Amortentia - 3

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Harry veut se saisir de sa baguette mais elle n'est plus là. Il est coincé dans une pièce avec Narcissa Malefoy, et elle a l'air suffisamment en rogne pour lui balancer un Avada et il n'a pas sa baguette. Il panique, essaie de reculer – Narcissa tient sa tête dans ses mains et à l'évidence elle était en train de fouiller dans ses pensées même si tout est flou et tordu et qu'il n'arrive pas à se rappeler ce qu'il était en train de faire ni comment il est arrivé là.

— Restez tranquille, Potter, siffle-t-elle, si vous ne voulez pas vous retrouver avec du jus de cerveau qui sort des oreilles.

Il prend ça comme une menace – est-ce qu'il a été enlevé ou bien ? – et il essaie de regarder autour de lui à la recherche de quelque chose avec quoi la frapper pour s'échapper quand il voit...

Il voit Malefoy. Malefoy, assis sur une méridienne, pâle de rage, et d'un coup, Harry se rappelle. Pas de tout, mais suffisamment pour savoir qu'il s'est absolument ridiculisé. Mais comment il s'est retrouvé au Manoir Malefoy – il sent jusque dans ses os que c'est là qu'il se trouve – avec Narcissa en train de farfouiller dans son crâne, il n'en a toujours aucune idée. Pour l'instant. Il est sûr que Malefoy meurt d'envie de lui fournir tous les abominables détails de la situation.

— Je, heu, je suppose que ça n'a pas marché ? demande-t-il à Malefoy qui frémit et fronce les sourcils avec une telle intensité que Harry pense qu'il risque une blessure faciale.

— Je pense que vous pouvez le lâcher, Mère, dit-il. Il semble être à nouveau lui-même. C'est la stupidité de sa question qui me le prouve.

— Je vais aller chercher un verre d'eau, déclare Narcissa sur un ton qui suggère que tant qu'à y être, elle va y ajouter un peu de poison.

Elle quitte la pièce et Harry et Malefoy se retrouvent à se regarder dans le blanc des yeux un moment. Malefoy n'arrête pas de bouger comme s'il était sur le point de parler et... et puis pas. Harry n'arrête pas de se retrouver confronté à des souvenirs. Enfin, il suppose que ce sont des souvenirs et non des cauchemars. Il se dit qu'il s'est peut-être montré un peu... enthousiaste, quand il était sous l'influence d'Amortentia. On pourrait aller jusqu'à dire... trop enthousiaste. Il se prend de plein fouet un souvenir de lui à genoux, en train d'enrouler ses bras autour des jambes de Malefoy pour l'empêcher de quitter la pièce et il se sent rougir.

D'autres souvenirs reviennent : des déclarations passionnées qui partent en élucubrations. Lui qui essaie d'embrasser Malefoy – il grimace – et qui se prend des vents. Lui qui menace de se suicider par amour. Et des souvenirs d'une seule pièce, inconnue, où il a passé son temps à supplier et à se languir d'amour tandis que Malefoy était constamment à ses côtés. Et aucun souvenirs de Blaise Zabini bouche bée, ou d'Hermione en train de les engueuler, ou de Nott avec son drôle de regard vide, ni même de MacGonagall en train de demander un antidote à Slughorn.

Il a l'impression que ça fait une éternité qu'il se trouve au Manoir Malefoy, dans la pièce inconnue qu'il suppose être la chambre de Malefoy.

— Ça fait combien de temps que je suis là ? demande-t-il. J'ai l'impression que ça fait plus que vingt-quatre heures.

La drôle d'expression incrédule de Malefoy ne change pas.

— On est mardi, dit-il. Alors... oui, ça fait un peu plus que vingt-quatre heures.

La mère de Malefoy revient alors que Harry est en train de digérer ça et elle lui tend un verre d'eau. Qu'il boit, parce que ce serait impoli d'accuser son hôtesse d'essayer de l'empoisonner, surtout alors qu'il semble bien qu'elle vient de le libérer de l'emprise d'une potion d'amour.

— Il y a un Portoloin dans mon bureau que vous pouvez utiliser pour retourner à l'école, dit Narcissa. Va le chercher, Drago.

Malefoy quitte la pièce, comme dans un demi-sommeil, et laisse Harry seul avec sa mère.

— Heu, merci, commence Harry avant de s'arrêter devant la rage venimeuse sur son visage.

— Si vous rendez mon fils malheureux, je jure que peu importe les conséquences, je vous le ferai payer, dit-elle avant de se lever et de quitter la pièce.

Harry entend déjà l'écho des pas de Malefoy qui revient, et puis la voix de Narcissa, basse mais audible :

— Je t'interdis de refaire quelque chose d'aussi stupide, c'est compris ? Est-ce que tu imagines ce que la presse dirait si on s'apercevait que tu as drogué Harry Potter pour qu'il tombe amoureux de toi ? Ça anéantirait ce qu'il reste de notre réputation, et il n'en reste presque rien du tout, mon pauvre idiot. Que dirait ton père ?

Malefoy marmonne quelque chose de cassant qu'Harry n'arrive pas à distinguer.

— Non, ce ne serait bon pour la famille que si c'est soigneusement exécuté, comme je l'ai suggéré, mais tu avais d'autres idées, Drago. Non, je ne romprai pas ma promesse, mais de ton côté tu dois me promettre de m'en parler avant d'essayer quoi que ce soit d'aussi imprudent.

Il y a encore des murmures – Malefoy a l'air tendu et sa mère vibrante de rage. Mais au final, Malefoy dit de façon audible.

— D'accord, d'accord, je promets. Ce n'est pas la peine de me faire une tête au carré.

Il revient dans la pièce comme un bolide et attrape rudement Harry par le bras.

— Viens, dit-il, et il active le Portoloin.

Tatoué sur mon cœur  - DrarryWhere stories live. Discover now