La panacée : Hermione Jean Granger - 9

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Harry se réveille en sursaut au milieu de la nuit, complètement désorienté, mais avec un fort sentiment de déjà-vu. Son visage est mouillé, comme s'il avait pleuré. Sa baguette est déjà dans sa main et il s'élance automatiquement pour la foutre dans le visage de son agresseur, même s'il le tient déjà par la gorge.

Alors qu'il se réveille un peu plus, il réalise que la personne qui lutte pour respirer sous lui a une façon vaguement... sarcastique, malfoyenne de s'étouffer. Il jette un Lumos et voit Malefoy, coincé sous lui, avec une cruche d'eau qui se répand sur la couette.

Harry referme les rideaux entrouverts et relâche à moitié Malefoy, mais il garde sa baguette fixée fermement sur lui.

— Eh bien ? demande-t-il comme Malefoy ne dit rien et se contente de le regarder d'un air boudeur.

Le pyjama de Malefoy s'est pris de l'eau aussi et colle à sa peau, et la cruche magique qui ne se vide jamais continue à se déverser.

— Eh bien ? répète Harry.

Pour tout dire, Malefoy a l'air nerveux.

— Je... pensais que ça pourrait être drôle, dit-il, les yeux glués à la baguette de Harry.

— Quoi ? De me renverser de la flotte dessus ?

Malefoy s'humecte les lèvres.

— Je pensais que ça pourrait te faire rêver que je me noyais, dit-il.

Il fait la grimace.

— On a tous rêvé de noyade un jour ou l'autre, se hâte-t-il d'ajouter. C'est le clapotis de l'eau sur les vitres. Tu ne veux pas abaisser ta baguette, Harry ?

Harry n'est pas sûr d'être bien éveillé ; il est mort de fatigue, en colère, mouillé, et il n'a pas ses lunettes si bien qu'il n'arrive pas à voir correctement, mais s'il bouge pour les prendre, Malefoy pourrait lui jouer un autre de ses tours de bâtard.

— Pourquoi est-ce que tu veux que je rêve de toi en train de te noyer ?

Sa voix a l'air blessée et incrédule à ses propres oreilles.

— C'est vraiment nul de rêver que tu meurs tout le temps. J'aimerais bien pouvoir arrêter.

— Oui, j'en suis sûr, dit prudemment Malefoy. Pose juste ta baguette, et...

— Pourquoi je le ferais ? demande Harry, ce qui est totalement raisonnable à son avis.

Malefoy déglutit.

— Eh bien... Si tu le fais, je...

Harry est juste sur le point de baisser sa baguette et de dire à Malefoy d'aller se faire foutre – comme s'il était le genre de personnes qu'il fallait soudoyer pour les empêcher de lancer un maléfice à un adversaire désarmé – quand Malefoy dit, d'une voix étranglée :

— Je te laisserai regarder de nouveau ma marque sœur. Je sais que tu en as envie. Tu n'arrêtes pas de fixer mon cou. Surtout quand tu penses que je ne te vois pas.

Harry abaisse sa baguette. Son cœur tambourine.

— Malefoy, dit-il maladroitement. Je ne voulais pas...

— Oui, c'est bon, Potter, laisse tomber, dit Malefoy.

Mais il ne bouge pas.

— Je suis sûr que ça ne veut rien dire du tout, ajoute-t-il.

Sa voix a l'air de passer par des cordes vocales tordues.

— Désolé, je...

ne comprends pas ce dont nous sommes en train de parler, a-t-il envie de dire, mais il est trop fatigué pour penser normalement, et il est submergé par la puissance de son désir de plaquer Malefoy contre le matelas et juste... le regarder.

Mais le lit est trempé désormais, et Malefoy est passé de humide à tout aussi dégoulinant que la couette, et le matelas absorbe comme une éponge l'eau qui coule toujours. Harry se dit qu'il peut – peut-être – gérer un Malefoy sec, mais un Malefoy mouillé, c'est...

Non. Il ne peut même pas gérer un Malefoy sec. Et il ne peut carrément pas gérer un Malefoy dont le pyjama lui colle à la peau et qui tremble quand Harry le regarde. Il n'arrive pas à savoir si c'est une bonne ou une mauvaise chose que le monde soit toujours flou sous son regard myope.

Malefoy prend une inspiration tremblante.

— J'ai froid, Potter, dit-il avec juste un soupçon de frisson dans la voix. Mon offre n'est plus valable aujourd'hui. On peut faire ça un autre jour, ajoute-t-il alors qu'il balance ses jambes hors du lit.

— Ce n'est pas...

Promis, dit Malefoy, avec une certaine dureté dans la voix.

Il se lève. Harry se lève aussi.

— Quoi ? demande Malefoy.

Il se tourne, les bras serrés autour de lui-même. Il est vraiment trempé – et Harry se rend compte que lui aussi, et il se met soudain à trembler à son tour.

— C'est toi qui as foutu ce bordel, débrouille-toi avec, dit Harry d'une voix ferme mais basse. Je dors dans ton lit ce soir, ajoute-t-il.

Il grimpe dans le lit de Malefoy avant de perdre son courage et tire les rideaux du baldaquin pour bloquer la vision de son visage pâle et flou.

Harry se jette un sort de séchage qui fonctionne assez rapidement, alors il se glisse entre les draps qui sont toujours tièdes et ferme les yeux. L'oreiller a l'odeur de Malefoy – quelque chose d'épicé, de boisé. Harry inspire à fond et découvre qu'il est bien en train de se noyer après tout.

Quand il se réveille, il se sent bizarre et épuisé, et il penserait que cette scène tout à fait improbable était un rêve, s'il n'y avait pas ce détail inexplicable : il se trouve dans le lit de Malefoy.

Malefoy, quant à lui, n'est nulle part en vue.

Tatoué sur mon cœur  - DrarryWhere stories live. Discover now