Imperial Leather - 1

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Imperial Leather : 1 - Drago Malefoy : 0

Le temps que Mme Pince arrête de jouer les cerbères de la Réserve, la rumeur s'est répandue que le célèbre Harry Potter se trouve à la bibliothèque. Malefoy regarde les groupes d'élèves qui traînent entre les étagères et qui sont assis oh-si-naturellement aux bureaux, et ses lèvres se retroussent.

— On dirait un parcours d'obstacles hormonal, marmonne-t-il.

Il jette un coup d'œil à Harry.

— Eh bien, je te laisse à tes fans, n'est-ce pas ? dit-il, comme le branleur qu'il est.

Et avant que Harry puisse protester, il tire un grand coup sur la cape. Le tissu glisse sur le crâne de Harry et Malefoy disparaît à la vue.

Harry se précipite derrière une étagère et espère que personne ne l'a repéré ; il n'a pas envie de se retrouver avec la réputation de se cacher dans les bibliothèques. Les gens risqueraient de commencer à lui acheter des livres pour son anniversaire. Qu'est-ce qu'il est censé faire, maintenant ? Il pourrait retourner dans la Réserve, suppose-t-il. Lui et Malefoy se sont mis d'accord pour faire davantage de recherches, et puisqu'il est et qu'il va devoir payer de sa personne pour sortir, autant ne pas avoir l'impression d'être venu pour rien.

Dès qu'il laisse tomber sa pile de livres sur le bureau de Mme Pince, il comprend qu'il vient de commettre une gigantesque erreur. Il est trop tard pour reculer, alors il rêvasse, brièvement, à se procurer un retourneur de temps. Bien sûr, le Ministère les a tous faits détruire, mais peut-être que l'un d'eux a disparu...

Mme Pince regarde les livres et un sourire sinistre se dessine sur son visage. Harry repère une petite tache d'humidité au coin du volume en haut de la pile et essaie de prendre une mine innocente. Innocente et... sèche. Il n'y a rien qui puisse le lier au crime, n'est-ce pas ? La source – ha ! – des dégâts, Malefoy l'Orageux, est sorti de la bibliothèque, Merlin merci.

Mme Pince hume l'air et étrécit les yeux

— Si je découvre que vous avez vandalisé mes livres, Potter...

Les points de suspension sont bien plus menaçants qu'une phrase complète.

— Eh bien, qu'avons-nous là ?

Sa voix se fait moqueuse et pleine de jugement.

— Une grosse pile issue de la Réserve, je vois. Je suis au courant qu'en votre qualité d'élève plus âgé, de retour pour une année supplémentaire, la Directrice vous a accordé l'autorisation d'emprunter ce que vous désirez dans cette section.

Sa voix laisse entendre que c'est la pire décision jamais prise dans une bibliothèque du monde sorcier.

Harry aimerait qu'elle se dépêche. La bibliothèque n'est pas complètement pleine – mais pas loin. Les dons d'acteurs des élèves qui font mine de travailler vont de passables à pitoyables. Harry pense avec mauvaise humeur que Mme Pince devrait les foutre à la porte, mais il ne pense pas que le dire à voix haute lui ferait franchement du bien. Pince est déjà bien assez soupçonneuse en l'état actuel des choses.

Elle fronce toujours les sourcils en examinant les livres. Et puis son visage s'éclaire, et elle compte à voix haute avec satisfaction.

— ...sept, huit, neuf... Ça fait neuf livres, jeune homme. Les élèves sont autorisés à emprunter huit livres maximum à la fois. Voyons... lequel voulez-vous laisser pour la prochaine fois ?

Elle prend les livres, un par un, et plisse les yeux pour lire les titres.

Magie érotique et amoureuse, lit-elle.

À voix bien haute. Il est sûr que la désapprobation dans sa voix doit s'entendre jusqu'en France.

Liés pour toujours ? Conquérir et contrôler ? 100 trucs pour...

Ils ont l'air encore pire prononcés à voix haute qu'écrits sur les couvertures – à la foix cuculs et flippants.

— N'importe lequel ! Je m'en fiche ! l'interrompt Harry, avant qu'elle fasse ça pour toute la pile.

Il aurait dû être plus sélectif quand il choisissait quels livres emprunter – mais la section sur les sortilèges amoureux était une déception en termes de taille quand il a regardé, alors il a juste pris tout ce qui lui semblait vaguement pertinent.

C'est presque, pense Harry sombrement, comme si c'était une bibliothèque scolaire et non pas un antre de débauche.

Mme Pince pince ses lèvres et tire un livre couleur framboise vers elle et le place avec soin dans le panier à côté de son bureau, prêt à être remis en rayon. Le livre délicat s'écarte d'un énorme volume noir qui grogne et agite ses pages d'un air menaçant et ne se calme que quand la bibliothécaire lui adresse un regard sévère. Sa plume s'élève toute seule et note les références des huit titres de Harry dans un grand livre de comptes avant de retomber en place. Mme Pince fait glisser les livres vers Harry avec une extrême réticence.

— Bonne lecture, dit-elle en reniflant.

Harry ramasse la pile – qui lui arrive au menton – se tourne... et se rend compte que quatre-vingt-quinze pourcents de l'école est désormais entassé dans la bibliothèque, en train de le fixer. Et ce n'est pas juste lui qu'ils fixent. Ils se rincent bien l'œil des titres dans ses bras – les tranches sont bien placées, pile face à son public, si bien qu'il est évident pour tout le monde que le Survivant/Soupirant est en train de transporter toute une bibliothèque de sortilèges amoureux.

Si ça ne fait pas les grands titres, il veut bien manger son chapeau. Et il ne possède même pas de chapeau. Il l'a sûrement déjà mangé dans un univers alternatif, pense-t-il, morose. Mais comme il n'y a rien qu'il puisse y faire, il décide de continuer quand même. La seule chose qui pourrait rendre cela pire, c'est s'il avait l'air gêné, s'il avait l'air de quelqu'un qui compte utiliser les sorts en question. Sur Blaise Zabini, complète son cerveau, toujours serviable quand il s'agit de trouver un niveau en plus dans le « pire » et d'y plonger. Alors il fait de son mieux pour prendre la mine d'un type studieux qui se livre à d'importantes recherches académiques et se concentre sur la porte de la bibliothèque. Il peut le faire, bien sûr, il peut le faire. Un pas à la fois, et ça sera bientôt fini.

Harry marche un peu trop vite et à son propre étonnement il se retrouve à la porte – qui est, tout aussi miraculeusement grande ouverte et non pas barrée par des élèves qui traînent là « nonchalamment ». Il fonce et découvre – qu'hélas – les cinq pourcents restants de la population de Poudlard semble s'être donné rendez-vous derrière la porte. Son moral s'effondre, au niveau de ses chaussettes. Mais il ne peut pas franchement retourner dans la bibliothèque, n'est-ce pas. Alors il lève le menton dans un geste de défi et file à travers la foule le plus vite possible. Il n'y a pas tant de distance à parcourir entre le premier étage et les cachots. Peut-être que s'il file comme l'éclair, personne n'aura le temps de lire les titres.

Avec le recul, Harry se dit qu'il ne recommande à personne de lever le menton dans un geste de défi, alors que ledit menton était utilisé pour maintenir l'équilibre d'une grosse pile de livres.

Tatoué sur mon cœur  - DrarryWhere stories live. Discover now