De ton cœur le désir - 5

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Elle la lui tend pour qu'il puisse voir. Tout l'intérieur de la boîte est gravé de lettres. C'est l'écriture de Harry et ça répète à l'infini Ne pense pas à Malefoy, ne pense pas à Malefoy, ne pense pas à Malefoy. Il referme la boîte avec un clac et se dit qu'au final, il aurait peut-être préféré les pénis.

Après le cours, Hermione le traîne à la bibliothèque et le conduit à travers le labyrinthe de livres jusqu'à un bureau entouré d'étagères. Elle jette un Muffliato tout en s'asseyant et sort un emploi du temps avec des plages de couleur qu'elle fait glisser vers lui par-dessus la table.

— Je me suis dit que tu voudrais peut-être une copie de mon planning de révisions, dit-elle alors qu'il s'assied. Ça pourrait t'aider à te concentrer un peu, sur quelque chose d'autre que...

Elle n'achève pas sa phrase, soupire et pose les coudes sur le bureau.

— Je ne suis pas surprise que tout ça t'ait perturbé, Harry, mais...

Elle ne semble pas parvenir à trouver les bons mots et elle plisse le front en réfléchissant.

— Est-ce que tu aimes bien Drago, maintenant ? demande-t-elle avec hésitation.

— Non ! proteste Harry.

Il gigote sur son siège tandis qu'elle étrécit les yeux.

— J'en sais rien, dit-il avec humeur.

Il s'effondre sur le bureau, le menton sur ses bras croisés.

— Je ne voulais pas forcément dire de façon, heu... romantique, dit Hermione.

Ça suffit à faire rougir Harry, le sang lui monte aux joues comme pour confirmer tous les soupçons qu'Hermione aurait pu avoir.

— Je veux dire... enfin, regarde avec moi. Je n'aurais jamais, jamais pensé que je puisse avoir un jour quoi que ce soit à dire à Pansy et Millicent vu tout ce qu'il s'est passé, mais c'est bizarre. Des fois, j'oublie de qui il s'agit, tu vois ce que je veux dire ? Je me disais que c'était peut-être pareil pour toi, vu que tu vis dans le même dortoir que Drago. Ce n'est pas étonnant que tu sois perdu, vu la... situation.

Est-ce que ça pourrait être ça ? Harry se le demande. Leur proximité physique mêlée aux tourments intérieurs causés par les marques sœur qui le pousse à être sensible à... Mais à quoi, au juste ? Hermione parle du fait qu'il pense beaucoup à Malefoy. Ce n'est pas tout à fait la même chose que d'avoir envie de... Harry se sent devenir encore plus rouge. Mais bon, il faut prendre en compte ce qu'il a vu dans le miroir. Le Malefoy du reflet avait l'air bien disposé envers lui, certes, mais il n'était pas en train de minauder et de lui faire du rentre-dedans non plus, si ? Harry fait part de quelques-unes de ces réflexions à voix haute et ce n'est que quand les sourcils d'Hermione montent pratiquement jusqu'au plafond qu'il se rappelle qu'elle n'est pas au courant qu'il a emmené Malefoy regarder dans le miroir du Riséd au milieu de la nuit.

— Tu ne penses pas, dit-elle d'une voix acide qui n'est pas sans rappeler celle de Malefoy, que t'en remettre à un artefact de magie noire très certainement illégal qui montre soi-disant ce que ton cœur désire est à peu près aussi malin que de croire en un sort de magie noire illégal qui révèle soi-disant le nom de ton âme sœur ?

Harry se sent idiot quand elle présente les choses ainsi. Il se redresse d'un coup et proteste :

— Oui, ben c'est pas comme si tu m'avais aidé des masses dernièrement, hein !

Il sait que c'est injuste et méchant, mais ça tape dans le mille car Hermione prend des couleurs et sa mâchoire tremblote.

— Je suis désolé, dit-il aussitôt. Je ne le pensais pas.

Mais il le pensait un peu et il lui semble qu'Hermione s'en rend compte.

— Je n'ai rien vu d'utile, de toute façon.

Il lui raconte ce qu'il a vu : lui, bras dessus, bras dessous avec Malefoy, qui avait ses manches retroussées. Il n'arrive toujours pas à comprendre ce que signifie cette légère altération de la réalité.

Hermione cligne des yeux et fronce à nouveau les sourcils.

— Avec ses manches retroussées ? Tu veux dire qu'il montrait sa Marque des Ténèbres ?

C'est un peu étrange, suppose Harry. Dans le miroir comme dans la réalité, il voyait des petits bouts de la marque sœur qui dépassait de l'encolure de son pyjama. Mais la Marque des Ténèbres était cachée. Il se triture les méninges mais tout ça n'a aucune logique. Le désir de son cœur c'est que... Malefoy montre un peu plus sa Marque des Ténèbres ? À moins que le subconscient d'Harry soit devenu complètement taré, il ne pense pas que c'est très crédible. Mais... est-ce que ça pourrait être un genre d'indice ? Pour se débarrasser du sortilège de marque sœur, Harry doit d'abord aider Malefoy à effacer la Marque des Ténèbres. Une lueur d'espoir apparaît et il s'en saisit des deux mains.

Mais quand il lui fait part de ses conclusions, Hermione n'a pas l'air convaincue.

— Je pense que c'est un peu moins tiré par les cheveux que ça, dit-elle. Je pense que ça veut juste dire que, au fond de toi, ça ne te pose pas de problème que Malefoy ait la Marque des Ténèbres. Que tu lui as pardonné, peut-être.

Mais si c'est ce que ça veut dire, alors la suite logique c'est que Harry n'a pas non plus de problème à ce que Malefoy ait cette putain de Marque Sœur. Parce qu'elle était là, toute scintillante dans le miroir. Harry sent le début d'une migraine monumentale naître derrière ses yeux et essayer de faire dégouliner sa cervelle de sa boîte crânienne.

— Est-ce que tu as progressé au niveau des idées pour contrer le sort ? demande-t-il en fermant les yeux.

Malefoy se trouve là, derrière ses paupières, à le regarder en silence et sans espoir.

Hermione tend la main et serre la sienne à travers la table. Quand il rouvre les yeux, elle essaie de sourire. Ce n'est pas bon signe.

— J'ai des tas d'idées de trucs que tu – que nous – pourrions essayer, dit-elle. Mais elles sont toutes tellement risquées ! Je n'ai pas envie de suggérer quelque chose qui pourrait empirer la situation.

— Comme quoi ? demanda Harry.

Il a conscience de la frustration dans sa voix. Est-ce que la situation pourrait vraiment empirer ?

Hermione hésite.

— Eh bien... Je me demande si la pièce fermée du département des Mystères pourrait détenir des réponses. C'est là qu'ils font des recherches sur l'amour, tu te souviens ? Mais il faudrait qu'on y rentre illégalement et Merlin seul sait ce qu'on y trouverait ! Ou... je me demandais si utiliser Amortentia pourrait déclencher quelque chose – forcer ta propre marque sœur à apparaître, peut-être. Sinon, il y a des recherches qui suggèrent que si un sorcier est sur le point de mourir, tout maléfice placé sur lui est brisé juste avant qu'il passe de l'autre côté. Je veux dire, franchement, Harry – je ne te proposerais jamais d'essayer ça ! dit-elle d'une voix féroce. Il y a des tas d'autres choses – de la magie de sang et ainsi de suite – où si ça se passe mal tu pourrais vraiment mourir. Je sais que j'ai promis de n'en parler à personne, et je ne le ferai pas, mais si tu ne fais que réfléchir à utiliser quelque chose qui pourrait te tuer, alors je romprai cette promesse en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire et j'irai droit chez McGonagall.

Harry fait la moue à son bureau.

— Sérieusement, Harry, dit Hermione d'une voix où la sympathie se mêle à l'agacement. Je sais que tu es malheureux, même si tu ne veux pas trop m'en parler, mais quelques tatouages ne valent pas de risquer sa vie.

Elle a raison, suppose Harry. Mais le fait qu'elle ait raison ne rend pas ça moins agaçant pour autant ni ne fait diminuer les doutes et les incertitudes qui tourbillonnent dans sa tête.

Tatoué sur mon cœur  - DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant