De ton cœur, le désir - 1

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Harry n'arrive pas à dormir beaucoup le dimanche. Ni le lundi. Ni le mardi. Quand mercredi arrive, il se fait un peu l'effet d'être un zombie – et il ressemble à un zombie, à en juger par la mine inquiète d'Hermione en Potions. Même Malefoy et Zabini ont l'air inquiets. En tout cas, ils semblent avoir un jeu où le but est de lui lancer des biscuits et plus ils sont près de sa bouche, plus ils marquent de points, et Harry pense que ce jeu est motivé à cinquante et un pourcents par de l'inquiétude, même si les quarante-neuf pourcents restants sont de la pure enfoirade.

— Je suis vraiment désolée, Harry, dit Hermione plus tard quand il la traîne dans un coin tranquille après le petit déjeuner et la supplie de lui donner au moins une bonne nouvelle concernant la quête pour mettre fin au sort – genre, maintenant. J'ai fait une liste des choses qu'on pourrait essayer, mais tout est encore trop flou. Je ne veux pas t'en parler tant que je n'ai pas quelque chose de plus tangible. Est-ce que ça ira jusque-là ?

— Ça ira, ne t'inquiète pas ! répond Harry en espérant qu'il a l'air optimiste et pas au bord de la crise de nerfs, et il fait de son mieux pour qu'elle le croie.

Il se dit que ça ira mieux s'il parvient à dormir un peu, mais il n'arrive pas à faire taire son cerveau suffisamment longtemps pour y parvenir. Ce n'est même pas toute cette affaire avec le porno qui le fout en l'air, pas vraiment. Ça serait presque mieux, se dit Harry, si c'était ça. Mais c'est quelque chose de bien plus compliqué, et difficile, et impossible à cerner. C'est... Harry ne sait pas ce que c'est au juste. Mais il pense que le fait que Malefoy lui parle normalement – comme s'ils étaient en train de devenir presque amis – a dû casser quelque chose en lui.

Il a l'impression d'avoir passé les dernières semaines dans un drôle de rêve, à se dire que ce serait bientôt fini et de tout juste venir de se réveiller pour faire face à la réalité. Et la réalité est la suivante : ils ne trouveront peut-être pas de solution.

S'ils ne trouvent pas de solution – et il n'a pas perdu l'espoir, il n'est juste pas optimiste, et si tendu qu'il est sur le point de casser en deux comme un ressort – alors il a au moins besoin de savoir que c'est réel. Ou que ça ne l'est pas. Il ne sait plus vraiment ce qu'il veut – il veut toucher Malefoy. Cette prise de conscience le submerge. C'est idiot, et à la fois quelque chose à quoi il a envie de s'abandonner et de rejeter. Et en même temps, c'est clair qu'il a envie de toucher Malefoy : pour lui foutre son poing dans la gueule et lui dire qu'il est un abominable gamin pourri gâté et sarcastique, et est-ce qu'il veut bien simplement arrêter ? Parce que sous cette façade imprévisible et exaspérante, il y a quelqu'un que Harry pourrait vraiment apprécier. Probablement. Peut-être.

C'est tout ça qui l'empêche de dormir. Des émotions, des angoisses et des peurs qui tournent en rond dans son esprit et s'emmêlent avec ces questions qui ne veulent pas le lâcher : et si la marque sœur de Malefoy est réelle ? Et qu'est-ce que ça veut dire pour Malefoy – pour eux deux, en fait – que Harry n'en ait pas ?

C'est tout ça qui fait que quand Harry réalise qu'il y a un moyen parfait de découvrir la vérité, au milieu de la nuit, il ne s'arrête pas pour se dire que peut-être il devrait en parler avec quelqu'un, de façon rationnelle, le lendemain matin. Au lieu de ça, il sort de son lit, enfile ses chaussons et se glisse jusqu'au matelas de Malefoy.

Celui-ci n'a pas fermé ses rideaux et en dépit de l'obscurité, ses cheveux pâles ressortent sur l'oreiller. Harry secoue doucement son épaule et Malefoy se réveille immédiatement, en état d'alerte. Il n'attaque pas, il se fige, prêt à tout, et ne se détend que quand Harry murmure :

— Chut, ne t'inquiète pas, c'est juste moi.

Malefoy se redresse, se passe une main dans les cheveux, l'air circonspect.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demande-t-il en chuchotant.

Harry pose un doigt sur ses lèvres et fait signe à Malefoy de le suivre à l'extérieur du dortoir. Il marche vers la porte sur la pointe des pieds et est légèrement surpris quand il se retourne de voir que Malefoy fait basculer ses jambes par-dessus le rebord du lit, enfile ses chaussons et le suit doucement.

— Ça a intérêt à en valoir le coup, dit-il en bâillant tandis qu'ils traversent la salle commune.

Tatoué sur mon cœur  - DrarryWhere stories live. Discover now