Chapitre 22 - Course poursuite

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Clé sur le contact, je suis prête à partir. Je me suis empressée de démarrer, de faire ma marche arrière et de quitter l'immeuble avant Olivier que je n'ai pas vu arriver.

J'ai de l'avance. J'ai de l'avance sur lui.

Bien joué, Philippine ! En avant toute !

— Qu'est-ce que...

Ma joie est de courte durée, car à peine ai-je quitté la rue de l'immeuble que je suis prise dans une série d'embouteillages.

— Sérieusement ? Avance, bordel ! Allez ! Je n'ai pas que ça à faire !

Et là, dans une légère sonnette, je vois Olivier me passer à côté, en vélo, tout sourire en me faisant un beau et magnifique doigt.

— Bien fait pour vous !

J'y crois pas... À vélo ? Vraiment ?

Hors de question que je le laisse gagner.

Je gare ma voiture devant une boutique et descends en courant, réquisitionnant le premier vélo électrique que je trouve non loin de moi.

— Vous, là ! Poussez-vous, c'est une urgence ! Au nom de ma fierté, je réquisitionne cette bicyclette !

— Hé !

— Pousse-toi, bordel, ou je te mords !

Je grimpe dessus et me voilà partie à la poursuite de mon voisin en ayant l'impression de ne plus savoir comment on pédale. Qui est le connard qui a dit que le vélo, ça ne s'oublie pas ? La dernière fois que j'en ai fait, je devais avoir dix ans.

Devant un feu rouge, j'aperçois Olivier arrêté tandis que je le rattrape en faisant retentir ma sonnette.

Tu vas voir ce que tu vas voir, mon coco, il est hors de question que tu arrives le premier là-bas.

Arrivant sur sa droite, je me mets à sa hauteur tandis que le feu s'apprête à changer de couleur, annonçant le départ pour la course la plus monstrueuse que je n'aie jamais faite.

— Vous êtes déjà à bout de souffle, chère voisine ? s'amuse-t-il tandis que j'ai l'impression d'avoir perdu un poumon dans la course.

— Du tout, seulement une petite toux passagère.

— Vous ne tiendrez pas le rythme, vous allez vous fatiguer bien trop vite.

— Vous voulez parier ?

— Je ne parie pas quand je sais que j'ai raison. Soyez bonne joueuse, abandonnez.

— Jamais.

À peine le feu passe-t-il au vert que je donne un grand coup de pied dans son vélo, pédalant à toute vitesse.

— Sale tricheuse !

Pédale, Philippine ! Pédale ! Il est juste derrière toi !

— Vous êtes mauvaise joueuse et en plus vous trichez, Philippine !

— Du tout ! Vous êtes tombé tout seul de votre vélo, un peu comme un footballeur sur un terrain. Un courant d'air et hop ! Au sol.

— Mauvaise foi !

— Simple observation de ma part !

Alors ? Je croyais que je ne devais pas tenir le rythme, mais je vois que ça a du mal à me rattraper. Ça fait moins le malin, hein ?

— Vous devriez faire attention à votre conduite ! Vous allez un peu trop vite !

— Je fais mon sport !

— En robe ?

— Dit celui qui pédale en costume !

— Vous n'avez pas entendu parler de la conduite citadine ?

— Ce n'est certainement pas ce que nous sommes en train de faire !

— Si vous arrêtiez d'aller si vite, on pourrait discuter d'égal à égal.

— Pour que vous puissiez profiter d'un moment de faiblesse ? Non merci.

— Tout est question de compétition, pour vous ?

— Pas spécialement, mais au point où nous en sommes, nous menons une guerre, vous et moi.

— La faute à qui ?

— À celui qui s'est installé chez moi !

— Légalement ! Je suis le propriétaire de cet immeuble et vous n'êtes pas à plaindre, vous avez emménagé juste à côté.

— De force ! Rendez-moi mon appartement !

— Si je vous le rends, vous arrêterez ?

Un coup de frein. Je ne sais pas pourquoi.

Sur le moment, j'ai freiné aussi fort que je le pouvais, certainement prise par surprise devant une telle annonce.

—Vous me le rendriez ?

Et là, je le vois me passer devant, me tirant la langue.

— Jamais de la vie.

Je rêve ou...

— Sur ce, c'était bien sympa, mais je pars devant !

— REVENEZ-LÀ !

Espèce de petit enfoiré de merde. 

Philippine - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant