Jeux de mains, jeux de vilains - 2

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Assis sombrement à côté de lui, Nott renifle. Zabini a un grand sourire, il se penche en avant, les coudes posés sur les genoux.

— Tu as déjà utilisé internet, Potter ? demande-t-il. Il a fallu une éternité pour que l'image apparaisse pour de bon. J'ai cru que ça allait s'arrêter de charger aux épaules, ça aurait été terriblement décevant. Je me demande pourquoi les Moldus s'embêtent avec ça. Ton zob doit tomber d'ennui avant que tu arrives à ce qui est intéressant.

Harry n'a jamais utilisé internet. Il est au courant que ça existe, vaguement, mais ça fait trop longtemps qu'il n'a pas vécu dans le monde moldu de façon permanente. Dudley avait un ordinateur, mais bon, Dudley avait des tas de choses que Harry n'était pas autorisé à toucher. Il se dit avec malaise qu'il s'y connait sans doute malgré tout mieux niveau internet que niveau photos cochonnes, qu'elles soient moldues ou non. Est-ce que les sorciers ont quelque chose d'approchant ? C'est probablement une question idiote : s'il arrive à l'imaginer, ça doit exister. Mais s'il y a quelque chose qu'il commence à bien connaître, ce sont les humeurs de Malefoy. Pour l'instant, il est blotti dans un coin, comme si cette conversation lui causait une douleur physique, et :

— Est-ce qu'on est obligés de continuer à parler de ça ? demande-t-il d'une voix traînante, un pli amer sur la bouche. Tu commences à devenir chiant, Blaise.

Cela n'a pas l'air de vexer Zabini. Il se contente de sourire et joue avec un fin bracelet en or autour de son poignet.

— Désolé, Drago. Je sais que les filles à poil ce n'est pas ton domaine d'expertise.

Harry cligne des yeux. Est-ce que Zabini vient de dire ça à voix haute ? En public ? Mais ça n'a pas l'air d'énormément perturber Malefoy. Il lève les yeux au ciel avec presque autant de talent que Pansy.

— J'ai du respect pour les femmes, déclare-t-il d'une voix glaciale.

— C'est comme ça qu'on appelle ça, maintenant ? demande Zabini d'une voix légère, pas du tout perturbé par le regard noir de Malefoy.

Il agite la main, l'air de dire que ce n'est rien.

— Enfin, je me disais que ça pourrait être un projet sympa.

— Qu'est-ce qui ferait un projet sympa ? demande Harry et Malefoy gémit.

— Ne l'encourage pas, Potter, dit Malefoy qui oublie qu'il l'ignore. Tu n'as pas encore appris ça ?

— Le porno moldu, répond Zabini, sautant du coq à l'âne.

Harry cligne des yeux et essaie de ne pas se trémousser de malaise.

— On doit écrire un essai sur quelque chose de moldu, explique Nott. J'ai choisi les armes, ajoute-t-il.

Harry trouve ça un peu perturbant mais ça n'a pas l'air d'inquiéter les autres. Peut-être qu'il prévoit d'utiliser les armes sur Zabini, se dit Harry, et ça le console un peu.

— Ça fait une éternité qu'on n'a pas eu une vraie soirée mecs au dortoir, dit Zabini qui passe ses bras derrière sa tête et s'étire. Ça va te plaire, ajoute-t-il en s'adressant à Harry.

Malefoy gémit à nouveau.

— Tu peux me faire une faveur, Potter ? demande-t-il d'une voix suppliante.

Il n'attend pas la réponse :

— Tu pourrais mourir là maintenant ? Juste un peu ? Je t'en serai infiniment reconnaissant.

— Non ! répond Harry.

Cette conversation lui fait mal au crâne, il n'y a aucun fil logique à suivre. Où veut en venir Zabini ?

— Parfait, c'est décidé alors, décrète Zabini. Je suis très heureux que vous soyez tous les deux d'accord pour venir à ma Grande Nuit du Porno Moldu. Débrouillez-vous pour être libres demain soir.

Les pièces du puzzle s'assemblent enfin et forment... la photo d'une femme à poil, avec de gros seins.

Malefoy se traîne sur ses pieds.

— Veuillez m'excuser, dit-il d'une voix cinglante. Je vais juste aller me couper les veines dans la chambre pour me préparer. Je ferai de mon mieux pour ne pas tout tacher.

Il s'en va à grand pas, les mains fourrées dans les poches, et marmonne dans sa barbe. Zabini le regarde partir avec un certain intérêt.

— Tu viendras avec moi demain après-midi pour rassembler le stock, Greg ? demande-t-il.

Greg grogne son accord.

— Je suis désolé, mais... tu blagues, hein ? demande Harry. C'est juste pour vérifier.

Zabini porte une main à son cœur et écarquille les yeux.

— Je suis blessé que tu penses cela, Potter. Blessé.

Harry se triture les méninges pour trouver une excuse qui lui permette de manquer la soirée et, à son grand soulagement, il en trouve une.

— On fête l'anniversaire d'Hermione demain soir, dit-il. Désolé de manquer ton, heu, événement.

Zabini a un sourire paresseux.

— C'est une soirée au dortoir, Potter, on ne va nulle part. On t'attendra avant de commencer, ne t'inquiète pas.

Ne t'inquiète pas ?

Harry se jure qu'il passera toute la nuit en-dehors du dortoir s'il le faut parce que ce n'est pas possible de rentrer si Blaise Zabini l'attend, prêt à lui fourrer dans les mains une sélection de photos de Moldues nues tandis que le vrai Malefoy le fusille du regard depuis son lit et que le Malefoy de ses souvenirs répète en boucle « érection impressionnante ».

Tatoué sur mon cœur  - DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant