Non Applicable - 4

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— Qu'est-ce qui a marché ? crache Malefoy qui se passe une main dans les cheveux et asperge généreusement de boue son entourage. 

Sa robe à lui est de traviole et son pull est déchiré à l'encolure. Il y a quelque chose... Harry plisse les yeux, mais il ne voit pas bien. Est-ce que Malefoy a un genre de tatouage autour du cou ? 

— Drago, putain, c'est quoi ça ? demande Pansy – la personne qui se tient le plus près de lui – avec une note d'hystérie dans la voix. 

— Est-ce que tous les adolescents sont aussi vulgaires ? demande le magireporter d'un air réprobateur. 

Il se tasse sur lui-même quand tout le monde se tourne pour le fusiller du regard. Enfin, tout le monde à part Pansy, qui est toujours en train de fixer Malefoy. Le cou de Malefoy. 

— Heu, peu importe, dit le magireporter d'une voix outrancièrement joyeuse. 

Il essaie de se rapprocher de Malefoy sans se faire remarquer. 

— Eh bien, voyons donc quel est le nom qui... 

Pansy bondit en avant, attrape Malefoy, et le fait tournoyer sur lui-même avant de remonter sa robe sans douceur, si bien qu'elle arrive quasiment à son menton. 

— Qu'est-ce que tu fiches, bon sang ? demande Malefoy d'une voix glaciale. 

Pansy émet un petit son frustré et se penche pour lui chuchoter frénétiquement quelque chose à l'oreille. Malefoy fait des yeux grands comme des soucoupes et c'est maintenant lui qui serre sa robe contre son cou – il doit à moitié s'étrangler tellement il y met de bonne volonté. Pansy le fait avancer jusqu'à Zabini en décrivant un grand cercle pour éviter Harry, et ils se lancent dans un conciliabule à trois, tout en murmures hystériques et suraigus. Harry essaie de ne pas écouter. 

— Oh, bon, dit le magireporter. 

La lueur déterminée et un peu folle dans son regard n'a pas diminué. 

— Ce n'est pas toi qui m'intéresses de toute façon. Venez par là, Mr Potter, on va parler affaires. 

— Je suis désolé, mais vous êtes qui, au juste ? demande Harry qui aimerait bien pouvoir se raccrocher à au moins un fait établi dans cet embrouillamini. 

Le sorcier fait une demi-révérence. 

— Je suis votre plus grand admirateur, Mr Potter. Basil Woodbead, Esquire, à votre service. Vous pouvez m'appeler Basil. 

Harry le regarde fixement. 

— Le journaliste-phare du magazine sorcier le plus lu d'Angleterre ? poursuit Woodbead, cette fois avec un peu d'agacement. Sorcière Hebdo ? ajoute-t-il comme Harry continue à le fixer. 

— Je ne le lis pas, dit Harry. 

C'est techniquement vrai. Il n'arrive pas à se forcer à lire la presse sorcière ces temps-ci, en-dehors des annonces politiques, mais il ne peut pas empêcher les autres gens de lui faire la lecture, et parfois Mme Weasley lui envoie des coupures de journaux pleines de Stabilo et de questions inquisitrices, alors il est difficile d'y échapper complètement. 

— Je suppose que ne pas être une sorcière est une excuse acceptable, dit Woodbead avec hauteur. 

Il essaie d'arranger ses cheveux avec ses mains liées, en vain. 

— Vous ne correspondez pas exactement à notre cœur de cible, pour être honnête. Bon, passons aux choses sérieuses avant que l'aube ne se lève. 

Zabini se racle la gorge avec importance. 

— Potter ? 

Harry se tourne à moitié. 

— Oui ? 

— Je te fais confiance pour t'occuper de cette vermine et lui extorquer le contre-sort ? Pas besoin d'impliquer la Directrice dans cette histoire, ajoute-t-il d'une voix désinvolte. Je suis sûr que c'est mieux pour tout le monde si on gère ça en privé

Du coin de l'œil, Harry voit Woodbead avoir un sourire mauvais et incliner la tête pour montrer qu'il est du même avis. 

— Je vais faire de mon mieux, répond-il. 

Ça serait bien fait pour eux s'il impliquait la Directrice ; il y a quelque chose qui lui échappe. 

Un éclair de colère passe sur le visage de Zabini, mais il le réprime promptement. 

— Tu as plutôt intérêt, rétorque-t-il, avant d'ajouter avec malaise : s'il te plaît, Harry. 

C'est l'usage inattendu de son prénom qui convainc Harry que ce qu'il se passe est sérieux. Il jette un regard rapide à Malefoy. D'habitude, Malefoy est pâle, comme s'il avait été sculpté dans un bloc de marbre plutôt que fait de chair et d'os, mais là, son visage ressort dans l'obscurité, complètement blanc et paniqué, comme si on lui avait montré la prophétie d'un désastre imminent. 

— Nous t'attendrons dans notre dortoir, dit Zabini. Ne traîne pas, jette-t-il par-dessus son épaule tandis que lui et Pansy commencent à guider un Malefoy flageolant vers le château. 

— Est-ce que ça va ? demande Harry à Ron et Hermione, à mi-voix. 

Ron hoche la tête et Hermione fronce le nez. 

— Je crois. Toi ? 

— Oui, je ne ressens rien de spécial. Peut-être qu'il n'y a que Malefoy qui a été touché, dit Harry. 

Le sourire mauvais de Woodbead ne fait que s'élargir. 

— Ce n'est pas un sort douloureux, dit-il. C'est un sort magnifique. 

Ron lâche la main d'Hermione pour attraper sa baguette. Il la secoue d'un air menaçant. 

— Malefoy n'avait pas l'air de trouver ça magnifique, espèce de connard. Tu ferais mieux de cracher le morceau ou... quoi ? 

Il s'interrompt, perplexe en voyant la réaction d'Hermione. 

— Ton poignet... dit-elle 

— Quoi, dit Ron, paniqué. 

Il allume sa baguette pour mieux voir. 

Harry se rapproche en hâte et lui et Hermione fixent le poignet de Ron. Alors qu'ils regardent, un tatouage apparaît : un bouton de fleur dessiné en lignes dorés, qui fleurit rapidement. Des feuilles se développent autour et de petits animaux de la forêt forment un cercle autour du motif, le nez levé, comme s'ils étaient en train de flairer quelque chose. Au cœur de la fleur, un nom gagne peu à peu en netteté. 

Hermione Granger

Ils se rendent soudain compte, un peu trop tard, que peut-être ils n'auraient pas dû laisser Woodbead voir la marque, mais il renifle, peu intéressé. 

— Ce n'est pas franchement un scoop, à moins que... Que dit le vôtre, Miss Granger ? 

Et avant qu'Hermione puisse réagir, il tire sur sa manche de ses mains liées et révèle une scène similaire sur son poignet : la fleur, les créatures, etc., etc. – mais le nom au cœur de sa fleur est Ronald Weasley

— C'est chiant, dit Woodbead. Totalement attendu. Ce n'est pas ça qui va intéresser bien longtemps nos lecteurs, même si bizarrement, ils vous trouvent intéressants. Par contre, vous, Mr Potter... 

Harry bloque Woodbead d'un mouvement rapide de sa baguette avant même qu'il ait fini de parler. Il recule, mais il a toujours l'air bien trop content de lui. 

— Qu'est-ce que c'est ? demande Hermione d'une toute petite voix. 

Elle contemple son poignet avec un regard perdu. 

— Un simple sortilège d'âmes-sœurs, dit Woodbead, dégoulinant d'auto-satisfaction. Enfin, quand je dis « simple », ce que j'entends par là c'est bien sûr un sortilège extrêmement complexe – et extrêmement illégal de magie noire amoureuse. L'âme-sœur d'Harry Potter ! Ça sera le scoop du siècle, mes jeunes amis. 

Ron s'étrangle, avec un bruit de tuyau qu'on débouche. 

— Un sortilège d'âme sœur ? glapit-il. 

Tatoué sur mon cœur  - DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant