Chérie, j'ai rétréci Potter - 7

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— Pas de marque. Rien. Ce n'est pas grave ! s'écrie-t-il en voyant la tête qu'elle fait. Ça va aller. Je veux dire... ce n'est pas comme si j'avais eu un faible pour quelqu'un, hein ? Je... Je veux juste passer mes exams, et devenir un vrai Auror et... et... je suppose que ça serait cool si je pouvais devenir Auror en Chef un jour. 

Hermione se force à prendre une expression qui est censée être enjouée. 

— C'est comme ça qu'il faut le prendre ! dit-elle. 

Elle lui tapote la main comme s'il était une vieille tante qui n'avait plus longtemps à vivre et à qui il faut absolument faire plaisir. 

— Je suppose que le sort ne peut pas vraiment montrer ce genre de choses, hein ? Que tu seras marié à ton boulot, en quelque sorte. Oh, Harry, dit-elle, le regard embué. J'ai toujours su que tu étais du genre déterminé, mais c'est... Je veux dire, ce n'est pas que je ne suis pas heureuse pour toi, si tu veux vraiment dédier ta vie à ton travail, mais... 

Si c'est censé être réconfortant, ça ne marche pas franchement. Un souvenir s'impose à lui – Ginny, les yeux étincelants de colère, en train de lui dire qu'elle aimerait bien qu'il la fasse passer en premier pour une fois, maintenant que la guerre est terminée, plutôt que son travail au Ministère. À l'époque, il avait pensé qu'elle racontait n'importe quoi – pourchasser les derniers Mangemorts en liberté et garder le monde sûr était plus important que manquer un ou deux dîners, non ? Mais maintenant... 

Il se secoue mentalement. Garder le monde sûr est plus important que manquer un ou deux dîners. Mais il ne savait pas qu'il lui faudrait choisir : sauver le monde, ou ne jamais sortir avec personne. Quand est-ce qu'on avait décidé de ça ? Une sueur froide dégouline dans son dos quand il se rappelle que Dumbledore est resté célibataire pour la plus grande partie de sa vie. Est-ce que c'est comme ça que ça marche, alors ? Pour faire de grandes choses, il faut être seul ? 

Et s'il ne veut pas faire de grandes choses, putain ? Et s'il avait déjà fait la plus grande possible et que maintenant tout ce qu'il voulait faire, c'est continuer à être utile, et pouvoir rentrer à la maison pour retrouver quelqu'un qui l'aime ? Mais... l'idée d'être Auror en Chef le fait languir d'envie, à la pensée de la stabilité qu'il pourrait apporter à l'Angleterre sorcière. À tout le bien qu'il pourrait faire. 

Putain de borde de merde. 

— Enfin, au moins Malefoy s'est retrouvé avec quelqu'un de vraiment affreux, dit Ron avec sa voix spéciale « conservons le moral des troupes ». La tronche qu'il a tirée ! Est-ce que c'est Parkinson ? 

Il fronce le nez. 

— Nan, elle aurait eu l'air contente si ça avait été ça. Oh ! Oh ! Est-ce que c'est Greengrass ? Je veux dire, sa frangine. Elle a des dents incroyables... C'est presque hypnotique. 

Il frissonne. 

— Je ne crois pas que l'âme sœur de Malefoy est... correcte, dit Harry, pour tester la température. 

Il ne sait pas comment Ron et Hermione vont réagir s'il leur dit que ce sort c'est de la merde. Ça a eu l'air de les rendre tellement heureux. Qu'est-ce qui lui donne le droit de leur gâcher ça ? 

Ron fronce les sourcils. 

— Ne me dis pas qu'il a chopé quelqu'un de bien ? Il n'y a pas de justice en ce monde. 

— Je... je ne suis pas complètement sûr que le sort marche, en fait, essaie à nouveau Harry. 

Ses doigts se crispent sous les couvertures. 

Ron se gratte la nuque, et ce faisant, il révèle accidentellement sa propre marque – elle est vraiment jolie. 

— Je ne sais pas, dit-il avec hésitation. Je veux dire, il y a moi et Hermione, non ? 

— Non, peut-être que Harry a raison, dit Hermione. 

Mais il voit bien que le cœur n'y est pas. Elle frotte son poignet d'un air anxieux, mais son visage prend un air apaisé quand Ron se penche pour l'embrasser sur la joue, et elle rosit délicatement. 

C'est plus ou moins ce à quoi Harry s'attendait, mais ça ne rend pas les choses plus faciles pour autant. Quoi qu'il en soit, ce serait cruel d'insister, même si l'idée de devoir essayer de se débarrasser du sort sans l'aide de Ron et Hermione le désespère. Ce n'est pas juste sur le plan pratique, même si Hermione est un véritable moteur de recherches humain. Mais c'est le soutien émotionnel. Et il lui apparaît soudain que comme il n'a pas de marque, il a besoin de quelqu'un qui en ait une – autrement, comment pourrait-il être sûr d'avoir mis fin au sort ? Il ne sait pas pourquoi annuler le sort est si important, mais ça l'est. Il ne supporte pas l'idée de continuer sa vie en sachant que le sort vibre dans ses veines et ne produit... rien. 

Mais comment peut-il demander à Ron ou Hermione de le traiter comme une malédiction alors qu'il est si évident qu'ils trouvent ça plus que parfait ? Quand il les regarde tous les deux – ses meilleurs amis – il est presque convaincu que le sort est parfait, même si ce n'est que pour un instant, avant que la vérité le rattrape. 

Non – il ne peut pas leur demander. Il ne le fera pas. Mais il a besoin d'aide, ça c'est certain, et la personne évidente pour cela, en dépit des inconvénients tout aussi évidents, c'est ce satané Drago Malefoy. Pourquoi est-ce que tout dans la vie de Harry le ramène toujours à ce satané Drago Malefoy ? Mais après tout, c'est la seule autre personne à avoir autant intérêt que lui à prouver que le sort se trompe et à y mettre fin. 

Tatoué sur mon cœur  - DrarryWhere stories live. Discover now