On peut toujours tomber plus bas - 1

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3. On peut toujours tomber plus bas (la fosse à purin a un double fond, juste pour toi)

Drago meurt à nouveau. 

Drago meurt toujours dans les rêves de Harry ces derniers temps. Nuit après nuit, il se réveille dans des draps entortillés, le cœur battant et la gorge douloureuse, comme s'il avait passé sa nuit à crier. Parfois, c'est le Feudeymon. Parfois, c'est le labyrinthe : Voldemort le condamne d'un « Tue l'autre » nonchalant et Drago, vêtu d'une robe Pouffsouffle incongrue, s'écroule dans le néant d'une lumière verte et violente. 

Parfois, Harry hurle Sectumsempra et Drago se vide de son sang sur le carrelage des toilettes. 

Et parfois, il... meurt juste. À un moment, il se tint là, à regarder Harry avec un drôle d'air perdu qu'on ne lui a jamais vu en vrai, et l'instant d'après, il tombe, comme si quelqu'un venait de lui arracher le cœur. Et Harry reste planté là alors que la lumière dans les yeux de Drago s'éteint. 

Ce sont les pires nuits. 

Enfin, Harry pensait que c'était les pires. Mais en vérité, le pire c'est ça : rêver que Drago meure et se réveiller avec ce mélange familier de culpabilité, de honte et d'agacement, et trouver Drago – non, trouver Malefoy – penché au-dessus de son lit en train de l'observer comme s'il était une créature particulièrement dégoûtante dans un bocal de formol. 

Malefoy a dû s'entraîner dur pour parvenir à former cette expression – et il la gardait en réserve pour une occasion spéciale. 

— Est-ce que ça va être quelque chose de récurrent, Potter ? demande-t-il avec dans la voix un mélange d'ennui et de mépris qui rend Harry fou. Je veux dire, que tu nous réveilles en gémissant, tout transpirant. Parce que franchement, Potter, si tu comptes faire des rêves érotiques sur les Weasley chaque nuit, je préférerais franchement que tu ailles mourir plutôt que de nous infliger ça, merci.

Une bonne demi-douzaine de réponses rageuses lui passent par l'esprit tandis que son visage s'embrase comme un chaudron sur des flammes trop chaudes. Il se décide pour :

— Pourquoi est-ce que toi tu n'irais pas mourir, Malefoy ?

Il se passe une main sur le visage avant de prendre sa baguette sous son oreiller et de jeter un Accio à ses lunettes. 

Son environnement se fait plus net, mais toujours aussi verdâtre et déprimant. Les rideaux autour de son lit sont toujours presque complètement tirés, à part une fente par laquelle Harry... ne voit pas Malefoy. 

— Tu ne comptes même pas défaire tes bagages ? demande-t-il d'une voix méprisante, quelque part au pied de son lit. Alohomora Oh, berk. Est-ce que tu t'es racheté des sous-vêtements depuis que tu as onze ans, Potter ? Tu m'étonnes que tu n'aies pas réussi à garder ta copine – même les Weasley ont des standards, j'imagine. 

Harry bondit hors de son lit plus vite que s'il avait été frappé d'un maléfice de bouge-ton-cul et sa baguette est sur la gorge de Malefoy avant qu'il ne puisse se rendre compte que Malefoy n'est pas vraiment en train de fouiller dans sa malle. En fait, il est appuyé à l'une des colonnes sculptées de son propre lit, les bras croisés, jusqu'à ce que l'une de ses mains vienne agripper Harry par le col de son tee-shirt trop grand. Pour l'attirer plus près ou pour le repousser, voilà que soudain, Harry ne sait plus trop. 

— Continue, je t'en prie, Potter, le provoque Malefoy dans un demi-murmure. 

Il renverse la tête de côté pour exposer davantage son cou. 

— Tu sais que tu en crèves d'envie. 

Une boule d'incompréhension se noue quelque part dans la poitrine de Harry et il se force à abaisser sa baguette et s'arrache à la prise de Malefoy pour reculer. Il y a une marque rouge sur le cou de Malefoy, et celui-ci y porte ses doigts d'un air pensif. Il porte un pyjama en flanelle très vieux-jeu avec des rayures bleu pâle, et il est pieds nus. Toute la situation apparaît subitement à Harry comme parfaitement incongrue, et il réprime un éclat de rire – même si c'est probablement plus une réaction hystérique qu'un réel amusement. 

— Juste un conseil, Potter, dit Zabini dans un bâillement. 

Les rideaux de son baldaquin glissent sans effort tandis qu'il s'assied dans son lit. 

— Si tu veux vraiment faire enrager Drago, essaie de l'ignorer de nouveau. Je peux te dire : il n'a jamais été plus obsédé par toi que quand tu as arrêté de le pister. Il n'arrêtait pas, dit-il avec l'air de beaucoup s'amuser. 

Il s'arrête à peine pour bloquer le maléfice que Malefoy lui balance. 

— Va te faire, Blaise, crache Malefoy, avec des yeux qui lancent des flammes. 

— Il va falloir que tu fasses la queue, mon cœur, répond-il avec un grand sourire. 

Il s'étire et ses muscles roulent sous sa peau. Il pointe sa baguette vers sa tête et ses cheveux coiffés en une coupe afro bien nette se réarrangent en nattes tout aussi nettes. 

— Je ne peux pas commencer ma journée en ressemblant à rien, n'est-ce pas, dit-il comme Harry le regarde fixement. 

Il glisse hors des couvertures et se perche au bord du lit. Un petit miroir à main posé sur sa table de nuit vient flotter devant lui et il s'y examine d'un œil critique, sous toutes les coutures. Il passe la main sur son torse nu en pivotant. Harry est à moitié convaincu qu'il va finir par coller ses propres lèvres à son biceps et il ne peut détacher ses yeux de lui. Personne à Gryffondor ne s'est jamais observé d'aussi près dans un miroir le matin. Il s'est parfois dit que Seamus avait l'air un peu plus net en sortant de la salle de bain qu'en y entrant, mais ça aurait aussi bien pu être un coup de chance. Quant aux cheveux de Harry, ils semblent résistants à toute tentative de domptage. 

Penser à ses cheveux rend Harry nerveux et il essaie – en vain – de s'empêcher de les peigner avec ses doigts. Il sait par expérience que ça ne fait qu'empirer les choses. Le regard que Malefoy lui jette est particulièrement méprisant et ne s'améliore pas quand quelque chose de pervers en Harry le pousse à dire, sur la défensive :

— C'était une décision mutuelle, de toute façon !

Tatoué sur mon cœur  - DrarryWhere stories live. Discover now