Chapitre 7

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Point de  vue Charles Leclerc
Monaco Novembre 2021,

-Est-ce que j'ai le droit de savoir où on va maintenant ?

Installée dans le siège passager de la Ferrari, tout dans la manière dont elle se tenait était la preuve de son mécontentement, ce qui me faisait sourire même si je tentais de ne pas lui montrer.

La veille, nous avions terminé l'après-midi et la plus grande partie de la nuit, vautrés dans l'un de mes canapés à se raconter nos vies et à refaire le monde. Contre ma volonté, Noa avait insisté pour rentrer chez elle, et par chez elle j'entendais la chambre d'hôtel dans laquelle elle résidait depuis son arrivée à Monaco. Je n'avais pas été rassuré à l'idée de la laisser repartir au milieu de la nuit sur son scooter et si je n'étais pas parvenu à la convaincre de rester à l'appartement, j'avais au moins pu la convaincre de me laisser la raccompagner en voiture.

Nous étions en début d'après-midi et j'étais à nouveau passé à son hôtel pour  la récupérer. Elle tirait la gueule parce que je lui avais demandé de porter un jean et qu'apparemment le jean manquait de classe et qu'à moins que j'aie l'intention de lui faire faire des travaux de gros œuvre  comme installer un nouveau parquet ou rependre toute une pièce, c'était une insulte à sa personne. Quand elle m'avait dit hier qu'être jolie était une part de sa personnalité, je ne l'avais pas à tort pris au sérieux. Noa avait une féminité qui se traduisait par ses ongles toujours manucurés, son visage toujours parfaitement maquillé, et surtout ses petites robes qu'elle affectionnait particulièrement. Elle ne faisait pas que revendiquer cette féminité, elle la portait en étendard, et le jean d'après elle était une insulte à cette féminité. Noa était précieuse.

Mais nous nous dirigions vers un circuit de karting et non, il n'était pas possible pour elle de s'y rendre avec l'une de ses petites robes, sauf que ça elle l'ignorait encore.

-Tu pourrais deviner.
-J'ai droit à un indice ?

Le sens du défi mit fin à la moue ennuyée sur son visage et mon sourire s'agrandit.

-Hier, tu m'as emmené à l'opéra. Où est-ce que moi je pourrais t'emmener ?
-Maranello ?
-Je t'emmènerais un jour, mais pas aujourd'hui. Et pour quelqu'un qui n'y connaît rien en formule 1 tu m'as l'air plutôt au courant.
-Cœur, elle débuta d'un ton ennuyé, Je t'ai déjà parlé de mon frère. Tout ce que je sais de la formule 1, ce n'est pas de ma propre volonté.

Je tentais de ne pas réagir au surnom dont elle venait de m'affubler. Même si elle l'avait prononcé avec le ton le plus agacé qu'elle avait en réserve, elle l'avait tout de même dit et cela avait suffi pour faire se soulever mon cœur. À nouveau.

-D'ailleurs, comment est-ce qu'il a réagi à propos de nous ?

Elle laissa tomber lourdement sa tête contre l'appui du siège;

-Je ne lui ai pas dit. Il va me tuer quand il va savoir.
-Pourquoi tu ne lui as pas dit ?
-Quand je t'ai demandé l'autographe, je pensais pas qu'on se reverrait. Et puis on a connecté, si je lui dis maintenant, je vais devoir lui dire qu'on se voit et il va vouloir te voir. Sauf que, ce qu'on a, je veux le garder pour moi, pour nous. Et puis pour le moment, j'essaye juste de comprendre ce qu'il se passe entre nous.
-Tu le sens aussi ? Je demandais fébrilement.
-Bien sûr que je le sens, Charles. On a connecté et je connecte jamais avec les gens. Jamais, rien que ça, c'est exceptionnel et je ne peux pas me l'expliquer. C'est fort, rapide et...
-Normal en même temps, je terminais à sa place.

Du coin de l'œil je la vis secouer la tête pour me donner raison. Le silence entre nous s'installa, le genre de silence que l'on ne peut partager qu'avec des gens de qui nous sommes proches. Sans aucune gêne, il nous laissait à tous les deux le temps de la réflexion. Elle comme moi, avions besoin de prendre ces instants pour nous recentrer. J'avais besoin de digérer ce qu'elle venait de me dire. Elle la sentait aussi, l'attraction, le lien entre nous. Elle la sentait aussi. Ça me remplissait d'une joie que je ne pouvais décrire. Je n'étais pas seul dans mon délire. Il y avait bien quelque chose entre nous, qu'elle non plus ne pouvait pas décrire. Le soulagement. Avec la joie, il y avait aussi une forme de soulagement qui m'avait saisi.

La Prima DonnaWhere stories live. Discover now