Amortentia, aussi connue sous le nom de "Très Mauvaise Idée"

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Quand Harry se réveille lundi, il réalise qu'on est déjà en octobre et que ça fait un mois qu'il est de retour à l'école. C'est une drôle de pensée. Il arrive à peine à se concentrer sur les cours et pourtant, il ne semble pas être en train de couler. C'est surtout des travaux pratiques pour le moment, et même s'il avait l'impression, avant de revenir à l'école, que les deux années précédentes auraient dû suffire à le préparer à peu près à n'importe quoi, il ne s'attendait pas à ce que ce soit vrai. C'est comme si quelque chose avait enfin cliqué pour lui. Même les cours de Potions ne sont plus ce défi insurmontable qu'ils étaient à une époque. S'il se concentre et qu'il fait exactement ce qui est écrit dans le manuel, ses potions semblent donner le résultat attendu. Rogue serait fier de lui. Enfin, bon, peut-être pas vraiment fier, mais un peu moins cinglant, disons.

Ça fait presque un mois, aussi, qu'il a été atteint par le sortilège d'âme sœur. Ça lui paraît encore plus difficile à croire. L'intensité du choc s'est dissipée et maintenant c'est plus comme un truc qui le turlupine constamment, en arrière-plan dans son cerveau. Parfois, il arrive même à penser à d'autres choses. Des choses qui ne sont pas Malefoy. Il se dit que si Malefoy n'avait pas été touché lui aussi, il aurait peut-être carrément oublié ce sortilège à l'heure actuelle.

Non. Il n'y a pas moyen de l'oublier. Mais il l'aurait peut-être... réprimé. Après tout, il ne sait toujours pas avec certitude ce que signifie son absence de marque. Bien sûr, ça pourrait vouloir dire qu'il est condamné à finir seul. Mais ça pourrait aussi vouloir dire qu'il n'a pas une seule âme sœur... Qu'il est libre de choisir par lui-même. De choisir une femme, ou un homme, parce qu'il le veut et pas parce que l'ADN magique de cette personne est ultra-compatible avec le sien, ou allez savoir comment le sortilège marche au juste. Ou peut-être que c'est simplement qu'il n'a pas encore rencontré son âme sœur et que le sortilège ne peut pas montrer ce que le cœur ne sait pas encore. Pour il ne sait quelle raison, cette explication ne plaît pas à Harry. Mais... il serait heureux de ne pas être marqué si ça veut dire qu'il a le choix. Avoir le choix est quelque chose qu'il désire ardemment, même si ça lui fait peur.

Alors... oui. Il pourrait accepter tout ce fatras. Si dans l'histoire, il n'y avait pas Malefoy.

Malefoy ne se plaint pas auprès d'Harry, il ne vient pas embêter Hermione et il ne semble pas essayer de trouver un contre-sort par lui-même comme il le faisait au début. Il se contente de... souffrir. Et bien sûr, il semble déterminé à ce que Harry souffre aussi, un petit peu, juste avec moins de détermination que Zabini n'en met à faire souffrir Malefoy. Mais ce n'est pas avant mardi que Harry se dit que peut-être ils devraient essayer une des idées un peu plus radicales d'Hermione parce que s'ils ne le font pas, il est tout à fait possible que Malefoy finisse à Azkaban pour le meurtre de Blaise Zabini.

Zabini s'est montré étonnamment réticent quant à sa fameuse « databranle » mais alors que les garçons traînent tous dans leur dortoir en ce mardi soir, il annonce avec un sourire malfaisant qu'il a un nouveau souvenir à partager. Et que peut-être Drago voudrait passer en premier ? C'est à lui que ça plaira le plus. Il est clair que Malefoy préfèrerait manger un sandwich à la merde que passer le premier, mais il plonge de mauvaise grâce dans la Pensine miniature de Zabini pour aller voir la saleté que l'autre y a mis.

C'est visiblement assez atroce. Malefoy se retire du souvenir après seulement trente secondes et il blêmit avant de rougir puis blêmir à nouveau. Il serre les poings, ouvre la bouche pour dire quelque chose, la referme et serre les lèvres hermétiquement. Il se lève et quitte la porte en claquant la porte derrière lui.

Zabini a l'élégance de paraître gêné.

— Je ne voulais pas le foutre en rogne à ce point. Oups.

Il regarde vers la porte et se frotte la nuque d'une main.

— Tu comptes aller le voir ? demande Harry. Ou bien j'y vais...

— Heu, non, je ne pense pas que tu devrais y aller, dit Zabini, l'air mal à l'aise.

C'est très louche, pense Harry. Zabini n'est jamais mal à l'aise.

— J'y vais, dit-il avant de se précipiter hors de la pièce.

Nott s'est retiré derrière les rideaux de son baldaquin à nouveau et Harry et Greg se retrouvent à se regarder.

— Tu sais ce que c'était comme souvenir ? demande Harry.

Greg haussa les épaules et va mettre sa tête dans la Pensine. Il ressort après quelques secondes.

— C'est toi. En train de dormir, dit-il.

Il secoue la tête.

— Zabini peut vraiment être un gougnafier des fois.

Harry cligne des yeux. C'est lui ? Ça a l'air à la fois improbable et stupide. Mais il faut qu'il voie par lui-même, alors il avance jusqu'à la Pensine et Greg se retire pour lui faire de la place. Il glisse dans le souvenir avec un frisson désagréable. Quelqu'un – Zabini, certainement – est, effectivement, en train de le regarder dormir. C'est étrange de se voir depuis le point de vue de quelqu'un d'autre. Harry ne pense pas vraiment apprécier cela. Il n'a jamais pensé qu'il était vulnérable, mais pour tout dire, c'est assez flippant de se voir comme ça. Et puis... il se sent virer au rouge vif. Dans le souvenir, il roule sur le côté, repousse à moitié les couvertures, et dévoile le renflement d'une érection qui déforme son bas de pyjama. Dans l'intimité de la Pensine, ça semble très... proche. Et personnel.

Harry se sort du souvenir et il ne sait pas trop quoi faire. Mais quand il arrête d'être gêné, il découvre qu'il est en colère contre lui-même. Pour ne pas s'être montré un meilleur ami pour Malefoy, qui souffre de la situation.

— On pourrait jeter un maléfice sur son bas de pyjama, suggère Greg. Celui de Blaise, je veux dire.

Ils jettent un maléfice sur son bas de pyjama et Harry se sent un peu mieux, surtout quand le mauvais sort agit et que Malefoy sourit presque en voyant Zabini sautiller dans la chambre en poussant des jurons, la moitié inférieure de son corps métamorphosée en pattes de kangourous. Il est toujours en train de s'excuser auprès de Malefoy, note Harry, entre deux jurons. C'est plutôt impressionnant. Mais Harry décide que le lendemain, il faut qu'ils fassent quelque chose pour essayer de se débarrasser du sortilège. Il ne peut pas laisser passer une semaine de plus sans rien faire alors qu'il est de plus en plus perdu quant à Malefoy, et que Malefoy est de plus en plus... malheureux et résigné. Ça ne va pas du tout.

Tatoué sur mon cœur  - DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant