Chapitre 33

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Point de vue Noa Nianga

Nice, Mai 2022

Quand j'arrivais sur Nice, Ezrah m'attendait à l'aéroport avec son camion. Je refusais de perdre une seule seconde. Nous nous rendîmes directement chez Charles ou je récupérais mes affaires puis nous fîmes la même chose avec mon appartement monégasque. Le plus ironique dans cette histoire c'est que j'avais déposé mon préavis moins d'une semaine plus tôt, car je devais officiellement m'installer chez Charles. Je n'avais donc véritablement aucune raison de rester à Monaco.

C'est totalement fourbu de fatigue et le cœur brisé que je finis par m'effondré dans le lit de la chambre d'amie d'Ezra. Encore une fois, je réalisais à quel point j'étais chanceuse de pouvoir compter à ce point sur ma famille. J'eus l'impression de ne passer que quelques heures, en réalité je ne sortis pas de la chambre pour faire autre chose que boire de l'eau pendant trois jours.

C'est donc au bout de ce troisième jour que je décidais pour terminer d'émerger de cette alternance entre crise de larmes et sommeil de prendre une douche. Je n'avais pas le choix que de revenir à la vie. J'avais toujours une tournée à assurer. Heureusement d'ailleurs cela me donnait une motivation pour ne pas m'apitoyer sur  mon sort. 

-Comment tu te sens ? demanda Sarah alors que j'apparaissais dans la cuisine.

Je me contentais d'acquiescer d'un signe de la tête de peur d'entendre le son de ma voix. Il y avait ça aussi. Toutes ces larmes m'avaient sans doute fait perdre la voix, il était donc plus que temps que j'y mette un terme. Je tentais de passer du déni à la dépression pour atteindre l'acceptation sans passer par le marchandage et encore moins la colère. Il ne méritait ni la vérité  ni ma colère. J'allais passer à autre chose. La vie m'avait fait pire, l'avenir me réservait mieux.    

Je n'avais pas d'autre choix que d'y croire.

Parce qu'autrement. Autrement c'était ce putain de poids sur ma poitrine, c'était ma respiration difficile et ces hauts le cœur qui me pliaient en deux. Et puis le froid, comme si des blocs de glace tout entiers s'étaient infiltra dans mon sang pour se répandre dans chacune de mes cellules. Ce froid si glaçant qu'il en était devenu brulant de peine. Et ça, ça me donnait juste envie de crever.

Jamais je n'aurais pu croire si on m'avait dit qu'on était capable d'avoir aussi mal. Maintenant, je savais et putain, ça donnait juste envie de crever. Le plus con, c'était que cela voulait aussi dire que c'était à son point là que je l'aimais.

À en crever.

À quel point c'était malsain ? C'est pas équilibré d'aimer comme ça. Le pire, je ne l'avais pas contrôlé, je ne m'en étais pas rendu compte.

Vous comprenez ? Pourquoi j'ai pas le choix que d'y croire ?

La vie m'avait fait pire, l'avenir me réservait mieux.

Je devais m'y accrocher avec toute la force de mon 1m66. Et putain que j'étais heureuse d'être une petite conne hargneuse. J'allais jamais lâcher.

-Ok, si tu ne veux pas me parler, mais rallumes au moins ton téléphone, beaucoup de gens sont inquiets.

Elle déposa une caresse sur mon visage avant de quitter la pièce.  Effectivement, il allait falloir que je le rallume. Mais j'allais prendre le temps de boire un café d'abord. Un café avec beaucoup de miel et de lait.

-Oui Art,

-Putain, enfin tu réponds.

Je n'avais même pas réfléchi, je l'avais à peine rallumé que mon téléphone c'était à sonner. J'avais décroché par réflexe.

-Déso, tu as besoin de quelque chose.

-Est-ce que j'ai besoin de quelque chose, il répétât d'un ton défait. Qu'est-ce que tu fais Noa ?

-Après notre conversation, j'ai l'intention de trouver un box pour mes affaires, encore que Ezrah a peut-être de la place pour moi. Ensuite, il faut que je vois si Nathan peut m'héberger le temps que je me trouve un nouvel appartement. Tu vois, une journée complète.

-Je disais pas ça littéralement. Et me dis pas que t'as déjà récupéré tes affaires, il souffla longuement avant de reprendre. S'il te plait, ne prends pas de décisions précipitées. Je... il... Il t'aime Noa. Comme un fou, si tu le voyais en ce moment, son week-end a été merdique.

-Art, je dis tout document. Il faut que tu comprennes quelque chose si tu veux que l'on continue d'avoir une relation toi et moi. Et c'est ce que je veux, je t'aime Art. Ce que tu dois savoir, c'est que je me fous de comment il va ou de comment c'est passé son week-end. À l'instant où il a décidé de me jeter de notre chambre d'hôtel, ça a cessé d'être mon problème.

-Ouais, si tu veux, je vais te croire.

Comme un pique de glace, sa remarque me traversa. Sa violence ? Elle venait du fait que rien dans son ton ne laissais de doute quant au fait qu'il ne me croyait pas. Et il avait raison de ne pas me croire. L'idée que Charles puisse se sentir mal me brulait le cœur. Il avait repris sa confiance en moi et détruit ma confiance en lui.

-Art, je murmurais comme pour lui confier un secret sans en prononçait les mots.

-Ok, il répondit en soupirant pour marquer qu'il avait compris.

J'avais besoin de ce déni.

-On va dire que je suis content de découvrir que t'es toujours en vie, il reprit. On se voit quand ?

-Quand tu peux, je prenais en compte son calendrier chargé.

Nous prîmes congé l'un de l'autre, en nous promettant de nous appeler rapidement. Je n'avais pas tout perdu, lui, il était toujours là. La pensée me réchauffa, la vie m'avait fait pire, l'avenir me réservait mieux.

Le mieux ne se fit pas attendre très longtemps. Je venais à peine de mettre un terme à ma conversation avec Arthur que mon téléphone vibra à nouveau et cette fois il s'agissait de mon agent. J'oubliais parfois que mon agent Catherine avait été à l'école avec Clément et qu'ils étaient tous deux faits du même bois. Des connards fini. Ce qui chez Catherine en faisait un avantage. Elle ne renonçait à rien et poussait toujours plus pour obtenir mieux et cette fois à nouveau elle ne le laissa pas tomber :

-Qu'est-ce que tu me réponds si je te dis 80 000 hôtel cinq étoile et billet d'avion compris ?

-Monaco ?

-Yes! Par moment, je m'étonne moi-même. Bon l'hôtel et les billets d'avion c'était surtout sur le principe je suppose que tu seras déjà à Monaco avec ton pilote.

Le bloc de glace pressa mes entrailles.

-En réalité, le pilote et moi avons pris des chemins séparés donc l'hôtel et les billets d'avion seront utiles.

-Est-ce que cela veut dire que tes week-ends de grand prix sont désormais libres ? Parce que tu as le vent en poupe en ce moment, je peux te trouver d'autres concerts privés ?

Yep, Catherine était une connasse qui prenait 10% de commission sur chacun de mes jobs. Au moins, notre relation était claire, je savais à quoi m'en tenir avec elle ce qui n'était pas nécessairement une mauvaise chose. Ça la rendait peut-être un peu cruelle, mais je supposais que cela l'indifférait il y avait son travail et puis il y avait le reste.

Le reste j'y avais droit, car cela faisait plus de sept ans que nous bossions ensemble :

-Au fait, elle ajouta sur le ton de la conversation. T'es merveilleuse ma belle, c'est lui qui perd dans l'histoire.

Elle le pensait, mais je doutais que cela soit vrai. J'avais perdu également dans cette histoire et le poids sur mon plexus solaire continuait de me le rappeler.

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