désir particulier ?

— Oui, oui ! Pas un rouquin, déjà.

Non pas que j'aie une dent contre les roux, mais je ne supporterais pas qu'on confonde mon chat avec Garfield... ou pire... Ron Weasley.

— Et celui-ci ? me propose-t-elle en attrapant un deux couleurs.

— Non, il a une tête bizarre.

On dirait qu'il louche.

— Celui-là ?

—Trop maigre.

Je préfère avoir une boule de poils. Une vraie boule de poils. Genre, un angora !

— Oh, celui-là ! me précipité-je en le pointant du doigt.

— Le tout noir ?

Elle me regarde comme si j'étais une sorcière venant chercher son chat noir. Oui, et alors ? Si j'en étais une, j'aurais arrangé ton vilain nez crochu.

— Y a-t-il un souci avec mon choix ?

— Non, non Madame...

— Ah. Vous me rassurez. Non parce que je pensais que l'adage des commerces c'était « le client est roi ». Il serait dommage que je ne puisse pas avoir ce que je veux et que votre boutique en ressorte avec de mauvaises critiques sur le net, n'est-ce pas ?

— Tout à fait... Pardonnez-moi. Je vais de ce pas m'occuper du nécessaire pour que vous puissiez repartir avec le chat.

C'est ça, va bosser un peu.

Après avoir récupéré mon nouvel animal de compagnie, il ne me restait plus qu'à lui trouver un nom. Un nom convenable. Hors de question de l'appeler « Gros tas », « Minou », « Minette » et j'en passe.

Il me faut quelque chose d'original.

Déjà... Je n'ai pas vérifié, mais... C'est un chat ou une chatte ?

— Viens par-là, toi ! regardé-je en l'attrapant dans mes bras.

Ah.

C'est une fille.

Je voulais l'appeler « Drogo » en l'image de « Khal Drogo », mais bon. Quoi ? Oui, je suis une grande fan de Jason Momoa, et alors ?

Bon, trouve un autre prénom, Philippine.

Oh ! Je sais ! Autant qu'on sache que c'est mon chat.

— Je vais t'appeler Bora.

Comme dans « Bora Bora », comme ça, je ne serais plus la seule avec un prénom d'île ! Enfin !

Une fois à la maison, je libère la bête dans le salon de l'appartement tandis qu'Olivier nous observe d'un coin de l'œil.

— Qu'est-ce que c'est que ça ? demande-t-il en pointant la boule de poils du doigt avec un air de dégoût.

— Un chat, cela ne se voit-il pas ?

— DIABLERIE !

Ce n'est pas comme si j'avais acheté un de ces chats sans poil totalement flippant non plus. On se calme.

— Je suis allergique ! Éloignez cette bête de moi !

— Elle est à trois mètres de vous... Et puis au moins, si vous mourez, je pourrais récupérer mon appartement.

— Avouez-le. Vous l'avez fait exprès.

— Totalement. De toute évidence, je suis télépathe et j'ai lu en vous. Ainsi, j'ai su que vous étiez allergique aux chats et j'ai décidé d'en acheter un. Totalement mon genre, oui.

— Sorcière, peste-t-il en me fusillant du regard.

— Démon, répliqué-je en lui tirant la langue.

C'est parce que j'ai un chat noir, c'est ça ? Hein ? Il paraît qu'ils sont porte-malheur, mais je n'y crois pas vraiment.

— Éloignez cette chose de moi !

Pauvre Olivier.

— Vous savez, un proverbe connu dit : ce n'est pas la petite bête qui mangera la grosse.

Et toc !

— Dites, Monsieur Caillou...

— C'est Joyeau ! Joyeau ! Ce n'est pourtant pas si compliqué !

— Bref... Quand vous êtes allergique... Vous gonflez de partout et vous êtes en insuffisance respiratoire ou pas ?

— Pourquoi ? En quoi cela vous concerne-t-il ?

Pure curiosité. Pourquoi, je n'ai pas le droit de savoir ?

— Non, non comme ça, je me demandais combien de temps vous mettriez pour passer l'arme à gauche.

— Et vous ferez quoi de mon corps ?

— Hmm... Mme Roland a le dernier Thermomix... Je pourrais le hacher.

— Et les petits bouts ? Hein ?

— Dans l'aquarium du concierge ! Je suis sûre que finir en bouffe à poisson, ça vous irait bien. Après tout, vous avez une tête de poisson-clown.

Je devrais peut-être l'appeler Némo alors, non ?

Philippine - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant