Il n'y a pas d'antidote à la crétinerie - 6

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— N'importe quoi, je te jure, dit Malefoy.

Il se penche vers lui et prend le flacon des mains de Harry. Il l'examine d'un air soupçonneux pendant un moment, avant de le déboucher et de le sentir brièvement.

— Ça ne sent pas trop mauvais, dit-il en le portant à sa bouche.

Le liquide épais coule lentement et il ne prend qu'une petite gorgée avant d'arrêter.

— Alors ? demande Harry.

— On dirait que je suis toujours vivant. Bon travail, Potter.

Il prend une autre gorgée, plus longue, et remet le bouchon.

— Quelle perte de temps, dit-il en lui rendant le flacon.

Il croise les bras devant son corps.

— Comment tu le sais ? demande Harry avec humeur.

Il ne remet pas la fiole dans sa poche.

— Tu n'as même pas vérifié !

Malefoy hausse les épaules.

— Je le sais, c'est tout. Fais-moi confiance.

— Pourquoi le devrais-je ?

Malefoy le fusille du regard de nouveau.

— Mais sérieusement. Pourquoi le devrais-je ? Comment je peux même être sûr que tu as une marque sœur avec mon nom ? insiste Harry.

Il est certain que c'est vrai, mais tout ça le rend dingue.

— Je ne l'ai même pas vue. Peut-être que la raison pour laquelle tu ne veux pas vérifier que l'antidote a marché, c'est que tu n'en as pas besoin du tout !

Malefoy semble sur le point d'exploser. Il se tord, se dresse sur ses genoux, et Harry se demande pendant un instant s'il va ficher le camp. Mais non, il surplombe Harry, et fait glisser sa robe de ses épaules puis déboutonne sa chemise de façon très menaçante. Jusqu'à aujourd'hui, Harry ne savait pas que c'était possible de déboutonner une chemise de façon menaçante ; on en apprend vraiment tous les jours.

Malefoy s'arrête au bout de quatre ou cinq boutons et ouvre le tissu en grand, exposant au regard une peau pâle, laiteuse, des clavicules bien définies, et...

C'est beau. Bizarrement, même après avoir vu les marques aux motifs complexes et délicats de Ron et Hermione, il ne s'était pas attendu à ce que celle de Malefoy soit belle. Elle s'étend sur toute la largeur de sa poitrine, et elle fait des torsades autour de ses clavicules dans des tons gris-argent. Pendant que Harry regarde, de petits animaux de la forêt gambadent sur la peau de Malefoy et les reflets argents s'estompent et reviennent, scintillant comme des étoiles. Le nom de Harry écrit en belle Copperplate anglaise délimite le sentier forestier et il s'enroule et s'entortille alors que de minuscules papillons dansent au-dessus.

Malefoy serre les bords de sa chemise avec un geste saccadé, et Harry se sent étrangement dépossédé. Quand il lève les yeux, Malefoy est rouge vif – son visage, son cou et, probablement, sous la chemise, sa poitrine.

— Satisfait ? demande-t-il d'une drôle de voix étranglée.

Il se rassied en arrière sur ses talons. Harry aperçoit encore un coin du tatouage qui bouge contre sa peau quand la chemise à moitié déboutonnée s'entrouvre avec le mouvement.

Il ne peut pas en détacher les yeux. Il s'humecte les lèvres. Hoche la tête.

— Bien, dit Malefoy.

Est-ce que sa voix vient de vaciller ? Harry n'en est pas sûr. C'est peut-être le monde qui a vacillé, alors que Malefoy est resté immobile.

Harry regarde le flacon dans sa main. Il est toujours à moitié plein.

— Je suppose que boire le reste ne changera rien, dit-il, en essayant de se reprendre.

— Tu es sérieux ? demande Malefoy, incrédule. Combien de ce truc il faut que je boive pour prouver que ça ne marche pas ? Un verre ? Un litre ? Une baignoire pleine ? Putain, je pourrais nager dans ce truc jusqu'à ce que j'ai la peau complètement fripée, et ça ne ferait toujours rien.

Harry y réfléchit.

— On ne peut pas en être sûr, dit-il, surtout pour être contrariant.

Malefoy tripote le col de sa chemise et devient encore plus rouge.

— Je ne vais pas me tremper dans une baignoire de ta potion dégoûtante juste pour te montrer que j'ai raison, Potter, prévient-il.

Harry renverse le flacon tête en bas, et la potion glisse lentement le long du verre. Ça a la consistance d'un milkshake.

— On pourrait juste frictionner le tatouage avec, suggère-t-il en redressant la fiole.

Il ne regarde pas Malefoy.

— Peut-être que ça ferait partir l'encre.

— Ça ne marchera pas ! rétorque Malefoy d'une voix cassante.

— Mais comment tu peux en être sûr si tu n'essaies pas ? répond Harry avec tout autant de brusquerie.

Ils se fusillent mutuellement du regard. Cette habitude commence à devenir pénible, pense Harry.

Malefoy craque en premier.

— Putain... Oh, donne-moi ce satané truc, alors, dit-il.

Il lui arrache le flacon des mains et tire sur le bouchon, mais dans son énervement, il envoie voler le petit récipient à travers la pièce.

Levitare ! hurle Harry, et il parvient à arrêter la fiole dans le vide, avant qu'elle ne touche le sol.

— Il en reste plein, marmonne Malefoy en regardant le flacon qui tourne doucement sur lui-même. Ne panique pas, abruti.

Il tend la main, paume ouverte, comme s'il s'attendait à ce que Harry le lui rende.

— Je vais le faire moi-même, dit Harry fermement.

Il fait voler le flacon jusqu'à sa paume ouverte. Il a déjà retiré le capuchon quand il se rend compte que l'autre n'a pas répondu. Quand il se tourne Malefoy est figé et le fixe.

Est-ce que c'est de l'horreur sur son visage ? Harry n'en est pas sûr. C'est probablement de l'horreur. Mais en ouvrant le flacon, Harry semble avoir pris sa décision, alors il se soulève sur ses genoux et se rapproche.

Tatoué sur mon cœur  - DrarryWhere stories live. Discover now