Il n'y a pas d'antidote à la crétinerie - 5

3.5K 490 94
                                    

Il y a un moment de silence ; tout ce que Harry entend, c'est la respiration rapide de Malefoy.

— Je... commence Malefoy avant d'émettre un bruit frustré. Si c'était à toi que c'était arrivé, si nos situations étaient inversées... ça me ferait plaisir, dit-il sans regarder Harry. J'aurais trouvé ça drôle. Je suppose que je trouve ça dur de croire que tu n'es pas en train de secrètement te foutre de ma gueule, ajoute-t-il avec sentiment.

— Drôle ? répète Harry incapable de croire ce qu'il entend. Si tu trouves qu'il y a quoi que ce soit de drôle dans cette histoire, tu as vraiment un humour de merde.

— Oh, va te faire, marmonne Malefoy.

— Pardon ?

— J'ai dit VA TE FAIRE, répète Malefoy en se tournant pour le fusiller du regard.

Il a l'air épuisé et malheureux et une part de Harry a envie de lui donner une potion de Sommeil Sans Rêves et de le mettre au lit.

L'autre part de Harry a envie de l'étrangler.

— Écoute, Malefoy, je sais que tu penses que mon but principal dans tout ce que j'entreprends c'est de ruiner ta vie, mais tout ne tourne pas autour de toi, explique-t-il vivement. Tu penses peut-être que cette histoire de marque sœur c'est ma faute, et si tu as envie de croire ça, fais-toi plaisir, ça ne me fait ni chaud ni froid si tu préfères être un crétin, mais ne te permets pas de supposer que je puisse trouver un avantage à cette situation. Les gens n'arrêtent pas de me dire que je devrais te plaindre parce que tu es « le dernier Malefoy », mais tu sais quoi ? Au cas où ça ait échappé à ton attention, je suis le dernier Potter, moi, putain, et je vois personne faire des crises à ce sujet. Juste parce que je ne suis pas un Sang Pur, ça ne veut pas dire que ma famille n'est pas importante aussi.

Harry se laisse aller un peu plus vers le sol et espère que le tapis l'avale. Il n'avait pas prévu de se lancer dans une telle tirade, mais une fois lancé, les mots sont sortis tout seuls, comme s'il avait déjà écrit un discours dans sa tête, spécialement pour cet instant.

Malefoy se racle la gorge.

— Des potions pour les cheveux, dit-il.

— Quoi ? demande Harry, perplexe.

— Les potions pour cheveux Gelial, répond Malefoy, irrité. L'histoire de ta famille. Tu ne sais pas que c'est là-dessus qu'est bâtie la fortune des Potter ? J'ai lu un article fascinant dans Sorcière Hebdo — ma mère est abonnée, vois-tu, Potter, parce qu'elle est maso, je pense – qui expliquait que Gelial était un ingrédient vital dans l'histoire d'amour de Weasley et Granger. Savais-tu que si les cheveux de Granger n'avaient pas été parfaits pour le Bal des Trois Sorciers, alors l'amour n'aurait peut-être pas éclos ?

— D'accord, ce n'est pas la peine de se moquer, marmonne Harry.

Malefoy renifle.

— Je suis désolé, dit-il de mauvaise grâce. Pas pour le cours d'histoire. Pour le reste.

— D'accord, dit Harry.

Ils restent assis encore un moment, à fixer le tapis. Il n'est pas mal pour un tapis, pense Harry. Très... fibreux.

— Je le pensais. Quand j'ai dit que c'était moins horrible de travailler à plusieurs. Je ne sais pas ce que j'aurais fait sans Ron et Hermione.

— Non, dit Malefoy avec un ton bizarre. Et c'est pour ça que tu les as mis en danger, encore et encore, alors que c'était toi qui étais au cœur de la prophétie, pas eux. Très protecteur de ta part.

Harry grimace.

— Je n'aurais pas pu les en empêcher !

— Est-ce que tu as seulement essayé ?

Non, il suppose que non. Mais l'idée de faire face à l'année précédente tout seul le glace jusqu'au sang. Ces quelques semaines sans Ron étaient déjà suffisamment éprouvantes.

— Je sais ce que j'aurais fait sans Ron et Hermione, dit-il. J'aurais échoué. Je le savais, et ils le savaient. Les empêcher de m'aider aurait été vraiment stupide, Malefoy. Et toi, tu serais très stupide de continuer à vouloir me tenir à l'écart. Tu t'en sors si bien tout seul, ajoute-t-il parce que c'est Malefoy et qu'il ne peut pas s'en empêcher.

Malefoy est silencieux et immobile. Harry espère qu'il n'est pas en train de se triturer les méninges à la recherche du meilleur maléfice à lui lancer. Mais il gémit et se tape la tête contre le mur derrière lui. Ça fait un grand bruit sourd.

— Dit comme ça... commence-t-il. J'ai envie d'embrocher ta tête sur une pique, plus que jamais, poursuit-il, parce qu'il est Malefoy et qu'être un enfoiré doit faire partie de sa description de poste : « Cauchemar de la Vie de Harry, Quelque soit le Scénario ». Tu veux bien travailler là-dessus avec moi ? demande-t-il en se tournant vers Harry, les mains jointes, en faisant de grands yeux suppliants.

Harry essaie de ne pas céder à son agacement.

— Malefoy, dit-il, et il entend le tranchant dans sa voix.

Malefoy fronce le nez.

— Oui, d'accord, Potter. Pour l'amour de Dieu, dit-il en laissant retomber ses mains et en s'affaissant de nouveau contre le mur.

Harry récupère la fiole d'antidote dans sa poche, heureux de ne pas s'être assis dessus. Malefoy le regarde avec écœurement.

— Je ne vois pas l'intérêt, dit-il, tendu.

— Et je ne vois pas l'intérêt de ne pas essayer puisque de toute façon, tu vois, on l'a concocté cet antidote. Peut-être qu'il y a besoin que ce soit moi qui te le donne pour que ça marche ? tente-t-il au hasard.

Il ne sait pas pourquoi c'est si important que Malefoy cède et essaie l'antidote. Il ne pense pas non plus que ça va marcher, pour être honnête. Ça semble juste important – une preuve que Malefoy va arrêter d'être contrariant et coopérer pour de vrai. Si Malefoy ne compte jamais lui faire confiance, à quoi bon essayer ? Il ferait aussi bien de laisser tomber tout de suite et de continuer à faire des recherches sur les sortilèges de son côté. Qui sait, il trouverait peut-être un antidote avant de mourir de vieillesse.

Tatoué sur mon cœur  - DrarryDonde viven las historias. Descúbrelo ahora