La panacée : Hermione Jean Granger - 8

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— Je voulais juste te dire... désolé.

Malefoy se redresse sur les coudes.

— Est-ce que tu recommences ce truc, Potter, où tu parles de nos affaires privées en public ? demande-t-il en haussant un sourcil.

— Heu, oui, dit Harry en fourrant ses mains dans ses poches. Mais ça concerne aussi Zabini, je suppose.

Zabini fait un geste pour repousser ses excuses.

— J'ai laissé ça à Hermy, dit-il en prenant une gorgée de la mixture qui se trouve dans son verre, un truc noir et qui fume un peu. Personne ne me refile son sale boulot, Potter, comme tu l'apprendras bien vite.

— Heu, est-ce que tu veux qu'on aille dans un endroit plus privé, alors ? demande Harry à Malefoy, surtout parce que Malefoy continue à le regarder comme s'il était totalement idiot et que Harry est à peu près sûr qu'il n'est que partiellement idiot, et souhaite que ce point soit bien clair.

— Il le faut ? demande Malefoy, un peu plaintif.

— Allez, prends ça comme un homme, dit Pansy sans gentillesse.

Et elle lui donne une bourrade qui manque le faire tomber du canapé.

Harry et Malefoy marchent ensemble jusqu'à leur dortoir dans un silence gênant, et Harry décide en marchant que s'il parle vraiment vite, alors peut-être ça sera fini plus rapidement, alors il répète ce qu'il va dire dans sa tête. Dès que la porte est bien fermée derrière eux, Harry ouvre la bouche et commence à parler.

— Écoute, Malefoy, je suis vraiment désolé d'avoir laissé à quelqu'un d'autre le soin de... commence-t-il en mâchant ses mots, mais Malefoy ne semble pas l'écouter.

Au lieu de cela, il s'appuie contre un des piliers du baldaquin de son lit, croise les bras, et dit, avec un drôle d'air mi-fiérot, mi-dégoûté :

— Potter, dis-moi que tu ne rêves pas vraiment de moi toutes les nuits.

Harry se sent immédiatement virer rouge vif – son visage est brûlant. Ça rend l'allégation de Malefoy un peu difficile à nier.

— Putain, dit Malefoy, dont les yeux s'écarquillent. Je ne pensais pas qu'elle était sérieuse. Mais... c'est vrai.

C'est la vengeance de Millicent, pense Harry qui essaie de ne pas partir en combustion spontanée. C'est très bien joué. Mais comment est-ce qu'elle a su ?

— Ce ne sont pas des rêves, dit-il.

C'est important d'éclaircir ce point.

— Ce sont des cauchemars.

— Oh ? dit Malefoy, et ses sourcils disparaissent dans ses cheveux.

— Je... rêve que tu meurs, dit Harry.

Les yeux gris de Malefoy semblent s'assombrir tandis qu'il fixe Harry.

— Certaines personnes qualifieraient des rêves où je meurs de bons rêves, fait-il remarquer.

Harry frissonne.

— Eh bien moi je les qualifierai d'idiots, alors, dit-il. Fais-moi confiance, si tu faisais le même genre de rêve à propos de moi, tu en aurais vite marre aussi.

— Comment je meurs ? demande Malefoy, faussement nonchalant.

— De toutes sortes de façon, dit Harry. Je ne veux pas vraiment en parler. Ce dont je voulais parler, c'est...

— Oui, oui, ta conscience coupable d'avoir laissé le sale boulot à Granger, dit Malefoy en agitant une main négligente. Cela dit, Merlin seul sait pourquoi tu penses que le rôle de héraut des catastrophes te revient de droit. Tout ce que j'ai à dire là-dessus, c'est : « et dire qu'Hermione Granger était censée être la réponse à tous nos problèmes ». Je suppose qu'on se reposera sur Weasley la prochaine fois, et j'ai hâte de voir à quel point les choses peuvent empirer pour moi.

— Ce n'est pas la faute d'Hermione si quelqu'un a lancé un sort de mémoire à Woodbead ! proteste Harry.

Malefoy lève les yeux au ciel.

— Personne ne lui a jeté de sort de mémoire à part le sortilège lui-même, pour couvrir les traces de son créateur. C'est un tour classique. Granger le saurait si elle passait plus de temps dans le monde réel, et moins le nez dans ses bouquins.

C'est un tour classique ? Harry n'en a jamais entendu parler.

— Tu as parlé à ta mère, au moins, cet après-midi, alors ? demande-t-il.

— Comment ça « au moins » ? On parlait du fait que tu étais un salopiaud, merci bien, alors ne prends pas ce ton avec moi. Mais pour tout dire, je lui ai passé un coup de Cheminette depuis le bureau de McGonagall avant le petit déjeuner et elle m'a donné sa parole qu'elle tiendrait sa langue à propos du sortilège, alors sois tranquille.

— Génial ! dit Harry.

Il marche d'un pas lourd jusqu'à son lit et s'assoit au bord, en espérant que Malefoy comprendra le message et le laissera se coucher, avec au moins deux heures d'avance.

Malefoy comprend le message, se redresse, fait quelques pas vers la porte... et se retourne pour marcher jusqu'au lit de Harry et se laisser tomber à côté de lui.

— Alors, dis-m'en plus sur tes rêves, dit-il d'une voix lourde et chaude, très basse, à l'oreille de Harry.

Harry se sent exploser de rougeur à nouveau, même s'il sait que c'est l'intention de Malefoy – le mortifier, parce qu'il le mérite.

— Comment est-ce que Bulstrode sait pour mes rêves ? demande-t-il au mur en face de son lit. C'est juste glauque.

— Granger lui a dit, répond Malefoy d'un air amusé. Elle lui a fait promettre de garder ça top secret, mais...

Harry le sent hausser les épaules.

— Je suppose que c'était trop bon pour ne pas le partager.

— Je croyais que les Serpentard étaient censés être loyaux ! proteste Harry.

— Mais loyal envers qui ? demande Malefoy. Et puis, c'est une Gryffondor maintenant.

Malefoy se penche davantage vers lui, et l'espace d'une seconde où son cœur s'arrête de battre, son visage est si proche de sa joue que Harry pense qu'il va l'embrasser. Mais non. À la place, il se contente de rire, et son souffle est chaud contre la peau de Harry.

— J'accepte tes excuses piteuses, Potter. Profite de ta soirée à bouder, dit-il.

Il se lève, et sa robe tourbillonne gracieusement autour de lui tandis qu'il quitte la pièce sans un regard en arrière.

Lui, ne regarde peut-être pas Harry ; mais Harry, de son côté, est incapable de détacher ses yeux de lui.

Tatoué sur mon cœur  - DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant