Chapitre 50 - Qui ne tente rien n'a rien

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Je ne suis pas revenue dans cette maison depuis très, très longtemps. À partir du moment où j'ai eu l'âge d'avoir un job et des économies, je me suis directement propulsée vers la ville et la vie d'adulte. Je n'ai pas regardé en arrière et je ne voulais pas le faire. Ça, c'était jusqu'à ce que l'on m'appelle pour me dire que mon grand-père allait se faire hospitaliser. À partir de cet instant, j'ai su que les autres membres de la famille allaient veiller, rôder autour de cet héritage que finalement, ils n'auront jamais.

— C'est...

— Bordélique.

Olivier me regarde comme si je lui coupais la parole tandis que j'avance vers le salon.

— Il y a tellement de choses, mon Dieu, je ne sais même pas par où commencer.

— Est-ce que tu veux vraiment le faire maintenant ? Je veux dire, on peut attendre un petit peu, si tu préfères.

— Non, non, maintenant, c'est bien. J'ai hérité ça de lui. Il n'a jamais aimé que les choses traînent et nous nous sommes mis d'accord sur ce point-là. Va voir à l'étage si tu peux trouver des caisses ou des cartons.

— Pas de problème.

À peine Olivier a-t-il commencé son ascension des escaliers qu'un fracas ainsi qu'un juron se font entendre.

— Qu'est-ce que...

Je le vois alors au milieu des escaliers, une partie de la jambe ayant passé au travers d'une marche. Littéralement.

— Attends, j'arrive.

Je l'aide à se sortir de ce pétrin avant de l'accompagner jusqu'au sofa, voyant la déchirure de son pantalon et le sang s'étaler dessus.

— C'est moche. T'as mal ?

— Non... ça va.

Mais bien sûr, tu fais une grimace juste pour rigoler, alors ? Ah, les hommes et leur fierté, je vous jure !

— Je reviens, attends-moi là-bas.

— Je te rassure, je ne compte pas aller bien loin.

Je me dirige dans la salle de bain au bout du couloir pour voir s'il n'y avait pas un antiseptique ou quelque chose dans le genre.

— Tu trouves ton bonheur ?

— Non et toi ? Tu tiens le coup ?

— Je ne vais pas me vider de mon sang, si c'est ce que tu demandes.

— C'est certain. Si tu parles encore, c'est que tu n'as pas si mal que ça, tout compte fait.

— Je te l'avais dit. Ce n'est pas une petite éraflure de rien du tout qui va m'affoler. Ça chatouille, c'est tout.

— Dans ce cas, je vais à la pharmacie d'à côté, je reviens.

J'attrape les clés de sa voiture et vais chercher de quoi m'occuper de sa plaie avant de revenir avec tout un attirail.

— Bon, surtout, tu ne bouges pas.

— Pas de problème.

À peine ai-je approché le coton que je l'entends déjà gémir dans son coin.

— Ça pique !

— Je ne t'ai pas encore touché.

— Ah ouais ? Bah, ça doit être les effluves, alors.

— Mais bien sûr... Bon, sois un gentil garçon et ne bouge pas, sinon, je vais t'en mettre partout.

Et là, c'est le drame. Dès que le coton entre en contact avec sa blessure, il a ce réflexe de lever cette dernière.

Philippine - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant