Jeux de mains, jeux de vilains - 4

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Harry ne sait pas quoi faire de lui-même. Il est assis au bout de son lit et prend une autre grande gorgée. Peut-être que s'il ingurgite suffisamment d'alcool il pourra accomplir une sorte d'auto-Oubliettes. Ça n'a pas besoin d'être une perte de mémoire totale ; il faut juste qu'il oublie la mine critique de Malefoy tandis qu'il balaie des yeux un gigantesque pénis circoncis qu'il ne trouve visiblement pas assez bien pour lui.

— Ce n'est pas terrible pour une Grande Nuit, dit Malefoy en refermant le magazine.

Il le renvoie à Zabini qui le passe à Harry. Celui-ci le prend machinalement, et puis il ne sait pas quoi en faire. Il est à peu près sûr que s'il l'examine de plus près, ça ne lui donnera pas une érection, juste des complexes.

Par contre, s'il continue à regarder Malefoy, l'érection ne sera pas un problème. En dépit de son air ennuyé, son visage rosit d'une façon qui attaque sérieusement la tranquillité d'esprit de Harry.

— C'est assez nul le porno moldu, dit Zabini en s'asseyant sur le bord du lit de Malefoy. Bouge.

Malefoy bouge et Zabini s'installe, jambes croisées à côté de lui et pose le livre de poche qu'il tient à la main sur la couverture.

— Ce n'est pas comme si tu devais être fier de ta collection, dit Malefoy en fronçant le nez. Une vieille enveloppe dégueulasse pleine de photos qu'il faut désinfecter avant de toucher.

Il frisonne.

— À moins que tu comptes ta Pensine ridicule dans le tas ?

— La data-branle n'est pas ridicule, dit Zabini.

Harry essaie de respirer sa boisson et trouve ça difficile.

— C'était quoi ça ? demande Malefoy poliment.

— Oh, je suis juste en train de mourir étouffé, ne vous en faites pas pour moi, parvient à articuler Harry une fois qu'il a plus d'air que de whisky dans les poumons.

— Si tu es sage, je te laisserai l'utiliser, dit Zabini en s'adressant à lui au grand affolement de Harry. Il y a un souvenir de cette barmaid au Trois balais qui se penche, tu peux voir jusqu'à son...

Il s'interrompt, perdu dans ses pensées, et puis ses lèvres esquissent un sourire.

— Mais je doute que tu serais intéressé. Je n'ai pas de souvenir de Drago en train de se pencher. J'essaie d'effacer ce genre de choses de mon esprit.

Malefoy bouge avec une rapidité surprenante : une bourrade ferme et Zabini tombe du lit et se retrouve au sol, les quatre fers en l'air.

— Aïe ! se plaint-il.

— C'était mérité, répond Malefoy en haussant les épaules. La « data-branle » de Blaise, explique-t-il à Harry, le menton posé sur ses bras croisés, est une collection de souvenirs pathétiques rassemblés par lui et les autres qui font les gros dégueulasses avec les pauvres filles qui ont eu le malheur de croiser leur chemin.

— Ce n'est pas pathétique, c'est noble, rétorque Zabini depuis le sol. Je pourrais molester ces beautés. À la place, je me contente d'admirer.

Malefoy renifle.

— Bref, c'est quoi ça ? demande-t-il en ramassant le livre qui se trouve à côté de lui.

Le sortilège de silence de Nott craque dans un pop et la pièce résonne soudain de ses soupirs et grognements et des ressorts du lit qui grincent.

— Plus vite ! Plus fort ! l'encourage Zabini. Allez, allez !

— Putain de... dit Nott, et sa phrase est coupée alors qu'il remet le sort en place.

Harry sent ses joues devenir de plus en plus rouge.

— Je l'ai piqué à Pans' qui l'avait piqué à Bullers, répond Zabini à Malefoy comme s'il ne venait pas juste d'encourager Theodore Nott à se branler plus vite et plus fort. Tu sais que ça fait un moment qu'elle lit des romans moldus, pour appuyer ses recherches ou je ne sais quoi ?

Il a un peu la voix de quelqu'un qui explique à un Guérisseur, avec une infinie tristesse, que sa grand-mère porte un chat en guise de bonnet et qu'elle chante en boucle une chanson parlant de poisson alors que peut-être elle aurait besoin d'être examiné au service Janus Thickey.

— Apparemment, elle est passée des romances à la con à la littérature érotique. Pansy le lui a chipé quand elle a vu de la fumée sortir des oreilles de Bullers, et elle a pensé à moi. Et moi, je me suis dit que tu pourrais nous faire la lecture.

Harry aimerait être capable d'apprécier le fait que Millicent Bullstrode lit des romans moldus de son plein gré – ce n'était pas gagné – mais il est trop pris par sa tentative de ne pas entrer en combustion spontanée à l'idée que Malefoy pourrait lire de la littérature érotique à voix haute. Il n'est pas sûr que son cœur tienne le choc. Au loin, la mort lui fait signe, suave.

Malefoy fait défiler le livre et parcourt rapidement les pages des yeux.

— Une fille comme il faut ne lirait jamais ces saletés, dit-il en reniflant. Écoutez ça : Elle se laissa tomber à genoux et frotta sa joue contre son entrejambe. Même à travers le jean, elle sentait son énorme érection et elle se mit à saliver. Elle défit rapidement sa braguette et découvrit qu'il ne portait pas de sous-vêtement. Son sexe imposant jaillit librement et elle le prit dans sa bouche et commença immédiatement à le sucer. Il avait un goût viril et il gémit, durcissant encore plus alors que sa langue...

— Ça va, Potter ? interrompt Zabini en ricanant. On dirait que tu as besoin d'un peu d'air frais.

— Ça va, répond Harry, et à sa grande horreur sa voix sort super aiguë. Ça va, répète-t-il, et cette fois c'est trop bas.

Il ferait aussi bien de se tuer tout de suite, pense-t-il. S'il est obligé de continuer à entendre Malefoy lire un récit érotique, il fera une crise cardiaque de toute façon, et au moins s'il meurt tout de suite il conservera peut-être un tout petit peu plus de dignité.

— Ravi de l'entendre, dit Zabini d'une voix tonique.

Il ricane de nouveau.

— On va baisser la lumière alors, et puis Drago tu pourras lire un peu plus, pour nous bercer.

Tatoué sur mon cœur  - DrarryWhere stories live. Discover now