Nuage noir et pensées pluvieuses - 6

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Le silence s'enroule en volutes autour d'eux comme un gaz toxique.

— Eh bien, d'accord, Potter, ça a l'air assez pathétique pour être sincère, alors je suppose que ça va suffire, finit par dire Malefoy, et... et... il s'incline pour appuyer son épaule contre celle de Harry, l'espace d'un bref instant.

Quand il se recule, Harry sent toujours la chaleur de son corps contre sa peau, à travers leurs robes. Il se racle la gorge, le visage écarlate tout d'un coup.

— Alors, qu'est-ce que...

— Ce qu'on va faire, Potter, l'interrompt Malefoy en décroisant ses jambes et en les étirant à moitié devant lui. Salazar, le sol est dur – c'est que toi, tu vas m'aider avec mes stupides devoirs d'Étude des Moldus. On a des travaux pratiques à faire chaque semaine, tu te rends compte ? Tu as été élevé comme un Moldu, alors pour toi ça sera du gâteau.

— Je ne pense pas... dit Harry fermement.

Il ne fera pas les devoirs de Malefoy. S'il commence, il se retrouvera à faire ceux de Zabini aussi. Les Serpentard sont champions pour vous prendre le bras quand vous leur donnez le doigt.

— Oui, je sais que tu ne penses pas, autrement tu ne serais pas allé au rendez-vous de ce putain de reporter, et on ne serait pas dans la merde maintenant.

— Tu n'étais pas obligé de voler ma cape et de me suivre ! proteste Harry, piqué. C'est ta faute.

— Tu étais encore en train de braver le couvre-feu ! rétorque Malefoy. Il fallait qu'on découvre ce que tu mijotais.

Ils se fusillent mutuellement du regard un moment. Harry détourne les yeux le premier ; il trouve ça difficile de maintenir le contact visuel avec Malefoy et ça l'agace. Mais ça n'a rien à voir avec le sort ; il a toujours trouvé ça difficile.

— Ce que je mijotais, dit-il. Si quelqu'un mijotait quelque chose, c'est toi ! Toi et Zabini et toute votre bande.

Quoi ? s'écrie Malefoy d'une voix cinglante.

— Tu sais – à vous asseoir tous avec Ron, Hermione et moi dans le Poudlard Express, et à faire semblant de vouloir être mon ami, explique Harry.

Comme plan maléfique, ça se pose un peu là, maintenant qu'il y réfléchit.

Malefoy le dévisage comme s'il portait son caleçon sur la tête.

— Sérieusement, Potter ? demande-t-il, incrédule. Tu as vraiment besoin que je t'explique pourquoi les Serpentard se sont dit que ça pourrait être intelligent de mettre nos sentiments de côté et d'essayer de prendre un nouveau départ avec la personne qui est peut-être bien le sorcier le plus puissant et influent de Grande-Bretagne ? Personne ne fait semblant de quoi que ce soit.

Il rougit, comme s'il n'avait pas vraiment prévu de le formuler ainsi.

— Personnellement, ajoute-t-il en revenant à sa méchanceté habituelle, j'étais tout à fait pour qu'on s'accroche à nos rancunes pour l'éternité, mais on ne m'a pas écouté. Alors ne va pas te faire d'idées.

Harry ne sait pas comment réagir à ça. Puissant et influent ? C'est vraiment comme ça que Malefoy le voit ? Il n'a pas l'impression d'être puissant et influent. Il a l'impression d'être un idiot, la plupart du temps. Surtout maintenant, assis à la bibliothèque, bien trop près de Malefoy pour être à l'aise. Même si pour être honnête, il ne sait pas à quelle distance de Malefoy il lui faudrait être pour se sentir à l'aise – Malefoy est tout le temps dans ses pensées, qu'il dorme ou qu'il veille. Quelqu'un de vraiment puissant saurait mettre ses pensées et ses sentiments en ordre plutôt que de tourner en rond en étant de moins en moins sûr de ce qu'il veut dans la vie à chaque tour.

Bref. Je disais, reprend Malefoy, les travaux pratiques seront du gâteau pour toi, mais c'est une bonne excuse pour expliquer pourquoi je traîne avec toi.

Il agite une main dédaigneuse.

— Quand tu auras fini, on pourra jouer aux Aurors, ou je ne sais pas trop ce que tu fais d'habitude pour passer le temps.

Malefoy est vraiment agaçant, se dit Harry en essayant de ne pas être agacé. On inspire profondément. On expire. Il peut y arriver sans assassiner Malefoy. Il peut y arriver. Ça en vaudra le coup à la fin. Le sortilège, se remémore-t-il pour la énième fois, n'est pas réel. Il mise sur l'optimisme.

— C'est une bonne idée, Malefoy, dit-il de sa voix la plus joviale.

Peut-être qu'en réglant le problème du sort, il arrivera à régler ses propres problèmes, trouver ce qu'il veut vraiment.

— Je fais de mon mieux, dit Malefoy d'une voix sirupeuse.

Ça serait une fin appropriée à cette conversation, sauf que Mme Pince est toujours assise à l'entrée de la Réserve et bloque le chemin vers la liberté. Alors ils restent un moment assis là en silence – eh bien c'est une bibliothèque se dit Harry, un peu au bord de la crise de nerfs. Et puis Malefoy commence à chanter « Il est notre sauveur » à mi-voix. Quand il a fini le dernier, abominable couplet, il reprend simplement du début.

Harry remarque – ce serait dur de faire autrement, franchement – que cet enfoiré la connaît par cœur.

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C'est la fin de ce chapitre, mais pas de panique, je vous retrouve dès vendredi pour le suivant. 

Je voulais juste vous signaler que si le concept du nuage qui suit Malefoy vous a plu, j'ai une petite fic de 20 000 mots dans mes tiroirs sur ce thème... Par contre, je vais pas multiplier les publications en même temps parce qu'après je m'en sors plus. Mais je vous propose un deal : je commencerai à poster l'autre fic quand celle-ci arrivera à 5K votes. Du coup, si vous voulez accélérer le processus, n'hésitez pas à recommander Tatoué sur mon coeur à vos amis ou à la mettre dans vos listes de lecture. ;)

Tatoué sur mon cœur  - DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant