La panacée : Hermione Jean Granger - 2

3.6K 508 85
                                    

Une heure plus tard, Malefoy et Hermione parlent toujours. Au début, c'était plutôt un interrogatoire ; Malefoy était sarcastique et répondait par monosyllabes, à l'évidence peu désireux de révéler les différentes méthodes qu'il avait essayé pour annuler le sortilège. Mais plus Hermione insistait, plus il avait commencé à s'ouvrir, et la conversation était vite devenue... chiante. Harry sait qu'il devrait s'y intéresser, mais les détails pointus sur la façon de concocter une potion, les dosages, et les variations subtiles sur son efficacité que produisent la température et le lieu où elle est stockée ne sont pas aussi fascinants pour lui que pour Hermione. Ou pour Malefoy, apparemment, vu la façon dont son visage s'anime tandis qu'il parle. Harry suppose qu'il a toujours été bon en potions, même s'il pensait que c'était juste le favoritisme de Rogue.

Ron s'agite. Il est évident qu'il s'ennuie tout autant, mais Harry pense que ça ne serait pas très bien vu s'ils s'éclipsaient pour aller chercher un truc à grignoter à la cuisine ou ramenaient un paquet de cartes explosives. Il est sans doute trop grand pour jouer à la Bataille Explosive, mais il y a quelque chose de réconfortant dans ce jeu enfantin. Ça lui rappelle quand il était petit, et la joie jubilatoire d'avoir des amis pour la première fois.

La conversation semble prendre le chemin long et semé d'embûches des savoirs théoriques sur les potions, et Harry pense que deux heures du matin, ce n'est pas le moment pour ça.

— Dis à Hermione ce que ta mère a dit, interrompt-il en étouffant un bâillement.

Malefoy lui jette son Regard Qui Tue mais Harry commence à s'y habituer et pense qu'il est à peu près immunisé contre, maintenant. Ça ne fait que lui refroidir légèrement le sang, plutôt que de faire voyager de la glace pilée dans ses veines.

— Ta mère ? répète Hermione en fronçant le nez.

Malefoy étrécit les yeux.

— Si l'un de vous se permet de mal parler de ma mère, dit-il à voix très basse, je vais...

— Me mettre à pleurer ? demande Ron méchamment.

Harry bondit et en écrasant Malefoy de tout son poids, il parvient à l'empêcher de sauter sur Ron pour lui arracher des morceaux.

— Lâche-moi, exige Malefoy d'une voix un peu étouffée qui parvient de sous Harry.

Harry se dégage de lui et Malefoy se redresse. Il lisse sa robe et passe ses paumes à plat sur ses cheveux pour les arranger.

— Qu'est-ce que ta mère a dit, du coup ? demande Hermione avec détermination, comme s'il ne s'était rien passé.

Malefoy prend une expression boudeuse, mais il explique que sa mère pense que la marque sœur est une bonne chose et voulait le laisser filtrer à la presse dans l'espoir que...

— Que quoi ? l'encourage Hermione.

— Ça n'a pas d'importance, répond-il avec vigueur. Elle veut juste en informer la presse. Ce n'est pas son raisonnement qui compte.

Il jette à Harry un regard... suppliant ? Menaçant ? Quoi qu'il en soit, ça convient très bien à Harry que la suggestion qu'il épouse Malefoy ne soit pas formulée à voix haute. Hermione étrécit les yeux et il suppose qu'il est bon pour un interrogatoire poussé plus tard.

— Bien, dit-elle après avoir lui avoir jeté un coup d'œil interrogatif et reçu une réponse affirmative de la part de Harry.

— Raconte à Hermione comment ton, heu, contact, t'a laissé tomber, suggère Harry.

Malefoy fronce les sourcils, mais il reprend l'histoire de l'arnaque. Il n'a pas besoin d'épeler ce qui est évident : le nom de Malefoy n'obtient plus le même respect que par le passé dans les franges peu recommandables de la société sorcière. Même leur argent, semble-t-il, ne suffit plus à compenser les inconvénients qu'il y a à aider une famille en pleine disgrâce – et peut-être, plus important, si surveillée par les Aurors.

— Mon pauvre, dit Ron sans aucune gentillesse. Quel dommage.

Malefoy parvient à rester maître de ses nerfs cette fois-ci, mais Harry le voit serrer les poings.

— Alors pour résumer, reprend Hermione. La bibliothèque de l'école et la collection Malefoy ne contiennent rien de pertinent sur les marques sœurs. Drago a essayé les antidotes génériques les plus courants, et rien n'a fonctionné ; le dernier essai a potentiellement empiré les choses. Et tes... – elle a un reniflement méprisant – contacts douteux ne sont plus une option.

Elle lui jette un regard pensif.

— Juste par curiosité, qu'est-ce que tu as demandé à ton contact exactement ? De l'aide pour effacer un tatouage indésirable ?

Harry trouve que c'est une suggestion un peu insultante, même pour Hermione.

— Malefoy n'est pas si stupide que ça, dit-il au même moment où Malefoy répond :

— Oui.

— Heu, quoi ? demande Harry.

Malefoy fixe le sol comme si c'était son plus grand ennemi.

— J'ai la Marque des Ténèbres, Potter, informa-t-il le sol d'un ton aigre. Ou bien tu avais oublié ?

— C'était une bonne idée, Drago, dit Hermione. Personne ne serait surpris si tu voulais t'en débarrasser, et...

Elle s'interrompt, et reprend avec une drôle de voix.

— Je suppose qu'un tatouage magique ou un autre, c'est un peu la même chose.

Harry ne pense pas qu'il y a beaucoup de similarités entre la Marque des Ténèbres et une marque sœur. L'une est maléfique, l'autre...

C'est probablement assez maléfique d'avoir le nom de quelqu'un que tu détestes en grosses lettres sur ta peau, pense Harry avec malaise. Il n'arrive toujours pas à décider pour qui c'est pire, lui ou Malefoy. L'idée qu'il est condamné à passer sa vie seul – ou pire à sortir avec des gens en sachant que chaque relation est vouée à l'échec – c'est quasi... de la torture.

— On dirait que je me constitue une jolie collection de tatouages, dit Malefoy.

Il renifle et regarde autour de lui, l'air de voir le passé davantage que le présent.

— Tout ce qu'il me manque, c'est un petit Dumbledore en train de secouer la tête, plutôt peiné qu'en colère, sur un endroit bien visible – peut-être le dos de ma main – et je pourrais mourir en paix.

— Imagine, dit Ron avec horreur, avoir Dumbledore qui te juge sur le dos de ta main ! Ça rendrait la branlette un peu...

Il émerge du drôle d'endroit où était parti son esprit et devient vermillon. Hermione renifle, un peu rose elle-même.

— Quoi que tu viennes de dire, Ron, je ne l'ai pas entendu.

— Moi non plus, dit Malefoy en fronçant le nez. Je ne pensais pas que cette journée pourrait être pire, mais maintenant j'ai l'image mentale de Weasley en train de s'en donner à cœur joie pendant que Dumbledore regarde.

— Oh mon Dieu ! s'écrie Hermione d'une voix assez aigue. Arrête !

Ron ricane et fait un petit bruit de vomi.

— Il vaut mieux lui que... Rusard, murmure-t-il à Harry.

— Mieux vaut Rusard que McGonagall, dit Malefoy avec un air d'horreur distante dans le regard

— Tu as tellement raison, dit Ron avec une horreur comparable.

Et puis il se rend compte qu'il vient d'être d'accord avec Malefoy sur quelque chose et fait la grimace.

— Ça a beau être adorable de vous voir trouver un terrain d'entente tous les trois, dit Hermione de sa voix la plus déterminée, si vous ne la fermez pas, je vais avoir des cauchemars pendant des semaines. À commencer par ce soir ! Alors, on peut conclure ?

Malefoy se rapproche de Harry.

— Granger semble pressée d'aller au lit pour une certaine raison, murmure-t-il, les yeux brillants de sournoiserie. Ne retardons pas ses fantasmes.

Hermione écarquille les yeux – de rage, peut-être – mais elle ignore la raillerie de Malefoy avec un self-control impressionnant.

Tatoué sur mon cœur  - DrarryWhere stories live. Discover now