Chérie, j'ai rétréci Potter - 4

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Quand son réveil sonne le lendemain matin, il n'est pas certain d'avoir dormi du tout – mais quand il regarde vers le lit de Malefoy, celui-ci est vide, alors il en conclut qu'il a dû somnoler à un moment donné. Il n'arrive pas à croire qu'on soit seulement mercredi ; il a l'impression que ça fait un siècle qu'il est de retour à l'école. À peine réveillé, son premier souvenir est celui de la plus récente mort onirique de Malefoy, puis le souvenir que Malefoy n'est pas mort – qu'il est... Non, il n'est certainement pas l'âme sœur de Harry. Harry s'ordonne fermement de ne pas être un abruti. D'accord, hier c'était un peu trop, mais aujourd'hui est un nouveau jour – un nouveau jour où il sera logique, rationnel, et en aucun cas l'âme sœur de Malefoy. Il n'existe pas de planète où il puisse être l'âme sœur de Malefoy. C'est son nouveau mantra. 

Et il n'y a pas non plus de planète où il n'a pas d'âme sœur du tout, essaie-t-il de se dire
fermement également avant de décider de ne pas se concentrer là-dessus. À la simple pensée qu'il pourrait rester célibataire toute sa vie, il panique, et il ne compte pas paniquer. Absolument pas. Dès qu'il sera levé, il parlera à Malefoy comme un adulte, il trouvera un contre-sort et il arrangera tout ce bordel dans les plus brefs délais. D'ici la fin de la journée ça serait pas mal. Quand il parvint à se forcer à s'asseoir dans le lit, il se sent presque positif. 

Presque. 

Mercredi, c'est Potions – trois heures le matin, suivies de trois heures l'après-midi. Enfin, trois heures l'après-midi pour certains d'entre eux. Apparemment, tous les élèves qui revenaient à Poudlard cette année n'avaient pas besoin de cours de rattrapage. 

— On n'est pas tous débiles au point d'avoir besoin d'apprendre les mêmes trucs deux fois, dit Zabini avec un sourire satisfait quand il arrive en cours avec cinq minutes de retard ce matin-là. 

Il essaie de s'asseoir à côté d'Hermione mais Ron lui jette un œil de triton et il décide d'importuner de sa présence une autre âme infortunée. 

Hermione descend de son petit nuage suffisamment longtemps pour se vexer, avant de se rappeler qu'elle ne double pas son année, comme certains des autres : elle était trop occupée à chasser les horcruxes pour suivre des cours, même si elle lisait un chapitre du manuel chaque soir, juste au cas où. Et puis de toute façon, elle aime aller en cours. 

Harry n'est pas vexé. Il est trop occupé à être énervé par le fait que dès qu'il est entré dans la salle, Slughorn l'a collé en binôme avec Goyle – en tout cas, l'énervement monte à la surface dans les brefs instants où il peut arrêter son cerveau de tourner en boucle sur la question de comment trouver un contre-sort quand on ne sait pas exactement ce qu'est le sort en question. Sous l'agitation et l'énervement, il y a le bourdonnement constant de l'angoisse qu'il ne parvient pas à faire totalement disparaître. Il a besoin de parler à Malefoy pour de vrai – d'établir un plan d'action. Mais c'est difficile de parler à quelqu'un et d'établir un plan d'action quand la personne en question ne s'est pas pointée pour le petit-déjeuner et qu'elle reste introuvable que ce soit dans la salle commune, la bibliothèque ou le parc. 

Ce n'est pas que Harry l'ait cherché – à part du simple point de vue pratique, bien sûr. Et il n'a pas non plus prêté attention au fait que Malefoy ne soit pas venu en cours ce matin. Malefoy peut aller se faire foutre. Se faire foutre bien profond. 

Slughorn – ce crétin – leur sourit à tous et leur donne une liste de sept potions qu'ils devront maîtriser pour passer leur examen. Leur tâche pour les prochaines semaines, semble-t-il, est de tenter de les réaliser, pour qu'il puisse juger de leurs compétences actuelles. Harry n'a plus fait de potions depuis qu'il a quitté l'école ; il n'est pas certain de pouvoir en réaliser une sans tout faire exploser. Enfin, il y a au moins un avantage à être en binôme avec Goyle : il est énorme. Si le chaudron est sur le point d'exploser, Harry pourra simplement se cacher derrière lui et être complètement protégé. Il s'est déjà pris suffisamment de sorts aléatoires et abominables pour lui tenir une ou deux éternités. 

Alors qu'ils sont en train de préparer la première potion de leur liste dans un silence total – c'est une putain de potion d'amour, bien sûr, parce que l'univers a une dent contre Harry – Goyle grogne :

— Je ne suis pas débile, Potter. 

— Heu, d'accord, dit Harry. 

— Je sais que tu penses que je suis débile, mais c'est pas vrai, répète Goyle. Sluggy m'aurait pas laissé prendre Potions au niveau ASPIC, sinon, hein ? Je sais pas comment te le prouver autrement. Bon, vas-y, remue ce putain de truc. 

Harry remue avec prudence, trois fois dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, et la potion produit un espèce de glop et devient rose vif. Il se dit que c'est probablement normal, mais il n'a pas envie d'y regarder de trop près ; vu la chance qu'il a, ça va exploser, et il tombera fou amoureux de Goyle. Il a déjà embrassé Zabini (berk) et il est devenu la Soi-Disant Âme Sœur de Malefoy ; il est bien parti pour se faire toute la collection de Serpentards. 

Cela dit, tout en fixant l'ignoble liquide rose, il se dit que les cours de Potions seraient bien plus simples s'il y avait des illustrations en couleurs dans le manuel, et il met cette idée de côté pour y revenir. Il pourrait faire fortune. Une fortune qu'il échangerait contre un retourneur de temps illégal, pour pouvoir revenir à la veille et se dire à lui-même de ne pas être un pauvre crétin et de ne pas aller à un rendez-vous qui est clairement un piège. 

— C'est juste que certains trucs sont plus difficiles pour moi, d'accord ? dit Goyle d'une voix boudeuse. T'es pas non plus un génie en Potions, hein. 

— Je n'ai jamais dit que je l'étais ! proteste Harry. 

— Oui, mais je vois comment tu me regardes, toi et tes petits amis – Granger et Weasley. Et vous pensez « cet idiot doit prendre des cours de rattrapage alors qu'il double son année ». Eh bien, oui, c'est vrai. Mais j'avais d'autres trucs en tête que les cours l'an dernier, hein. 

— Oui, comme torturer les autres élèves, à ce que j'ai entendu dire, répond Harry, aiguillonné. 

Il n'est pas d'humeur pour ça. Où est Malefoy, bon sang ? 

Goyle grogne. 

— C'est un peu fort, Potter. Et puis – mon père était un Mangemort. Tu crois que j'avais envie de me retrouver comme Malefoy ? Ou de causer des ennuis à mon père ? J'ai fait ce que j'avais à faire. Ça veut pas dire que ça me plaisait. Tout n'est pas tout noir ou tout blanc. 

Il hausse les épaules. 

— Mais tu peux pas comprendre. 

Harry se demande avec lassitude si un jour il pourra avoir une conversation qui ne revient pas tout de suite à la guerre. Ça suffit presque à lui sortir ses problèmes d'âme sœur de l'esprit. Il regarde fixement la potion et relit la page du manuel. Attendez que ça chauffe – quinze minutes devraient suffire indique le bouquin, qui n'est pas d'une grande aide. Il n'y a même pas de trucs à découper. 

— J'ai fait ce que j'avais à faire aussi, Goyle. Ce n'était pas une partie de plaisir non plus, dit-il, les dents serrées. Et je ne pense pas que tu es débile, ajoute-t-il, même si ce n'est pas particulièrement vrai. 

Il n'a jamais pensé à Goyle comme à autre chose que le type qui faisait les sales besognes de Malefoy, pour être honnête. 

Goyle grogne à nouveau et ne répond pas. Mais quand la potion est prête pour la prochaine étape et qu'ils ajoutent la pincée de cumin en poudre nécessaire pour lui donner son piquant – ça sent super bon – Goyle dit d'un ton nonchalant :

— Tu peux m'appeler Greg, si tu veux.

Il quitte sa place pour aller chercher le prochain ingrédient, et Harry se retrouve à contempler son dos avec stupéfaction. 

Tatoué sur mon cœur  - DrarryWhere stories live. Discover now