Imperial Leather - 2

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— Merde ! s'écrie-t-il alors que la tour de livres chancelle et tombe.

Il essaie de les rattraper en même temps qu'il essaie de sortir sa baguette – il est un sorcier ou bien ? – et ne réussit aucune des deux actions. Les livres s'écrasent au sol et Harry enfonce sa baguette dans le ventre de la personne la plus proche alors qu'il gesticule inefficacement.

— Pfouf, dit Slughorn. On ne court pas dans les couloirs, Harry, même si vous avez effectivement sauvé le monde, hein.

Ses yeux pétillent et un mouvement rapide de sa baguette voit les livres gênants de Harry se reformer en pile dans ses bras.

— Je ne retirerai pas de points cette fois-ci.

— Non, monsieur, désolé, dit Harry, le visage en feu, alors qu'il s'apprête à battre le record du monde de vitesse de carapatage.

— Vous retournez à la salle commune avec ces livres ? demande Slughorn, jovial. Je marchais vers les cachots moi aussi. Allons-y ensemble.

Le record de vitesse sera pour un autre jour, apparemment, aujourd'hui, c'est plutôt le record du monde du visage le plus rouge, pense Harry en agitant avec malaise les livres dans ses bras.

— Des lectures intéressantes, déclare Slughorn d'une voix légère tandis qu'ils marchent. J'espère que ce n'est que de la recherche théorique, mon garçon ? Non pas que Mr Zabini ne soit un jeune homme charmant, mais...

Il s'interrompt et se racle délicatement la gorge.

— C'est assurément théorique, monsieur ! s'écrie Harry, en train de mourir intérieurement. Cent pourcents théorique.

Et il ajoute à voix bien haute, pour faire bonne mesure :

— Sur les antidotes aux philtres d'amour, monsieur. Pas du tout sur les philtres en eux-mêmes.

— J'ai toujours considéré que les philtres d'amour étaient un peu indignes de gens de notre classe, Potter, dit Slughorn, tout aussi légèrement, comme si Harry n'avait rien dit. J'espère que vous savez, mon garçon, que si vous avez besoin d'être présenté à qui que ce soit, je serais plus que ravi de vous apporter mon aide ? Eh bien, je dois connaître des douzaines de jeunes célibataires ! Collectionner les jeunes gens intéressants, c'est ma passion, vous le saviez, Potter ? Ça me donne la sensation de rester jeune, m'entourer ainsi de gens intelligents et ambitieux, qui vont vraiment réussir. Vous n'avez qu'à dire un mot !

— C'est très gentil, mais je ne cherche pas vraiment, parvient à articuler Harry.

C'est difficile de parler quand vous êtes en train de mourir intérieurement, et encore plus quand la population mondiale se retourne sur votre passage pour lire les titres des livres que vous portez, coincés sous votre menton.

— Bien sûr, bien sûr, dit Slughorn en lui faisant un sourire radieux tandis qu'ils descendent l'escalier à la vitesse d'escargots arthritiques.

Il semble complètement oublieux du fait que tous les troisième années qu'il vient de conduire à la bibliothèque les suivent de près en pouffant de rire.

— Je ne veux juste pas que vous perdiez votre temps avec des sortilèges amoureux, alors qu'un petit mot glissé à l'oreille de la bonne personne de ma part ferait tout aussi bien le travail.

Sa voix change et prend une nuance d'avertissement.

— Les sortilèges d'amour peuvent ruiner beaucoup de chose – des espoirs et des rêves. Non que j'ai besoin de dire cela à un jeune homme intelligent comme vous, n'est-ce pas, Potter ?

Il a un rire chaleureux. Harry se joint à ce rire car il n'y a pas grand-chose d'autre qu'il puisse faire. Se taper la tête contre le mur en hurlant à la mort ne ferait que lui attirer davantage d'attention non sollicitée, après tout.

***


Après dîner ce soir-là, Harry comptait aller droit au dortoir pour une séance de lecture intense. Alors comment se fait-il qu'il se retrouve assis dans la vaste salle commune de Serpentard, à partager un canapé Chesterfield en cuir vert avec Malefoy, il ne sait pas trop. Il n'y a qu'une seule chose dont il soit certain : c'est la faute de Zabini. Ce type est une malédiction sous forme humaine.

Nott lui passe un gobelet en métal sombre où sont gravés – surprise, surprise – des crânes, et Harry se demande ce qui est le plus dangereux : le boire ou ne pas le boire. Mais les autres le regardent bizarrement, alors il prend une gorgée, minuscule et probablement imprudente.

C'est de l'eau – glacée et pure, et étonnamment délicieuse après une telle journée.

Greg Goyle lui fait un sourire déplaisant et lève son propre verre dans sa direction pour porter un toast moqueur.

— Tu t'attendais à du poison.

Harry essaie de ne pas s'agiter sur son siège.

— Peut-être.

— Et tu l'as bu quand même ! s'écrie Zabini avec jubilation. Moi, j'admire quelqu'un qui voit un piège et saute dedans à pieds joints. C'est tellement stupide que c'en est presque beau. Comment tu fais pour être encore en vie, Potter, ça, c'est une énigme.

— Je ne pensais pas que ce serait un poison mortel, proteste Harry avant de se rendre compte qu'il doit avoir l'air encore plus idiot.

— Ah. Juste atrocement douloureux ? demande Malefoy en tournant la tête pour que Harry puisse faire l'expérience totale de sa mine « Potter est un idiot » et puis il appuie, comme pour coller une fleur séchée dans l'herbier de sa mémoire. J'essaierai de m'en souvenir pour la prochaine fois : « juste atrocement douloureux », c'est nickel pour Potter l'Abruti.

Harry décide de ne pas lui faire l'honneur d'une réponse. Il est trop occupé à essayer de se rappeler comment s'asseoir d'un air décontracté, sans avoir l'air d'un gland. Malefoy est étalé sur le canapé pourtant grand, et doit prendre les trois quarts de la place. Il ne touche pas vraiment Harry, mais il n'y a pas franchement d'espace entre eux non plus. Harry a une furieuse envie de se décaler et de coller sa jambe contre la sienne, juste pour voir sa réaction. Mais il ne le fait pas ; il est trop occupé à être assis droit comme un i, une main pliée sur ses genoux, l'autre qui broie la timbale, et à essayer de ne pas frémir.

Tatoué sur mon cœur  - DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant