Chapitre 14

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Point de  vue Charles Leclerc

Monaco, Janvier 2022

Depuis la première du Cinquième Élément, maman ne tarissait plus d'éloges en l'honneur de Noa. Nous étions ensemble depuis très peu de temps, mais elle avait obtenu la place de favorite avec une facilité déconcertante. Cela eut deux effets.

Sur Lorenzo dans un premier temps, il avait trouvé cela injuste par rapport à sa femme, d'autant plus que d'après lui nous ne savions rien sur cette « Noa qui ne se prend pas pour de la merde ». Je laissais glisser l'insulte sans me vexer. Je savais qu'elle n'était pas dirigée vers Noa, et donc  pas vers moi. Lorenzo était simplement jaloux, et cela était un sujet qui trainait depuis des années et pas uniquement en raison du traitement différents de nos copines respectives.

En qualité d'ainés, nos parents avaient toujours été plus sévères avec lui qu'avec nous. Aujourd'hui encore, Lorenzo se servait de cette excuse pour obtenir ce qu'il considérait comme lui revenir de droit. Pour mettre fin à ses gémissements, maman prit le temps d'appeler Célia pour la convier à une journée spa/shopping entre dames.

Sur Arthur, l'effet était moins négatif. Célibataire, il n'avait pas de point de référence pour mesurer la différence de traitement. En revanche, il était agacé d'entendre parler de cette Noa, qu'il ne connaissait pas. Il avait donc négocié avec fermeté pour la rencontrer. J'avais tenté de repousser un peu plus ce moment sans succès. Alors que nous prenions le temps de déjeuner ensemble comme toutes les semaines depuis que nous ne vivions plus dans la même maison, j'avais glissé par mégarde que la chanteuse se trouvait chez moi. Arthur avait décidé unilatéralement de me raccompagner à l'appartement, pour le « café ».

Comme nous nous étions retrouvés directement au restaurant, lui avec sa moto, moi avec ma voiture, il arriva plus vite que moi dans le couloir de l'appartement. Je me tenais derrière lui quand il ouvrit la porte d'entrée.

-Noa, il hurla dans l'entrée non éclairée.

J'entendis les pas de la chanteuse se rapprocher de nous. Elle apparut dans l'entrée et monta sur la pointe de ses pieds pour embrasser Arthur sur les lèvres. Le geste ne dura que quelques secondes avant qu'elle ne se recule.

-Tu n'es pas Charles, elle dit tout en se reculant pour allumer la lumière.

Quand la lumière blanchâtre du plafonnier fit son apparition dans le hall, le regard de Noa se balada entre les joues rouges d'Arthur et mon regard noir :

-C'est gênant, elle adressa la situation sans elle-même ressentir la moindre gêne.

-Si j'avais su que c'est ainsi que t'allais m'accueillir, je serais venu plus tôt.

-Oh bébé, je couche déjà avec ton grand frère. Je sais que ça ne voit pas, mais j'ai tout de même une conscience.

Arthur s'apprêta à lui répondre, mais je l'interrompis, agacé par le baiser, par le ton séducteur qu'avait pris Noa, et surtout par le fait que je me trouvais toujours à moitié dans le couloir et qu'elle ne semblait pas s'intéresser à moi.

-Bon Arthur, tu bouges, je dis durement. C'est même pas drôle.

-Un peu quand même, il me dit avant de porter son attention sur Noa. Si sensible, comment tu fais pour le supporter ?

-La belle gueule.

Cette fois, son regard m'accrocha pour ne jamais me lâcher, et contrairement à ce que sa bouche venait de dire son regard me signifiait que cela, n'avait rien avoir avec ma belle gueule, comme elle disait. De son côté, Arthur avança dans le hall jusqu'à se trouver derrière Noa pour me permettre de faire de même et surtout fermer la porte d'entrée de l'appartement. Avant de disparaitre dans le salon, Arthur, toujours dans le dos de Noa, pointa un doigt dans sa direction avant de mimer le signe ok à l'aide de sa main dans ma direction.

La Prima DonnaWhere stories live. Discover now