La Presque Acceptable Maison de Serpentard - 1

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Au grand soulagement d'Harry, si ses camarades de dortoir ont remarqué qu'il s'est embarqué dans une aventure nocturne avec Malefoy mercredi soir, ou qu'il a fait des sculptures malfoyennes en Métamorphose jeudi matin, aucun d'eux n'en parle à voix haute. Ça veut probablement dire qu'ils n'ont pas remarqué ; il commence à comprendre que Zabini ne peut pas penser à un truc sans avoir besoin de l'exprimer, même s'il ne le destine qu'à ses camarades de Serpentard. Quant à Malefoy, il semble avoir dévié de sa routine de « ignorer Harry à tout prix » pour simplement ignorer ce qui s'est passé dans la salle du Miroir à la place.

Harry n'arrive pas à savoir si c'est mieux ou si c'est pire. C'est mieux, en un sens, parce qu'il n'est pas constamment en stress, à se poser des questions et à s'inquiéter de savoir quand est-ce qu'il reverra Malefoy et comment il régira. Mais quand les Serpentard quittent le château pour leur cours d'Étude des Moldus le vendredi matin, il se sent terriblement soulagé. C'est épuisant de ne pas être ignoré par Malefoy. Harry n'arrive pas du tout à se détendre quand il est là, il se fait des nœuds au cerveau sur ce qu'il devrait dire ou ne pas dire, faire ou ne pas faire, et sur comment il devrait se comporter ou éviter de se comporter quand il est là. C'est comme avoir une démangeaison constante et ne pas avoir le droit de se gratter, et ça le rend dingue au point qu'il a envie de...

Il ne sait pas ce qu'il a envie de faire, et c'est bien là le problème. Enfin, une partie du problème. L'énorme, l'immense, la gigantesque marque sœur sous la chemise de Malefoy, et la toute aussi gigantesque absence de marque sœur de Harry restent le cœur du problème. Ça n'est pas juste, pense-t-il avec morosité, qu'un problème aussi simple – un sort de magie noir qu'il faut rectifier – le transforme en épave émotionnelle.

Du coup, il est content de mettre ses problèmes de côté pendant quelques heures et de se concentrer sur des choses bien plus simples : suivre les instructions de Robards tandis qu'il en apprend un peu plus sur les méthodes pour se défendre et défendre les autres de la magie noire. Au moins, avec la magie noire, vous savez ou vous en êtes, se dit Harry tandis qu'ils travaillent en groupe sur une simulation de mission pour infiltrer et anéantir une meute de loups-garous. Qui sont les méchants et qui sont les gentils, c'est clair. Ce n'est pas tout... embrouillé dans sa tête, comme avec Malefoy.

Mais son soulagement ne dure guère. La bande est de retour en fin d'après-midi, avec de lourds sacs en plastiques, et Pansy a l'air vraiment heureuse, pour une fois.

— Du shopping ! s'exclame-t-elle quand elle voit Harry, assis dans la salle commune avec ses livres, en train d'essayer de faire ses devoirs. On a dû faire du shopping dans des magasins de vêtements comme devoirs. Bon, il y avait plein de trucs moldus bizarres, dit-elle en fronçant le nez. Mais quand même. Il y a des trucs que j'ai achetés qui sont presque acceptables. Tu te rends compte !

— Smith a dit qu'on devrait acheter des tenues normales pour mieux nous fondre dans le monde moldu, dit Millicent en se laissant tomber sur le canapé à côté de Harry. Je ne suis pas sûre que ce que tu as choisi est franchement normal, Pansy.

— Qui sait ce qui est vu comme normal quand on parle de Moldus ? répond Pansy en haussant les épaules et en s'asseyant elle aussi.

Harry ressent une sorte de curiosité morbide quant à ce qu'ils ont bien pu acheter. Il n'a jamais galéré avec les vêtements sorciers – c'est juste des truc moldus vieillots avec des robes par-dessus, pour autant qu'il puisse en juger. Du coup, ça le laisse perplexe que les sorciers aient autant de mal à s'habiller à la moldue. Il soupçonne à moitié que c'est du snobisme, un genre de délire à la oh, pauvre de moi, je suis tellement sang-pur que je ne sais pas que les Moldus ne portent pas de culottes sur la tête.

— Blaise et Drago ont fait un pari durant le cours, dit Millicent en pouffant de rire. Drago a perdu, alors Blaise a choisi ses vêtements à sa place.

— Et il est fabuleux avec, dit Zabini en se laissant tomber sur le canapé d'en face.

— Je suis toujours fabuleux, dit Malefoy avec aigreur en se perchant sur l'accoudoir à côté de lui. Sauf quand je porte des vêtements moldus.

— C'est juste des vêtements, les vêtements moldus, dit Harry.

Malefoy se tourne vers lui.

— Mais tu ne m'as pas vu dans ces vêtements-, hein ? demande-t-il.

Il frémit et son regard se perd au loin.

Harry sait ce qui va suivre. Oh Seigneur.

— Mais tu le verras bientôt ! s'écrie Zabini avec une jubilation intense. Je me disais qu'on pourrait sortir tous ensemble ce soir – en boîte, ou quelque chose du genre.

— Je ne... commence Malefoy.

— Dans un endroit moldu, bien sûr, poursuit Zabini comme s'il n'avait pas été interrompu. Parce que nous avons connu une rédemption pure et complète et qu'il est maintenant officiel que nous adorons les Moldus, pas vrai, les amis ?

La pièce n'est pas tout à fait silencieuse ; il y a quelques toux nerveuses.

— Ravi de l'entendre ! dit Zabini. Invite Granger et Weasley si tu veux, ajoute-t-il pour Harry, ce qui fait s'étouffer Malefoy d'indignation. Mais juste eux, sinon Drago sera obligé de porter autre chose, et ce serait profondément tragique.

Drago sera obligé de... porter autre chose ?

— Heu, commence Harry.

— Ne pose pas de questions, Potter, dit Zabini en agitant une main nonchalante. Ce sera une belle surprise. On se retrouve sur le perron à huit heures ?

— Oui, d'accord, chéri, déclare Pansy avec une bonne humeur surprenante. Je vais aller trouver Hermione pour la mettre au courant.

Elle se lève de nouveau, ramasse ses sacs et repart, a priori en direction de son dortoir. Quand elle ouvre la porte, l'énorme et hideux chat de Millicent entre et file tout droit vers Harry qui grimace face à inéluctabilité de griffes sur ses genoux. Est-ce que Millicent les aiguise juste pour le plaisir ?

— Allez, les garçons, allons ranger nos nouveaux vêtements, dit Zabini en se levant et en faisant signe à Malefoy, Nott et Goyle. Je surveillerai les tiens, Drago, ajoute-t-il d'une voix sirupeuse. Je ne voudrais pas qu'il leur arrive malheur.

Malefoy arbore une mine boudeuse mais il ne proteste pas et ils suivent tous Zabini qui les conduit à travers la salle commune jusqu'au dortoir, comme les rats qui suivent le joueur de flûte de Hamelin jusqu'à la noyade. 

Tatoué sur mon cœur  - DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant