Imperial Leather - 4

3.5K 493 73
                                    

— Vous êtes tous des gros branleurs ! s'écrie Malefoy en se dressant sur ses pieds comme s'il allait sortir de la pièce en furie.

Le chat qu'il a délogé regarde alentours d'un air mauvais, à la recherche de sa prochaine victime. C'est vraiment l'animal le plus moche que Harry ait jamais vu, avec son museau écrasé et méchant. La créature décide que c'est Harry qui a l'air le plus confortable. Il s'installe et commence à pétrir ses cuisses ; ses griffes sont plus aiguisées qu'un katana. Harry essaie de ne pas glapir.

Malefoy n'a pas encore réussi à partir furieusement quand Harry relève la tête, des larmes de douleur dans les yeux. Millicent tient le coin de sa robe dans sa main, et Malefoy qui sent une catastrophe imminente, se rassoit lourdement.

De toute façon, Potter va faire mes devoirs pour moi, dit-il.

En boudant.

— Et tu ne fais pas les nôtres, Potter ? dit Zabini du ton le plus déçu du monde.

Mais il reprend du poil de la bête.

— Pour ta défense, on ne te l'a pas demandé. Mais tu peux faire ceux de la semaine prochaine ! Si je n'ai jamais à remettre les pieds dans un supermarché moldu, ça sera déjà de trop.

Il frissonne délicatement.

— Je ne fais pas vos devoirs, dit Harry d'une voix forte alors que Malefoy dit, tout aussi fortement :

Non, Blaise. Harry est mon couillon – va te trouver le tien. Pourquoi pas Granger ?

— Couillon ? répète Harry en essayant de lancer un regard noir à travers la tête – très solide – de Millicent.

— On lui a déjà demandé, dit Pansy, dégoûtée. Elle a dit qu'elle n'aidait pas les gens à faire leurs devoirs par principe, et ensuite elle s'est lancée dans une diatribe sur le fait que c'était complètement injuste qu'on ne lui ait pas proposé à elle aussi des cours d'Études des Moldus.

— Mais les parents de Granger sont moldus, non ? dit Nott avec une répugnance à peine dissimulée.

— Oui, en effet, dit Harry fermement.

— Ça va, ne te mets pas dans tous tes états. Ce n'est pas eux qu'on mangera au petit déjeuner. À moins qu'on ait vraiment très faim, ajoute-t-il en ricanant.

— Je suppose qu'il vaut mieux être un Moldu qu'un Cracmol, dit Pansy d'une voix hésitante. Au moins, comme ça, tu ne sais pas ce que tu manques.

— Sauf pour les parents de Granger, murmure Nott.

Harry ne sait pas ce qu'il vaut mieux pour être franc – savoir que la magie existe ou l'ignorer. Est-ce que connaître l'existence de la magie aurait rendu son enfance plus heureuse ? Il suppose qu'il aurait pu utiliser cette menace pour forcer les Dursley à le traiter mieux ; mais il n'aurait pas pu les forcer à l'aimer. Pas à l'aimer vraiment en tout cas.

Harry se force à écarter ces pensées ; elles ne font de bien à personne.

— Je pense qu'on ferait mieux de faire ça demain après-midi, alors, est en train de dire Malefoy d'une voix désagréable. D'accord, Potter ?

— Faire quoi ? demande Harry, ce qui provoque l'hilarité générale.

Même les crânes parsemés dans la salle semblent se moquer de lui, ce qu'il trouve assez injuste, étant donné que personne ne lui a expliqué en quoi consistait les devoirs d'Études des Moldus, en dehors du fait que ça impliquait de teindre le malheureux chat de Millicent en rouge, et autant qu'il puisse en juger, cette mission a été menée à bien.

Malefoy lui explique, comme s'il parlait à un enfant de cinq ans, que la première leçon d'Études des Moldus portait sur l'argent et les courses. Chaque élève a reçu une liste d'objets à acheter, et lors de la prochaine leçon, ils doivent partager leurs expériences de s'être mêlés à des Moldus dans un environnement commercial.

Harry se rappelle que Malefoy a décrit ses travaux d'Études des Moldus comme « du gâteau » qui irait vite à faire. Malefoy, pense Harry, devrait être poursuivi pour publicité mensongère. On dirait bien que ça va prendre un après-midi complet hors de Poudlard. Avec Malefoy.

Pour se mêler à des Moldus.

Harry ferme les yeux et compte à rebours depuis dix. Malefoy l'interrompt alors qu'il est seulement arrivé à sept.

— Aloooooors ? dit-il.

— Oui, oui, d'accord, répond sèchement Harry en rouvrant les yeux. Mais peut-être que si on doit y passer tout l'après-midi demain, je devrais aller faire un peu de lecture maintenant ? Tu sais – pour ce truc dont on a discuté ?

Malefoy tord le cou pour le regarder malgré la présence solide de Millicent.

— Excellente idée, Potter, dit-il avec un rictus supérieur. File – ne nous laisse pas te priver de tes lectures sur... que disait la rumeur, déjà, quant aux titres que tu as emprunté à la bibliothèque pour tes lectures personnelles ?

Magie érotique et amoureuse, intervient Pansy avec obligeance.

— Amuse-toi bien, ajoute Zabini.

S'il y avait une justice en ce monde, se dit Harry, Pansy, Zabini et Malefoy se retrouveraient soudain couvert de... de... de furoncles. Et puis il se rappelle qu'il est un sorcier.

Il file de la salle commune plus vite qu'il a jamais filé de sa vie, avant que ces trois monstruosités puissent exercer leur vengeance. Mais il ne peut résister à un dernier regard en arrière en passant le seuil, pour voir la mine horrifiée de Zabini alors qu'une douzaine d'énormes pustules violacées bourgeonnent sur son visage. Il entend encore le cri vengeur de Pansy alors qu'il se précipite du couloir à leur dortoir.

Il a un grand sourire en retirant ses chaussures et en plongeant dans son lit. Il attrape un des livres – disposés n'importe comment sur sa table de nuit – et commence à lire. Normalement, il fermerait les rideaux, mais il soupçonne que ses camarades de chambrée vont bientôt arriver pour lui imposer leur terrible vengeance, et il préfère voir la mort dans les yeux plutôt que lui tourner le dos.

Tatoué sur mon cœur  - DrarryWhere stories live. Discover now