De ton cœur, le désir - 2

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Harry ouvre avec précaution la porte du cachot et jette un œil au-dehors pour vérifier qu'il n'y a personne.

— Pourquoi est-ce que tu m'as tiré de mon lit pour me faire arpenter les couloirs en pyjama, si je peux demander ?

Malefoy est échevelé et il baille de nouveau. Il tire sur le col de son pyjama comme s'il se sentait vulnérable. C'est probablement un peu le cas, pense Harry qui se sent coupable. Le haut de pyjama de Malefoy n'est pas tout à fait suffisant pour recouvrir le bord de la marque sœur. À chaque fois qu'il bouge, Harry la voit briller à la base de sa gorge.

— J'ai eu une idée, dit Harry en prenant le chemin des escaliers.

— Je n'en crois pas mes oreilles, marmonne Malefoy derrière lui.

— Il n'est peut-être plus là mais...

Harry s'interrompt. Est-il vraiment probable que le Miroir du Risèd soit toujours là où il l'a laissé, toutes ces années après ? Il carre les épaules. Il ne lui reste plus qu'à espérer.

Au moins, la trappe est toujours là quand ils arrivent au bon endroit dans le couloir du troisième étage. C'est un bon début. Harry l'ouvre et Malefoy hausse les sourcils.

— Navré mais... c'est quoi ce délire ?

Harry hausse les épaules, lance un Charme Amortisseur et se jette dans l'obscurité. Il y a une vague odeur d'humus quand il touche le sol dans un rebond et un « pam » désagréable, mais à son net soulagement, le Filet du Diable est mort même si quelques vrilles s'enroulent tristement à ses chevilles et ne le relâchent que quand il les piétine sans douceur.

Quelques secondes plus tard, Malefoy rebondit aussi et le percute, lourd et fort.

— Pfouf, dit-il. Qu'est-ce que je fais là, Potter ? Je dois être fou.

— Viens, dit Harry en ouvrant le chemin à travers les souterrains.

C'est perturbant de revisiter son passé ainsi, chaque pièce comme un mémorial troublant et abandonné de ses bravoures d'enfance. Comment a-t-il fait ? Comment est-ce qu'ils ont fait ? Juste se tenir ici maintenant lui donne envie de partir en courant, et il n'y a plus aucun danger, juste un écho du mal, disparu depuis longtemps. Les énormes pièces d'échec reposent là, inanimées, et la chambre des potions, avec ses ruses et ses poisons, est silencieuse et tranquille, les flammes éteintes et le contenu des flacons évaporé depuis longtemps.

Il s'est convaincu que le miroir ne sera pas là quand il arrive dans la pièce finale avec un Malefoy étrangement silencieux à ses côtés. Mais il est là, sombre et menaçant à l'autre extrémité de la pièce. De là où il est, il ne voit pas son reflet, juste la surface lisse et pleine d'attentes du miroir, froide et plate, comme une eau dormante.

— Eh bien, ça, ça n'a pas l'air maléfique du tout, déclare Malefoy avec sarcasme, et ça rompt en partie la tension.

Malefoy éternue. La pièce est poussiéreuse, se rend compte Harry, comme si personne n'était venu ici depuis... eh bien depuis qu'il a empêché Voldemort de se saisir de la Pierre Philosophale, quand il avait onze ans. Peut-être qu'il aurait dû attendre qu'il fasse jour pour ramener à la vie ces vieux fantômes poussiéreux, mais c'est trop tard maintenant.

— Ça s'appelle le Miroir du Riséd, explique Harry en passant d'un pied sur l'autre.

La poussière se lève en nuage et le fait tousser.

— Putain de lutin, jure Malefoy. Et tu penses que cette monstruosité est une bonne idée pour quelle raison, au juste ?

— Comment tu sais ce que c'est ? demande Harry.

Il ne savait pas que l'existence du miroir était connue. À le voir maintenant, dans sa tombe morne et poussiéreuse, ça semble peu probable.

En plus, pense-t-il sans pouvoir s'arrêter, si Zabini était au courant, il l'aurait déjà ramené dans leur dortoir pour l'utiliser dans un jeu sexuel sordide, ou au moins pour se regarder dedans. Harry soupçonne que le désir ultime de Blaise Zabini, c'est Blaise Zabini.

— Mon père était le bras droit du Seigneur des Ténèbres, en gros, dit Malefoy. Tu penses que je ne suis pas au courant de comment tu as fait foiré son retour en première année ?

Il hausse les épaules et sa voix se fait acide.

— Enfin, il ne me l'a dit que bien plus tard, mais il me l'a dit quand même. Il surveillait de moins en moins sa langue quand j'étais dans les parages au fur et à mesure que son pouvoir s'évanouissait.

Il fixe le miroir tout en parlant. Il semble incapable d'en détacher les yeux.

— Tu n'es pas obligé, dit Harry.

Son cœur tambourine dans sa poitrine tandis qu'il se rapproche d'un pas.

— Je veux juste... j'ai besoin de savoir, d'accord ?

Malefoy l'attrape par l'arrière de son tee-shirt.

— Et si c'est la mauvaise réponse, espèce d'idiot ?

Harry s'arrête et se retourne.

— Tu ne veux pas en être certain ?

L'expression de Malefoy est très tendue.

— J'en suis déjà certain, Potter. J'ai utilisé mon cerveau et il m'a donné la bonne réponse. Je n'ai pas besoin d'un miroir magique pour lire dans mon esprit... je peux y lire tout seul.

Harry pense que c'est une bravade et il est impressionné, mais...

— Et ben, tant mieux pour toi. Moi, j'ai l'impression de tourner zinzin. Je veux juste une réponse. Je ne suis pas sûre qu'il y en ait une mauvaise – elles sont toutes mauvaises.

Malefoy prend une mine de plus en plus désagréable de seconde en seconde.

— Si ça peut faire que tu arrêtes de geindre, alors viens. Finissons-en, d'accord ?

Il prend Harry par le bras, serre si fort que ça fait mal, et il le tire vers le miroir.

Tatoué sur mon cœur  - DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant