L'orgasme le plus rapide du monde - 2

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Le Portoloin les dépose à un endroit à Londres que Harry ne connaît pas. Il y a de riches Moldus partout, et les voitures sont basses et brillantes, visiblement chères et conduites par des connards. Malefoy regarde autour d'eux en fronçant les sourcils.

— Par ici, je crois, dit-il.

Il les conduit vers une grande église très décorée. À l'intérieur, Malefoy montre leurs tickets à un portier souriant et on leur donne un programme chacun avant de les laisser trouver leurs sièges par eux-mêmes. Les chaises sont en bois, dures, et l'église en elle-même est moderne mais très décorée, avec un gigantesque orgue doré au bout.

— Tu crois en Dieu ? demande Harry en s'asseyant.

Il se demande pourquoi le sujet n'a jamais été abordé à Poudlard – en tout cas, il ne s'en rappelle pas. Est-ce que les sorciers croient en Dieu ? Les Dursley étaient des chrétiens Anglicans, ce qui veut dire qu'ils étaient censés savoir distinguer le bien du mal mais qu'ils n'allaient jamais à la messe, sauf à Noël, des fois, sans emmener Harry avec eux. Si bien que celui-ci n'a jamais développée une très haute opinion de la religion, même si parfois il se demande s'il n'y a pas quelque chose là-dedans.

Malefoy y réfléchit.

— La religion c'est plus un truc de Moldus, Potter, dit-il en posant le programme sur ses genoux. Je veux dire, ça fait aussi partie de l'histoire sorcière, ce que tu saurais si tu avais prêté attention aux cours de Binns. Mais c'est moins nécessaire d'avoir foi en la magie quand tu sais qu'elle existe pour de vrai. Je suppose que c'est pour ça que ça n'a plus trop d'attrait dans le monde sorcier, en tout cas.

Le vicaire se place derrière la chaire et commence son discours, il parle un peu de l'église avant de présenter l'orchestre et le chœur. Harry ne sait pas franchement si ça va lui plaire ; il n'a jamais vraiment eu l'occasion d'écouter de la musique classique et il est tendu parce qu'il a peur que Malefoy commence à chuchoter de façon audible que la musique moldue c'est de la merde, ou un truc comme ça. Mais Malefoy ne se comporte pas de façon gênante, il reste juste assis et écoute en consultant le programme de temps en temps, et il suit le public moldu pour applaudir poliment aux bons moments.

À l'entracte, il se lève sans commentaire et revient bientôt avec deux petits gobelets de vin. Il en tend un à Harry et prend une gorgée du sien.

— C'est presque buvable, dit-il avec un sourire de travers avant de prendre une gorgée de plus.

Harry se demande ce que ça veut dire, que Malefoy boive en sa compagnie. Est-ce que la musique est si mauvaise que ça ? Ou bien c'est sa présence qu'il a besoin d'oblitérer ? Ou bien – ça semble bizarre – c'est que Malefoy commence enfin à être suffisamment détendu avec Harry pour se permettre de se relâcher un peu ?

La musique recommence bientôt mais Harry n'arrive pas à se concentrer. Il n'aurait pas dû boire l'estomac vide, se dit-il. Mais ce n'est pas vraiment ça. C'est Malefoy – évidemment. Malefoy vide ce qu'il reste de son verre d'un coup et se penche pour poser le gobelet en plastique à côté de lui par terre. Et puis il écarte les jambes. C'est juste un petit mouvement mais ça veut dire que sa jambe vient appuyer contre celle d'Harry, que leurs cuisses se touchent.

Harry essaie de ne pas respirer mais c'est un peu trop difficile, alors il essaie de respirer normalement, et découvre que c'est presque aussi compliqué. Inspirer. Expirer. Inspirer. Expirer. L'orchestre joue un peu fort et Malefoy s'étire avec désinvolture, et pose sa main, avec tout autant de désinvolture, sur la jambe d'Harry. C'est assez intime, mais le genre de geste tout à fait acceptable qu'on peut faire dans un couple, en signe d'affection envers son partenaire.

Quelque chose de bizarre se produit en lui. Harry ne sait pas si c'est une bonne ou une mauvaise chose, juste que c'est en train d'arriver. Il respire une fois, deux fois. Et puis, de façon très délibérée, il pose sa main gauche par-dessus celle de Malefoy.

Quand la musique s'arrête, Harry retire sa main pour applaudir et Malefoy applaudit à côté de lui, en se décalant si bien qu'il n'est plus aussi proche. Harry se demande ce qu'il va se passer, au juste, maintenant, mais il a oublié que Malefoy a été diplômé avec mention pour ignorer ce genre de choses. Il devient bientôt évident que Malefoy compte juste faire comme s'ils n'avaient pas été assis là à se tenir la main, jusqu'à ce que le cœur de Harry semble prêt à jaillir hors de sa poitrine.

— Quelques fausses notes, dit Malefoy alors qu'ils se lèvent pour partir, mais avec de jolis moments, je suppose. Qu'est-ce que tu en penses ?

Harry en pense qu'il n'a pas du tout écouté la musique ; il était trop occupé à tenir la main de Malefoy.

— Oui, c'était pas mal, dit-il.

— Tu as une belle carrière de critique musical devant toi, dit Malefoy en ricanant tandis qu'il les conduit à l'extérieur.

Il fait froid, mais le temps et sec et les vitrines des boutiques chics qui s'alignent le long de la rue dégoulinent de bijoux et étincellent de lumières.

— Tu veux aller prendre un verre ? demande Malefoy.

Il n'attend pas la réponse et continue à marcher. Il est déjà en train d'ouvrir la porte d'un bar rattaché à un hôtel très luxe quand Harry le rattrape. Il le suit dans l'obscurité chic d'un intérieur aux meubles en cuir.

Tatoué sur mon cœur  - DrarryWhere stories live. Discover now